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Bee Gees…

Publié le 16 mai 2021 par Ivanoff @ivanoff

C’est la fin d’après-midi d’un dimanche tout gris. Une journée tristement douce qui s’étire avec la mélancolie d’une chansons des « Bee Gees »... Je n’avais pas encore vingt ans, une vie devant moi, que j’imaginais peut-être encore aussi aimable que leurs rimes romantiques. Que de vallons parcourus sous l’averse ou le cagnât… Étonnée et heureuse d’être presque arrivée au bout de ce long périple, même si chaque seconde de ma vie fut, sans exception aucune, une aubaine inouïe, une expérience prodigieuse. Mais que devient-on sans les somptueux levers de soleil, sans les arcs colorés qui illuminent le ciel après que la pluie l’ai copieusement rincé ?… Que fait-on des « je t’aime » qu’on n’a pas assez dit ou de ceux que la pudeur a retenus ? Où vont les caresses qui sont restées dans nos mains ? Mes chéris, à quoi vont servir mes bras inertes qui jamais plus ne pourront vous serrer contre moi, vous souviendrez-vous de mes tendres étreintes ? Une vie ce n’est rien et c’est beaucoup, le comprendrez-vous à temps pour n’avoir rien à en regretter ?…

C’est une fin d’après-midi mélancolique, comme les chansons des Bee Gees… Tant d’années se sont déjà déposées sur mon âme qu’elle a pris les couleurs mordorées d’un automne qui s’est attardé. Que devient-on dans le froid qu’aucun brasier ne peut plus apprivoiser ?… Est-ce vous qui me réchaufferez avec les souvenirs que je vous aurais tendrement dessiné tout en faisant avec vous ce bout de chemin ? Croyez-vous vraiment que m’en allant je vais vous oublier, vous que j’aurai à jamais enlacés ?

La clarté décline, la nature frissonne et se fige avant de s’endormir dans la nuit qui recouvre tout ce qui l’instant d’avant semblait si vivant… Cette chanson des Bee Gees… Peut-on encore, dans le noir, écouter les musiques qu’on aimait fredonner ?… Les écouterez-vous parfois en soupçonnant une silhouette familière à vos côtés ?… Comment se passe t’on de lumière quand tout s’est éteint, me laisserez-vous quelque part une bougie, une lueur dans ce couloir où je dois m’avancer seule à l’ombre de ma vie ?… Comment marche t’on sans trébucher les yeux fermés ? Où sont les cailloux qu’on a semé pour ne pas s’égarer ?… Est-ce l’Amour qu’on a donné sans compter qui nous guidera et éclairera l’aurore de cette nouvelle odyssée ?…

La nuit est tombée, il ne reste, dans le noir, qu’un murmure dans lequel je vais m’assoupir, une berceuse des Bee Gees… Quels rêves fait-on quand on s’endort pour si longtemps ? Peut-être celui de découvrir là-bas, de l’autre côté du miroir, une de ces fin d’après-midi lumineuses dont le printemps a le secret, et peut-être aussi cette musique aux notes romantiques sur les quelles se déhanchaient nos jeunes années, celle des Bee Gees…

A mes enfants et petits-enfants.


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