Le journal du professeur Blequin (159)

Publié le 21 mai 2021 par Legraoully @LeGraoullyOff

Lundi 17 mai

9h15 : Après un week-end de l’Ascension sans histoires, je suis réveillé par un SMS de ma tante me souhaitant un bon anniversaire. Et oui, j’ai 33 ans aujourd’hui… Certaines personnes diraient que j’ai l’âge du Christ, mais je préfère me dire que j’ai l’âge de Bruno Carette. J’espère quand même vivre un peu plus longtemps : il me reste tellement de choses à faire… En tout cas, je me réjouis d’être encore chez mes parents à l’heure actuelle : il aurait été vraiment trop déprimant de rester seul un jour pareil…

Mardi 18 mai

14h : Je colorie quelques dessins, non sans une certaine appréhension. En fait, mon erreur, jusqu’à présent, avait été de ne pas suffisamment humecter le papier avant d’y étaler les encres colorées : il faut mettre de l’eau sur TOUTE la surface à colorier d’une certaine manière et non pas seulement sur quelques points comme je le faisais jusqu’à présent ! Résultat : j’obtiens enfin les aplats propres, nets et lisses que je cherchais depuis des années… La vie d’artiste est un continuel apprentissage.

Mercredi 19 mai

9h30 : C’est aujourd’hui que les terrasses et les salles de cinéma rouvrent enfin. Je ne vais cependant pas en profiter tout de suite : le cinéma, je n’y vais que quand sort un film dont le sujet me passionne et encore, pas toujours. Les terrasses ? Le temps est pourri et je suis toujours à Guilers où il n’y a que des bistrots pour turfistes buveurs de pastis et électeurs de Pierre Ogor ; j’en suis quitte pour prendre l’apéro avec mes parents… On pourrait se demander de quoi je me plaignais jusqu’à présent étant donné que les restrictions qui sont en train d’être levées visaient des libertés que je ne prenais pas : je répondrais que la liberté, c’est le droit de faire OU DE NE PAS FAIRE quelque chose ; je suis libre quand je choisis de ne pas faire quelque chose, pas quand l’Etat m’oblige à ne pas le faire ! J’ai horreur des betteraves, mais je n’accepterais pas pour autant que le gouvernement m’interdise d’en manger, d’autant que je n’oublie pas que je ne suis pas seul sur Terre et que mon droit de ne pas faire quelque chose doit supposer le droit de le faire pour ceux qui aiment ça. Bref, j’estime que ma liberté ne serait pas complète si elle devait s’épanouir au détriment de celle d’autrui : c’est clair ?

Jeudi 20 mai

10h30 : Comme presque chaque matin depuis quelques semaines, et malgré une météo passablement ingrate pour la saison, je fais mon tour dans la campagne environnant Guilers. Brusquement, marchant sur une route asphaltée qui serpente sous les frondaisons, je vois une voiture me dépasser et JE NE L’AVAIS PAS ENTENDUE ! Certains y auraient vu un phénomène paranormal, mais l’explication est simple : le vent soufflait si fort que son bruit, additionné à celui des feuillage qu’il remuait, a tout simplement couvert le bruit du moteur de cette automobile… Heureusement que la conductrice du véhicule était prudente, faute de quoi je ne serais pas là pour le raconter !

Vendredi 21 mai

15h30 : Plus que quatre fois dormir et je réintègre mon appartement. Je suis un peu triste de quitter mes parents qui ont été adorables, mais je sais que je les reverrai et puis il faut bien que je reprenne ma vie. Et de ce côté-là, le programme s’annonce déjà chargé : un colloque, une expo collective, des commandes à honorer, des albums à livrer et même les cours aux Beaux-arts qui reprennent dès le 25… Jusqu’à présent, je me plaignais presque de trouver le temps long, mais là, je trouve que ça va déjà un peu trop vite…