« C’est pareil pour tout le monde ! » J’ai toujours détesté cette phrase qui, bien que censée calmer mes angoisses, ne fait que les exacerber en me confirmant qu’il n’y a aucune échappatoire et que je dois subir les mêmes avanies que des gens pour lesquels je n’ai que mépris ! Quand j’étais collégien, il arrivait parfois qu’à cause d’un contretemps quelconque, nous ne savions plus exactement dans quelle salle du bahut nous devions nous rendre : cette incertitude suffisait à me faire paniquer et mes « camarades » pensaient me rassurer en me disant « ah ben on est tous dans le même cas », comme si ça devait me réconforter d’être dans la même situation que ces jemenfoutistes qui me jetaient des bouts de gomme entre deux bavardages… Encore aujourd’hui, c’est peut-être de l’orgueil déplacé, mais j’avoue que j’ai bien du mal à accepter d’être dans la même merde que des mongolitos fans de foot et électeurs du RN…
Si encore il était exact que « c’est pareil pour tout le monde »… Mais je t’en fous ! Déjà, à l’échelle de notre fichue planète, regardez vous-mêmes : non seulement la pandémie n’a pas frappé partout avec la même intensité mais il est évident que tous les pays n’avaient pas les mêmes moyens d’y faire face. La situation dans nos hôpitaux français, même si elle a souvent été (très) tendue, n’a eu aucune commune mesure avec ce qui se passe actuellement en Inde ou, plus près de chez nous, en Algérie où les hôpitaux sont si désargentés que les malades doivent avoir l’impression d’être soignés dans un chantier de fouilles archéologiques… Et même à l’échelle de nos villes françaises, ce n’est pas du tout « pareil pour tout le monde » ; pour ne parler que de mon cas, j’habite en HLM, je n’ai donc pas vécu le confinement aussi agréablement que ceux qui disposent d’un jardin voire habitent à la campagne… De surcroît, étant un artiste de peu d’envergure, j’ai vitalement besoin d’aller à la rencontre du public pour faire connaître mon travail et le monnayer : j’ai donc passé des mois sans pouvoir travailler pendant que les footballeurs professionnels, eux, pouvaient continuer à accumuler les millions en tapant dans une sphère en cuir…