La moule de bouchot, la meilleure, celle qui grandit sur des pieux de bois plantées en mer, ne parvient pas à croître décemment dans les fraiches eaux de la Manche. C’est pour cela que des mytiliculteurs bretons, venant en ligne droite du 35 voire du 22, chouchoutent les nourrissons dans le pertuis d’Antioche, c’est-à-dire entre l’île d’Oléron et l’île de Ré, et même plus précisément dans l’anse de la Malconche, sur la commune de Saint-Georges-d’Oléron. Chaque hiver, ils viennent poser les cordes garnis de naissains, puis, au printemps, ils repartent avec les minusculissimes moules, lovées dans les cordes, pelotonnées dans des paniers, puis hissées vers le grand nord lointain des latitudes extrêmes, du style 48°N voire au-delà. L’affaire n’est pas simple car il faut faire vite : entre le moment où la mer est suffisamment basse et celle où elle remonte, le temps est court. L’affaire est d’autant plus sportive que l’eau est fraiche : cette année, au milieu du mois de mai, il faisait encore parfois franchement froid sur la grève, alors, dans l’eau …
Photos réalisées mi-mai 2021 à Saint-Georges-d’Oléron (17)