Mon cher Victor,
Hier soir, j'ai eu une discussion fort intéressante avec quelqu'un (oui, cette fois, c'est bien toi !) qui... Avec moi ? Hier soir ? Non, pas avec toi.
Avec quelqu'un d'autre, qui lira sans doute ces lignes. Qui donc ? Je ne peux pas te le dire, c'est mon petit secret ! Pfff... Tu n'es pas drôle ! Mais je n'insiste pas. Sur quoi portait cette conversation ? J'ai le droit de le savoir, ça, au moins ? Nous parlions du bonheur.
Vaste sujet !
Je lui disais que je n'avais sans doute pas une nature au bonheur. Tout de suite les grands mots ! Non mais c'est vrai ! Tu sais comment je suis ! Je
me pose toujours tout un tas de questions sur la vie, l'amour, mes relations aux autres... Quitte parfois à gâcher ces dernières ! Oui, c'est vrai. Je
m'en rends compte aujourd'hui. Je n'ai pas su profiter d'instants parfaits, ou plutôt, qui auraient pu l'être si je n'avais pas à tout prix cherché à les comprendre. Toujours ta foutue tendance à tout analyser ! Qu'est-ce que tu veux, je ne vais pas me refaire ! Je ne dirais pas que j'ai connu le bonheur, mais j'ai connu des
moments magiques qui ne m'ont pas tourné la tête alors que j'aurais dû les laisser m'enivrer. Je sais que l'éternité n'existe pas en amour, mais il existe des minutes, dans la vie, où on la
touche du bout des doigts, où on la frôle. Il faut savoir les reconnaître, les respecter, et les respecter assez pour les laisser prendre toute leur place. Je ne sais pas faire ça.
Tu peux sans doute rectifier un peu le tir, quand même ! Si tu es capable de prendre du recul par rapport à cela, sans doute seras-tu également capable de
modifier quelque peu ton attitude ! Oui, certainement. Il est vrai que ma déconfiture avec Johan doit y être pour beaucoup... Et je sais que j'essaierai, avec le prochain homme de ma
vie, de m'en souvenir, afin de ne rien gâcher des instants précieux que je serai amenée à vivre. Profiter. Pendant que je peux. Oui, parce que ce n'est pas une
fois que l'autre est parti que l'on peut commencer à en profiter ! Au fond, une rupture, ça sert à ça... A quoi ? A prendre conscience de
ses défauts, à essayer de les rectifier. Attention, je ne pense pas que tu parviendras pour autant à t'ancrer complètement dans le présent ! Je crois
malheureusement que quand on a une nature comme la tienne, on ne change pas. D'ailleurs, peut-on jamais vraiment changer ? J'imagine que non.
Bref. Tout ça pour dire, mon petit Victor, que je tente aujourd'hui d'envisager la vie avec plus de sérénité. De profiter des petits plaisirs qu'elle m'offre. Et j'y parviens mieux que ce que je
pensais. Ca me réjouit. Car cela signifie que la grande claque que m'a administré Johan n'aura pas servi à rien, et m'aura permis de prendre conscience de tout un tas de choses qu'il ne m'aurait
pas été permis de réaliser sans cette rupture. Je serais sans doute restée dans mon petit bonheur éternellement insatisfait. Ah, parce que maintenant, tu admets
que tu étais insatisfaite ? Oui ! C'est bien, c'est bien... On avance ! N'est-ce pas ? Je ne suis pas mécontente de moi ! Je comprends de
mieux en mieux l'expression "travailler sur soi-même". Cela demande beaucoup de temps. Il m'en faudra sans doute beaucoup, encore, mais c'est nécessaire. Avoir rompu me permet de mieux me
connaître. De comprendre mes travers. Ou du moins quelques uns... Parce que tu en as un sacré paquet ! Merci, Victor, encourage moi !