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Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Publié le 08 juillet 2021 par Scriiipt
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

En septembre 1939 lorsque la guerre éclate, la famille préfère s'éloigner du front et retourne habiter à Nice. Marguerite, qui entend souvent son père pester car il n'a pas eu de fils qui aurait pu partir en guerre, s'engage alors comme élève assistante sociale.

Marguerite est née le 24 octobre 1920 à Strasbourg. Marguerite Petitjean commence des études au lycée de Strasbourg mais, sa mère étant tombée malade et son père ayant pris sa retraite, la famille quitte sa région natale pour Nice où elle va habiter une villa des beaux quartiers du nord de la ville. Les Petitjean conservent des liens forts avec le reste de la famille restée en Alsace. Après avoir obtenu son certificat d'études secondaires en 1937, elle s'intéresse un temps au dessin et suit même des cours à l'École municipale de dessin de Nice. Par la suite elle continuera cette pratique en loisir.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

En septembre 1939 lorsque la guerre éclate, la famille préfère s'éloigner du front et retourne habiter à Nice. Marguerite, qui entend souvent son père pester car il n'a pas eu de fils qui aurait pu partir en guerre, s'engage alors comme élève assistante sociale. Elle va faire trois années d'études. La première année elle est affectée à l'Hôpital complémentaire de Pasteur, à Nice en qualité d'infirmière. Mais lorsque l'Armistice est signé, l'hôpital est évacué. La mère de Marguerite décède durant l'exode en mai ou juin 1940.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Les relations avec son père, qui étaient déjà tendues, vont alors devenir très compliquées. Elle n'a pas oublié ses paroles concernant son regret de ne pas avoir de fils qui lui aurait pu s'engager et agir contre les Allemands. Elle va les garder en tête, comme un défi.

Débuts dans la Résistance et départ pour le Maroc

La jeune femme, très patriote, a déjà choisi son camp et est une gaulliste convaincue. En 1941 elle fait la connaissance de Nicole Bruières, une jeune infirmière étudiante qui fait partie de la Résistance. Elle confie ses premières missions à Marguerite : transporter des tracts partisans et distribuer des exemplaires du journal clandestin Libération.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

L'activité n'est pas sans risque ; suite à une dénonciation en juillet 1941 elle est arrêtée et effectue deux courts séjours en prison, avant d'être relâchée grâce à l'intervention de son père. En février 1942 elle obtient son diplôme qu'elle passe à Marseille.

Mais Marguerite ne se plaît pas en France. Elle trouve que les évacués d'Alsace et de Lorraine sont assez mal reçus dans le midi et, consciente que quelque chose peut se passer en Afrique du Nord, elle va bientôt choisir de rejoindre le Maroc. Grâce à son amie Nicole, elle obtient des contacts avec des organisations résistantes.
En avril 1942 elle part pour Casablanca pour occuper un poste d'assistante sociale au sein de l'Armée de l'Air, à l'Atelier Industriel de l'Air.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Par l'intermédiaire du Colonel Vincent, président de l'Association des Alsaciens Lorrains, elle retrouve la Résistance et devient agent de liaison, boîte aux lettres, et fait également un peu de renseignement. Mais en août 1942 elle est à nouveau inquiétée.

Le commandant Pélabon chez qui elle loge, résistant lui aussi, est découvert et s'enfuit à Gibraltar, territoire britannique. Les agents de la sûreté de Vichy vont interroger la jeune femme, à plusieurs reprises et assez durement, au point qu'elle s'en sortira tout de même avec un traumatisme crânien...

Fuite à Alger puis à Londres

En novembre 1942 les Alliés débarquent en Afrique du Nord (AFN). En France, les Allemands franchissent la ligne de démarcation et occupent désormais tout le territoire. Marguerite, elle, part pour Alger et retrouve le commandant Pélabon, désormais chef de l'antenne du Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA) en AFN.

Elle s'occupe de la propagande gaulliste pour le Maroc. Le 27 septembre 1943 Marguerite Petitjean quitte Alger par avion pour rallier Londres. Le 8 octobre suivant elle signe aux Forces Française Combattantes (FFC) du BCRA de la capitale anglaise.
Elle demande à devenir agent de terrain en France.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Soldat de 2e classe elle suit dès lors les formations dispensées par la Royal Air Force et effectue de longs stages de parachutage, de close-combat ainsi que la formation théorique proposée aux futurs agents secrets envoyés en mission en zone occupée. " Intelligente, imaginative, travailleuse, ayant de l'autorité, déterminée, ayant le sens de l'humour " sont les qualificatifs, plus que positifs, employés par ses instructeurs pour la définir lors des évaluations.

Le colonel Maurice de Cheveigné, radio-opérateur puis collaborateur un temps de Jean Moulin, la remarque et la sélectionne pour être courrier dans une organisation en France. Alors que s'ouvre l'année 1944 elle est prête à être envoyée en mission sur le terrain. Entre-temps elle aurait auparavant participé à une tentative de faire évader Moulin, après son arrestation le 21 juin 1943 et avant sa mort en juillet en Moselle.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Marguerite, alias " Binette ", en mission sécrète en France

La jeune femme de 23 ans est parachutée la nuit du 29 au 30 janvier 1944. Sa mission est d'œuvrer comme officier de liaison aux côtés d'Yvon Morandat, alias " Arnolphe ", chargé par de Gaulle de faire la liaison avec les syndicats et les partis français et de les préparer au Débarquement. Marguerite travaille comme adjointe au responsable atterrissages parachutages. Marguerite, alias " Binette ", est la première femme du réseau action du BCRA à sauter en parachute en France occupée ! Au total, elles ne furent que six femmes parachutistes...

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Frances Green, Margaret Kirchner, Ann Waldner et Blanche Osbor, pilotes du Service de pilotes féminines de l'Armée de l'air des États-Unis (1944).

Maintenant qu'elle est en France, Marguerite peut mener à bien sa mission. Outre ses fonctions d'officier de liaison, elle participe à de nombreuses opérations de sabotage avant et après le Débarquement du 6 juin : il s'agit d'empêcher l'ennemi d'utiliser les ponts et de porter atteinte aux centrales électriques, de gêner les unités allemandes qui voudraient rejoindre la Normandie. Elle devient la première femme du réseau Action du BCRA à être nommée Déléguée Militaire Régionale Adjointe de la Région 2 ou " R2 ", c'est à dire le quart sud-est, sa base étant à Marseille. Son action entre Cannes, Nice, Antibes et la cité phocéenne est très efficace, au point que bientôt, elle est activement recherchée par la Gestapo qui met sa tête à prix. Blessée au cours de l'une de ces opérations, elle est capturée par deux soldats à qui elle réussit à fausser compagnie. Elle s'enfuit en Espagne en passant par les Pyrénées.

Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante
Marguerite « Binette » Petitjean – une résistante

Nommée capitaine, elle reçoit à l'âge de vingt-trois ans la Légion d'Honneur et la Croix de guerre, plusieurs fois, pour actes de bravoure. Elle est même décorée par le Général de Gaulle en personne. Revancharde, elle envoie sa Légion d'Honneur à son père pour lui prouver qu'elle peut faire au moins aussi bien qu'un homme. Lui-même a reçu cette décoration à l'âge de vingt-cinq ans...

Pour Achtung!Cthulhu

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