Avec ses pieds de bouc et ses cornes, le dieu grec Pan peut paraître comique. Mais quand on le regarde de plus près, on n’a plus trop envie d’en rire. Il ferait plutôt peur.
Pan est le protecteur des bergers et des troupeaux (représentant symboliquement la Nature). Il existe à son sujet plusieurs hypothèses de filiation, qui en font le fils de Hermès ou de Zeus : dans tous les cas de figure, un VIP.
Pan est présenté comme le dieu de la foule, et notamment de la foule hystérique, en raison de la capacité qui lui était attribuée de faire perdre son humanité à l'individu, et de le conduire à déchirer, démembrer, éparpiller son idole. C'est l'origine du mot « panique », manifestation humaine de la colère de Pan. Le mot était d’abord un adjectif (« peur panique ») pris ensuite comme nom.
Pablo Picasso, La flûte de Pan (1923).
Image Musée Picasso
Mais il ne faut pas oublier qu’en grec, le nom de Pan (Πάν) signifie « tout » : c’est l’origine du préfixe utilisé en français pour donner l’idée d’ensemble, de rassemblement, de totalité. Pan est le dieu de la totalité, de la Nature tout entière. Au sein de la tradition orphique, il en est le dieu unique.
« Le dieu cornu troublait l’esprit, car en lui se condensait la sexualité bestiale sans frein et de surcroît contagieuse ; de ce fait, Pan était capable de tout. Son nom qui signifie « tout » lui fut donné par les dieux, non seulement parce que tous les êtres vivants lui ressemblent dans une certaine mesure par leur avidité, mais aussi parce qu’il incarne l’énergie génétique qui anime l’univers, qui est le tout de la vie, son origine même. » (Jacques Brosse, Mythologie des Arbres.)
Pan a aussi inspiré les artistes. Le premier roman de l’écrivain fantastique gallois Arthur Machen, Le Grand Dieu Pan (1894), eut une grande influence sur H. P. Lovecraft.
L'Après-midi d'un faune est un poème en cent dix alexandrins de Stéphane Mallarmé, publié en 1876, avec des illustrations d'Édouard Manet. Il s'agit du monologue d'un faune qui évoque les nymphes et la nature qui l'entoure. Le poème a été mis en musique par Claude Debussy : c’est le Prélude à l'après-midi d'un faune, sur lequel Nijinski a créé une chorégraphie en 1912.
(Le faune est la version romaine du satyre, créature de la mythologie grecque. Les satyres, associés aux ménades, forment le « cortège dionysiaque » qui accompagne Dionysos. Ils peuvent aussi s'associer au dieu Pan.)
Fuligineuse