J'aime bien, parfois, aller lire des blogs ultra-communautaires.
Si, c'est vrai.
Pas tous les jours, parce que j'ai pas encore d'ulcère et que je voudrais bien que ça dure un peu.
Mais de temps en temps.
De temps en temps, je surfe sur des blogs ultra-socialistes qui ne parlent que de la bataille du PS, des blogs ultra-homos qui ne parlent que de mariage, d'adoption et d'homophobie, des blogs ultra-juifs qui ne parlent que d'Israël, des blogs ultra-arabes qui ne parlent que de la Palestine, et puis des blogs ultra-africains qui ne parlent que de la colonisation et de la Traite Négrière.
Quelque part, et même si c'est paradoxal, ça me repose les neurones.
Au moins, pendant que je lis des conneries communautaristes, je suis pas en train de serrer les fesses en pensant à la loi SRU, à l'affaire Tapie, à l'exil monégasque d'un cuistot de merde, au trou de la Sécu, à la réforme de la Constitution, à la RGPP et à mon hypocondrie chronique.
Alors voilà.
J'ai envie de remercier très chaleureusement et très sincèrement les cons, tous les cons, sans exception, qui mettent un petit rayon de soleil dans ma journée quand mon moral tombe au niveau des comptes de la Société Générale.
Merci aux décérébrés de la Ligue de Défense Juive et du Betar, ainsi qu'à tous leurs sympathisants qui parcourent le Net sans relâche afin de proclamer la supériorité du "Peuple Élu" et d'appeler à caillasser à peu près tous les Arabes de France, de Navarre et de Palestine.
Merci aux Kémites et autres ramollis du bulbe à fort taux de mélanine de me jouer régulièrement un excellent remake de Stargate, et merci à tous leurs amis de bien me faire rigoler avec leurs délires mystico-sectaires qui ont le bonheur de faire passer Raël pour un mec parfaitement saint d'esprit aux théories presque crédibles.
Merci aux intégristes gay d'élever l'homosexualité au rang de cause politique majeure, voire de religion. Si y'avait pas les coupeuses de couilles obsédées par la lesbophobie et les fanatiques de la bite en tant que symbole de rédemption, on pourrait presque croire que les homos sont des gens comme les autres, et on se ferait bien chier.
Merci aux petits nazillons de la putosphère, amis des curés intégristes pédophiles, grands admirateurs de Pie XII, sympathisants de la Milice et lecteurs occasionnels de Robert Brasillach. Va falloir en remettre un coup, les gars, votre parti politique préféré est en faillite, allez hop, on se sort les doigts du cul et on met la main à la poche.
Merci aux islamistes, aussi, quand même, qui entretiennent avec soin la mémoire d'une partie non négligeable de la culture livresque en présentant régulièrement sur leurs sites des extraits des Protocoles des sages de Sion et de Mein Kampf, et merci à tous les petits alter-gaucho-mon cul sur la commode qui les encensent, persuadés d'avoir enfin retrouvé les Damnés de la Terre sous la burka.
Merci à tous ces paumés, donc, d'égayer parfois mon quotidien avec leurs théories du complot, leurs complexes de supériorité, leurs petites diarrhées plumitives antisémites islamophobes ou négrophobes (c'est selon), leurs tambouilles bien réjouissantes qui mélangent joyeusement complot interplanétaire, 11 septembre, Palestine et prix de la betterave, leur mythologie rafraîchissante qui m'évite de me fader la enième saison d'X Files à la télé, et la puanteur de leurs écrits truffés de fautes d'orthographe qui me permettent de jouer à la Dictée de Pivot sans avoir à m'inscrire.
Merci d'avoir fait d'Internet une immense ménagerie fort distrayante, dans laquelle j'aime me promener quand je suis désoeuvrée, un peu comme on va au zoo de Vincennes le dimanche après-midi pour se foutre de la gueule des babouins à cul rouge.
Si quelqu'un a trouvé le moyen d'inventer le sachet de cacahuètes virtuel, merci de me contacter.