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Transparence

Publié le 31 juillet 2008 par Damien Ravot

BONNE LECTURE

I'll be giving a Bion  seminar Aug 9 Sat 10-1 in San Francisco. Anyone here from the West Coast? Anyone have friends on the West Coast who would like to attend?

The seminar will be  on Cogitations, pp. 216 - 224:  The attack on

the analyst's alpha function.

The seminar will be on psychotic and creative processes.

Will  be happy to send a copy of these pages to anyone who attends

and doesn't have the text.

Contact Sue  Saperstein to sign up:

[email protected]

You can also contact me with questions about what we'll be doing:

[email protected]

Mike Eigen

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QUI VEUT LA PEAU DE PAPA FREUD ?

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Le talent de Voutch avait anticipé le mouvement il y a déjà plusieurs années… :-)

Récemment je me suis permis d'intervenir çà et pour manifester mon soutien à Jacques-Alain Miller dans sa lutte contre Monsieur Accoyer et consorts.
Pour paraphraser l'excellente formulation d'Alain Badiou : mais de quoi Accoyer est-il le nom, au juste? Le sait-il lui-même?
Ce débat, qui peut sembler un brin fumeux aux blogueurs non-avertis, se trouve en partie résumé dans l'échange de mails que j'ai eu avec un ami américain à ce propos:

"Cher Christian,
J'ai lu (attentivement) l'article et les réactions.
J'ai un problème ! Ne connaissant pas DU TOUT le sujet, j'avoue que je n'ai pas bien compris… De quoi s'agit-il au juste ? De "règlementer" la profession? De la mettre sous contrôle public ? De surveiller les gens ?… Pouvez-vous m'éclairer ?
Chez nous, j'ai l'impression que c'est un grand B… ! Je n'ai aucune idée des diplômes requis, des contrôles éventuels, de l'organisation du système… J'ai l'impression que n'importe qui peut se dire "psy", ce qui me semble une porte ouverte sur pas mal de trucs…
Mais je suis sûr d'une chose ! Ayant une psy (comme tout Américain qui se respecte), je sais qu'elle est super efficace pour me soulager… de quelques paquets de Dollars !
En fait, j'ai un régime de faveur ! Comme je n'imagine pas d'aller m'allonger sur un divan (enfin…), lorsque je veux papoter avec elle, je l'invite à dîner ! Je crois que c'est tout à fait inconvenant, mais c'est très efficace ! En fait, elle ne change pas les situations, mais elle change ma façon de les voir. C'est très utile !
La prochaine fois, je lui demanderais quels sont ses diplômes, comment marche le système, et accessoirement ce qu'elle pense de ce que veulent faire les Français… Pour une fois, c'est moi qui la confesserait ! (mais ça m'étonnerait qu'elle me paye !)
Amitiés,
Peter"

Cher Peter,
C'est un problème idéologique en vérité, la psychanalyse dont je parle, celle de Freud et de Lacan, et que défend notamment Jacques-Alain Miller, est la seule discipline thérapeutique qui accorde un primat indiscutable au "sujet", notion complexe s'il en est, beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît à première vue en tout cas, le sujet n'étant en aucun cas irréductible au "moi" (car je est un autre, comme l'a dit Rimbaud)…
Or sous prétexte de rationalisation, le gouvernement voudrait réduire ces psychanalystes là, les vrais, aux psychothérapeutes en général, parmi lesquels les cognitivistes et les comportementalistes dont l'épistémologie est bien sûr radicalement opposée (ces derniers s'inscrivant parfaitement dans la logique de marché dominante, faite d'évaluations et de croyance en une "objectivité" absolue, tout "traitement" s'accompagnant potentiellement d'une solution chimique à venir, testable, chiffrable et… bien évidemment lucrative notamment pour les multinationales pharmaceutiques!)
Chez vous aux États-Unis, contaminés que vous êtes par le soubassement idéologique insuffisamment questionné du capitalisme globalisé, l'immense majorité de la psychanalyse s'est pervertie depuis longtemps en ego-psychology, c'est à dire en l'exact contraire de la psychanalyse véritable pour laquelle le sujet cartésien du cogito n'est en aucun cas transparent à lui-même, un écart incomblable subsistant toujours entre sujet de l'énoncé (je) et sujet de l'énonciation (celui qui dit "je").
Quand au surréaliste protocole de vos séances, je me vois obligé de vous dire que cela tient beaucoup plus de l'escorting (qui a sûrement ses vertus) que de la psychothérapie. Mais surtout cela n'a strictement rien à voir avec la psychanalyse de Sigmund Freud brillamment déployée dans ses dernières conséquences anthropologiques par Jacques Lacan.
Vous mériteriez qu'elle vous fasse payer beaucoup plus cher si c'est vous qui comptez la con-fesser! :-D
Amitiés,
Christian

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Tel que je le lis, Alain Badiou n'est pas un "anti-sarkozyste" viscéral comme la plupart des gens qui se réclament de cet anti-sarkozysme viscéral facile et qui ne coûte rien (et encore moins que rien sous le couvert d'un pseudo) mais qui en réalité ne font que conforter le système en étant de facto le complément obscène nécessaire à son bon fonctionnement, ce n'est pas l'homme Nicolas Sarkozy que le penseur attaque mais bien "ce de quoi Sarkozy est le nom", c'est à dire le système qui permet que la place vide du pouvoir soit occupée désormais par Monsieur Sarkozy. Et être contre Sarkozy ne veut pas non plus dire qu'il aurait été pour Royal, puisque pour lui Ségolène Royal — et j'abonde en son sens — n'est qu'une opportuniste version féminine de Nicolas Sarkozy (cf. son allusion aux Blair(eaux)…Rédigé par: CHRISTIAN | le 25 juillet 2008 à 11:35| Alerte
Si je disposais encore de la sympathique fraîcheur d'étonnement d'une Sandgirl, je pourrais m'étonner que personne n'ait réagi à ces propos qui auraient dû susciter pour le moins quelques réactions indignées…
Faire la différence entre le lieu, la place, le vide nécessaire à ce qu'une "chose" ou une autre, un objet, un nom, une image… vienne en boucher le trou (ou occuper l'espace) comme positivation de ce vide (qui le précède donc) est ce qui aurait dû questionner un brin, justement, grâce à l'infréquente formulation qu'emploie Alain Badiou : "De quoi (Sarkozy) est-il le nom?"
Cet écart minimum mis en mots dès la première langue Grecque, mais ouvert, étayé et rendu praticable depuis presque deux siècles par la science de la logique du génial Hegel est aussi ce qui permet à Lacan de formuler l'une de ses définitions du Réel "impossible" "qui revient toujours à la même place" dont le vide est notamment positivé par l'objet a.
Bon, que cette nuance Beckettienne-Kafkaïenne-Lynchéenne échappe à l'écrasante majorité des apprentis-lecteurs (incultes donc, eh oui) que nous sommes, passe encore…
Mais dès lors que l'on constate que cet appel du non-être à l'être (pour le dire avec les mots de Parménide) ou de la dialectique du vide et du plein s'il est l'heure de l'apéro (mon verre est plein, je le vide, mon verre est vide je le plains…) bref, que cette considération de "l'écart minimum" passe tellement loin au dessus de la permanente de l'ex-nouveau philosophe BHL, raillé en son temps par l'irrésistible Pierre Desproges (cf. youtube ou dailymotion) voilà qui devrait nous interroger, puisqu'en singeant (attention : métaphore animale) la question de Badiou dans son article "De quoi Badiou est-il le nom?" lui le non-philosophe non seulement il attaque le philosophe Badiou, mais en plus il attaque l'homme Badiou et en l'insultant de surcroît.
Si cet "écart minimum" est entre autres ce sur quoi Beckett à construit son œuvre admirable, c'est également un jour ou l'autre le souci lancinant, questionnant et permanent de tout artiste authentique, reconnu ou pas, depuis l'apparition de l'art dans le monde (cf. Jean-Luc et le caillou bleu, de Michel Galvin, Seuil Jeunesse, conseillé à partir de l'âge de 3 ans) et c'est aussi ce qui pourrait servir de prolégomène pour une réponse à la question qui m'a été posée en privé par un lecteur attentif (il y en a, et plus qu'on ne le croit!) faisant référence au mini-polemos du fil sur Churchill :
"Je crois que, pour achever de faire rougir Clopine, et convaincre tous ces beaux messieurs, et surtout affûter votre démonstration, vous pourriez utilement prendre le temps d'explorer une évidence qui ne l'est peut-être pas tout le monde, et qui pour ne pas l'être devient apparemment une accusation impensée : quand vous dites qu'Onfray, la marionnette du système dont Onfray n'est que le nom, quand vous dites qu'Onfray fait le JE du système libéral-capitaliste en se constituant comme son complément obscène. Bon, eh bien dans ce "complément obscène", dans ce complètement obscène, il y a une vérité forte, mais insaisissable par tous les gens dont "da Vinci codex" est le surnom, et je me dis que vous devriez déplier cette évidence, pour être exhaustif, implacable et poser les saines bases de toute argumentation à venir. Que tout soit posé dès le début. Qu'est-ce que que ce complément obscène ? En quoi Onfray, "l'homme-aura" !, est-il l'incarnation perverse de la pensée capitalisée-libéralisée, et pourquoi son supposé hédonisme (je ris à l'avance de ses prouesses en marivaudage, ce doit être accablant) est parfaitement niais, pervers et idiot ?
PS : Alexandre Kojève… Ça c'était un sacré numéro ! Un type qui devait être ahurissant à tous les points de vue…
Peut-être faudrait-il en effet "achever de faire rougir Clopine, et convaincre tous ces beaux messieurs, et surtout affûter (ma) démonstration" mais en vérité est-ce vraiment nécessaire? (D'autant que Slavoj Ĺ˝iĹžek s'est déjà livré plusieurs fois à cet l'exercice avec une pédagogie insurpassable à mon sens…) Aussi m'en tiendrais-je pour l'instant à l'implacable leçon du génialissime Franz Kafka : "Plus tu attelles de chevaux, plus rapide sera non pas l'extraction du bloc hors du fondement, ce qui est impossible, mais la rupture des courroies, et, partant, la course vive et joyeuse."
J'en resterai donc là, pour le moment, persistant et signant en mon nom, car dans la perspective de tout changement possible à venir, n'est-ce pas là la première condition, le premier prix à payer, le premier acte responsable de tout sujet de désir, que de maîtriser d'abord sa peur "de quoi le (son) nom (propre) est le nom?"
Christian Dubuis Santini
Prolétaire au sens strict marxien (je n'ai pas dit marxiste), directeur artistique à mes heures, lecteur persévérant, citoyen de la République Française, ayant fréquenté exclusivement l'école publique, titulaire du seul diplôme du baccalauréat, avec cependant 5+7=12 ans de divan au compteur (je dis ça exprès pour monsieur Accoyer et consorts, car je soutiens bien sûr à fond le combat de Jacques-Alain Miller…), votre serviteur.
Rédigé par: CHRISTIAN | le 27 juillet 2008 à 13:51| Alerter
#
Juste au moment où je poste, un mail, de l'attentif lecteur dont je vous parlais, que je vous livre tout de go.
"En quoi prétendre à une place de philosophe public, d'homme-aura, est-elle en soi obscène ? Est-ce que l'obscénité appartient au bonhomme lui-même, à son orgueil infondé, à son emportement médiatique, à son mensonge philosophique ? Oui, mais elle est biendavantage. Non seulement l'obscénité d'Onfray et de tout ce dont Onfray est le nom est obscène en soi, dans ce qu'elle montre de narcissisme et de névrose ; mais elle est obscène comme "complément obscène", obscène au deuxième degré philosophique de l'obscénité, puisque la position philosophique de ce dont Onfray est le nom-du-père, au lieu d'accomplir son travail comme Montaigne dans sa tour ou, pour être moins romantique, comme Peter Sloterdijk escaladant seul le mont Ventoux (cf Der Spiegel), — de penser pour soi et non pas dans une perspective de jouissance médiatique et de reconnaissance philophallique, de penser le monde à travers soi et non pas à travers la satisfaction publique : ce serait seulement névrotique si ça ne devenait pas complètement obscène à partir du moment où une relecture de Hegel, de Marx, de Zizek montre à l'envi que le travail de philosophie, que le travail de la langue en philosophie est de décrire la société libérale-capitaliste, d'en énoncer et d'en dénoncer les forfaits, et de trouver une langue en marge du spectacle. Là où le nom d'Onfray devient obscène, c'est quand il se sert du spectacle lui-même, de la société du spectacle elle-même, dans un happening continu de références mal digérées, pour affirmer que lui, il est à côté de tout ça, dans le libertinage, dans l'athéisme, dans la libération, alors qu'il est le pilier du système
lui-même, la preuve vivante que le système libéral-capital est
suffisamment homogène et suffisamment vainqueur, de tous les points de vue, pour générer d'apparentes contradictions, pour donner la parole à d'apparents contradicteurs, comme un leurre absolu, comme pour dire : mais non, vous voyez, le libéral-capitalisme n'est pas totalitaire, puisqu'on autorise des contradictions. Mais comme l'a bien montré Hegel, la dialectique est dans la trinité, pas dans l'opposition binaire. Il n'y a pas d'un côté ce dont Sarkozy est le nom et de l'autre ce dont Onfray est le nom : Sarkozy et Onfray sont le même nom de la victoire libérale, qui est tellement éclatante ou qui croit tellement l'être qu'elle fabrique des opposants artificiels. Onfray est un cerf-volant, et c'est cela qui est en lui complètement obscène : l'incapacité intellectuelle et sensible où il est de concevoir et d'admettre qu'il est l'enfant prodig(u)e du
système, l'anti-Sade par excellence ! Mais peu importe Onfray lui-
même. Le nom d'Onfray n'est que le prétexte d'une activité supérieure et même transcendante : la polémique, le jeu de la langue, écrire et dire pour commencer à penser. Être obscène, ce n'est pas accuser les souris d'être des rats, ou des tigres en papier d'être des chats noirs, être obscène c'est être incapable de sortir de soi et de servir de toute philosophie, et de toute littérature, pour en revenir sans cesse en soi. La société dont Sarkozy est le nom se croit si performative qu'elle engendre sa propre obscénité, en ne voyant pas à la fin que c'est comme le portrait de Dorian Gray."
Rédigé par: CHRISTIAN | le 27 juillet 2008 à 13:58| Alerter
Sandgirl, permettez-moi de vous remercier de votre commentaire (Rédigé le 27 juillet 2008 à 23:52) car, avant de me retirer pour de bon sous ma tente (ce qui devrait réjouir entre autres l'être de langage qui se prenait pour un panneau de signalisation routière :-D) vous me donnez ainsi l'occasion de mettre un point final à mes interventions ici, non sans :
1/ m'acquitter de ma dette symbolique contractée auprès de JPG (montaigneàcheval) concernant sa question sur les difficultés - irréfutables - d'accès à la littérature philosophique, à partir d'un petit extrait autour de Hegel (qui pourrait mutatis-mutandis être transposé à "l'anti-philosophie" de Lacan, par exemple ;-))
2/ re-préciser ma position sur l'antisémitisme
3/ vous donner enfin mon dernier mot sur Onfray
1/ Sur la langue réputée à raison énigmatique des penseurs en général et de Hegel en particulier, je cite ici André Lécrivain " (…) ce ne sont pas les prétendues bizarreries de ce langage qui font obstacle à sa compréhension ou rendent à ce point aléatoire l'accès au sens, mais bien plutôt cette incapacité (du lecteur que nous sommes) à se débarrasser d'habitudes de penser et de parler qu'excède et transgresse une discursivité inédite, aptes à traverser toutes les couches de non-sens ou de contre-sens qui risquent de lui faire écran. À cet égard, il y a bien un langage hégélien, mais son auteur ne cesse de réaffirmer qu'il est, au moins sur le plan terminologique, celui de tout un chacun, car il se veut exotérique, ouvert à tous et universellement communicable :
" C'est seulement ce qui est parfaitement déterminé qui est exotérique, compréhensible, et apte à être appris et (à être) le bien propre de tous. La forme d'entendement de la science est le chemin offert à tous et pour tous le même, et le fait de parvenir au savoir rationnel par l'entendement est la juste exigence de la conscience qui aborde la science." (Phénoménologie de l'esprit)
Même si Hegel ne dédaigne jamais, bien au contraire, de tirer profit au maximum des ressources offertes par la langue allemande, en jouant par exemple sur la polysémie des termes, sur leurs possibilités de décomposition ou de recomposition, il s'est interdit de recourir à des néologismes "techniques" se refusant ainsi à couper le discours philosophique de ses bases culturelles populaires, et n'en réserver l'accès et la signification à une élite restreinte. Pour lui, cet accès au savoir, à la science, est aussi un droit universel de l'homme."
Même si Hegel n'oublie jamais, et c'est là son combat comme le combat de tous les philosophes dignes de ce nom que :
"Le bien connu en général, pour la raison qu'il est bien-connu n'est pas connu. C'est la façon la plus commune de se tromper et de tromper les autres, à propos du connaître, que de présupposer quelque chose comme bien-connu, et de l'accepter ainsi : avec tout ce discourir à tort et à travers, un tel savoir, sans savoir comment cela lui advient, ne bouge pas de place." (Phénoménologie de l'esprit)
2/ Je condamne sans appel tout antisémitisme, et bien que j'ai pu constater, notamment dans les parages du Monde Diplomatique mais pas seulement, des relents fétides,écœurants et inquiétants, je soutiens la position qu'il est totalement contre-productif d'actionner l'arme atomique de l'anathème à la moindre occasion et sans discernement, genre "on tire d'abord, on vise après", mon âme d'enfant ayant été durablement marquée par la sagesse populaire contenue dans le conte Pierre et le loup peut-être…
3/ Onfray se prétendant Nietzschéen produit par là-même la preuve qu'il n'a strictement rien compris à Nietzsche.
Le fait est que si de mon côté j'ai pu vérifier la pertinence des deux formules de mon maître en graphisme Mies van der Rohe : "Less is more" et "God is in details", peut-être que l'erreur de lecture tient en fait à la "disparition" des lettres qui encombrent, complexifient et dérangent : en vérité je vous le dis, à mon sens, Onfray est cette fois sans conteste possible : NICHÉEN, du sens que le marketing moderne à donné au terme de "niche".
Sur ce je me retire pour de bon sous ma tente, ;-)
Vale,
Christian Dubuis Santini

C'est une révolution !

Jul 30th, 2008 by Yann Leroux

Intéressant échange entre Stowe Boyd et Nicolas Carr. Le premier répond a un article du second : Is Google maiking us stupid ? (Est ce que google nous rend idiots ?) avec un sous-titre moins accrocheur mais qui est au centre du débat : What the Internet is doing to our brains (Qu'est ce que Internet fait à nos cerveaux ?). Depuis au moins Leroi-Gourhan, nous savons que nous ne sortons jamais indemmes de la fréquentation prolongée d'une technique.

Carr se plaint de ce que les longues lectures auxquelles il était habitué ne le sont plus possible. Il se lasse vite, trouve autre chose à faire, est distrait. Il lui semble que ce qui était autrefois un "don du ciel" - le web, et toutes ses données - s'est gâté :

Comme le théoricien des média Mashall McLuhan l'a montré dans les années, 60, les média ne sont pas simplement des canaux qui transmettent passivement l'information. Ils portent les matériaux a penser, mais ils transforment également les processus de pensée. Et le Net semble faire voler en éclats mes capacités de concentration et de rêverie. Mon esprit s'attend maintenant a recevoir l'information de la façon dont le Net la distribue , dans un tourbillon incessant de particules. Avant j'étais un plongeur en apnée dans un océan de mots. Maintenant je glisse à la surface comme un type en jet ski

As the media theorist Marshall McLuhan pointed out in the 1960s, media are not just passive channels of information. They supply the stuff of thought, but they also shape the process of thought. And what the Net seems to be doing is chipping away my capacity for concentration and contemplation. My mind now expects to take in information the way the Net distributes it: in a swiftly moving stream of particles. Once I was a scuba diver in the sea of words. Now I zip along the surface like a guy on a Jet Ski.

Pour Nicolas Carr, ce que le taylorisme a fait au corps, le Net le fait aux esprits : il nous transforme peu à peu en automates : ici la découpe d'une tache complexe en unités simples, là la rédution de l'infrormation à des titres sur lesquels on se contente souvent de surfer. Google, et son intention d' "organiser l'information mondiale et la rendre universellement acessible et utile" est pour Nicolas Carr le type même des nouvelles usines fonctionnant sur le modèle du taylorisme.

Stowe Boyd propose un autre point de vue:

This is a revolution, so the powers that be will resist it. They will say what we are doing is illegitimate, that we are losing more than we have gained, that we won't fit in, that we are losing critical skills essential to our careers. What we have gained they will deride: they'll say we are the lesser offspring of greater forebears, moving far too fast from a golden age into a debased and irrational future. Stowe Boyd

C'est une révolution, et les résistances seront d'autant plus grandes. Ils dirons que ce que nous faisons est illégitime, que nous avons plus a perdre qu'a gagner, que nous n'avons pas raison, que nous perdons les compétences nécessaires à nos carrières. Ils tourneront en dérision ce que nous avons gangé : ils diront que nous sommes la descendance la moins importante de grands ancêtres, sortant trop vite d'un age d'or pour aller vers un futur avili et irrationnel. Stowe Boyd

Le mot de révolution n'est pas trop trop. L'internet cumule toutes les domaines qui ont été à l'origine de grands bouleversements : l'écriture, l'imprimerie et le commerce. En ligne, ces trois grands domaines sont totalement remmodelés par quatre grands processus : envoyer, recevoir,stoker et modifier. Ce sont les artisans de cette révolution et avec lesquels, quotidiennement et collectivement, nous tissons le rêve numérique

Internet cumule et les recombine ces grands domaines : écrire avec un ordinateur n'est pas la même chose qu'écrire avec une machine à écrire ou "à la main" comme le montrent par exemple  Umberto Eco ou Clarisse Herrendschimdt

Enfin, a ce débat qui semble très anglo-saxon, il faut ajouter Genevieve Lombard qui depuis des années donne des analyses concises de ce qu'elle observe sur le net. Il y a quelques années déjà qu'elle s'interroge sur ce que le Net fait de nos "magies lentes, élaborations patientes". Elle montrait dans Blog et temps (2006) que la question du temps est au centre des usages de l'internet . On trouvera dans Fuite en avant, de la même année, que la question de l'idiotie n'est pas non plus tout à fait nouvelle…

Note : l'article de Nicolas Carr est discuté ici : http://www.edge.org/discourse/carr_google.html

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