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Anne Rothschild / Le Tao a pour origine le vide…

Publié le 06 octobre 2021 par Angèle Paoli

Yu caractère chinois pour pinceau

Ph., G.AdC

           De toute perte naît un gain  
           À la pointe du pinceau
          J’épouse le vide de l’être
          Femelle obscure, noyau de nuit

Dans l’amour que les chinois portent à l’art de l’écriture, je retrouve un univers familier, celui de la tradition juive.
Même respect du texte, même culte de la connaissance, même primauté donnée au savoir.
Le taoïsme accorde au vide une place fondamentale :
« Le Tao a pour origine le vide. Du vide est né le cosmos dont émane le souffle vital », est-il écrit dans le Huai-Nan-Tseu (IIe siècle avant notre ère.)
La Cabbale, affirme que Dieu s’est contracté « de lui-même en lui-même » pour faire un vide à l’intérieur duquel le cosmos a pu se déployer.
Comme les Juifs, les Chinois s’inscrivent dans une histoire qui se perpétue depuis des temps très anciens. Un des fondements de cette continuité est assuré par la place fondamentale accordée à la famille ainsi qu’à la mémoire du passé. Les deux peuples partagent un rapport à l’argent dénué de culpabilité. Leurs diasporas ont la même capacité à s’intégrer dans les pays d’accueil tout en conservant leurs valeurs et leurs identités.
L’étonnante histoire de la communauté juive de Kaifeng illustre ce propos. Des marchands juifs venus de Perse ou de Mésopotamie par la route de la soie, arrivent en Chine, entre le VIIe et le IXe siècle. Ils s’installent à Kaifeng, capitale de la dynastie Song (1127-1279) qui règne alors sur l’Empire du Milieu. Malgré son isolement, la communauté prospère. Ses membres pratiquent le Shabbat, les fêtes juives et lisent la Torah en hébreu, tout en épousant des chinoises, ce qui leur confère des traits asiatiques. Parfaitement intégrés à la société, certains deviennent des lettrés exerçant des charges de mandarins.
Des Jésuites venus en Chine, au XVIe et au XVIIe siècle, les ont rencontrés. Ils ont laissé une description détaillée de leur sanctuaire où des sentences confucéennes en chinois se mêlaient à des versets hébraïques.

La communauté connaît un lent déclin à partir du XIXe siècle. Elle s’éteint au XXe, malgré des appels au secours, lancés à la diaspora juive, qui ne seront pas écoutés. Aujourd’hui encore, quelques descendants gardent le souvenir de leurs origines.

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Anne Rothschild, Au pays des Osmanthus, Frontispice de Sylvie Wuarin, Le Taillis Pré 2020, pp.47,48,49


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