La chouette
trace un songe
vol tranquille
et blanc
elle chuchote un nom
tout contre l’écorce
des solitudes
sait parler aux
brouillards
au soir venant
se feutre son cri
l’étrave de la nuit
plonge dans la béance
indécise
d’un jour sans visage
la chouette verse
une larme de verre
sur le mystère de l’obscur
***
Bientôt l’hiver
fastes et douleurs
Se pressent aux frontières
le temps s’enterre
la rivière
perd son chant
se désœuvre
mélopée souterraine
des eaux désenchantées
ondoiement de l’oubli
dans la vallée des herbes
et quelques voix indémêlées
issues
de cet inextricable
d’où surgit soudain
la mémoire du perdu
Jean-Louis Bernard, Sève noire pour voix blanches, Éditions Alcyone, Collection SURYA, 2021, pp.38,39
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Jean-Louis Bernard