Dernière affaire en date, celle de jeudi 31 juillet 2008. Un étudiant infirmier en 3ème année aurait
été mis en cause dans le décès d'une personne, à Lille.
Que c'est-il passé?
Une personne se serait trompée dans l'administration de deux médicaments auprès d'un patient de 69ans. Après vérification, il ne s'agirait pas d'une erreur de prescription mais bel et bien d'une
erreur d'administration de traitements. La personne est décédée. La famille à portée plainte contre X.
Dans ces cas-là, c'est simple. Que regardent-ils? La signature de la personne qui a effectué l'administration des traitements. Pas de bol, il s'agit d'un étudiant infirmier.
Ça me rappelle mon expérience personnelle. "Eh tu es en 3ème année? On n'a plus rien à t'apprendre alors!!" C'était ce qu'on me disait dans tous mes lieux de stage. En conséquence, on me faisait faire des remplacements. J'agissais
seul, sans contrôle.
J'avais un secteur de plusieurs patients, au même titre qu'un infirmier banal. J'étais inclus dans l'effectif de l'équipe et dans leurs roulements. Je suis conscient que je me mettais en danger et
mes patients aussi, bien que je connaissais mes limites. Je n'effectuais pas certains gestes seul, que je jugeais bien trop techniques pour moi.
"Refusez ces situations", vous dit l'école!
Mais le problème, c'est que les établissements voient en vous de la main d'oeuvre gratuite, puisqu'ils ne vous versent aucun salaire. Surtout pendant les vacances d'été où ces établissements
manquent cruellement de personnel.
"Tu ne veux pas faire de remplacement?" Je téléphone demain à ton école pour stopper ton stage et tu rentres chez toi. Avait dit
une cadre à une élève infirmière en troisième année, comme moi. Elle avait refusée. Le lundi d'après elle n'était plus revenue. Virée. Bien sûr la cadre n'avait pas dit à l'école que
l'étudiante ne voulait pas faire de remplacement. Elle avait inventée une excuse et le stratagème avait marché.
J'avais assisté à tout. Comme pour me faire comprendre qu'elle ne se dégonflait pas que si j'avais les mêmes états d'âmes, il m'arriverait la même sentence.
Pas de stage, pas de note.
Pas de note, pas de validation de la troisième année.
Pas de validation de la troisième année, redoublement.
Redoublement, pas de diplôme....
Ce n'est pas un cas isolé. Partout où je suis allé, on m'a quasiment obligé à faire au moins une fois un remplacement. C'est tabou. Tout le monde le sait. Tout le monde le pratique, mais personne
ne dit rien.
Les écoles font la politique de l'autruche et ferment les yeux. Pourquoi?! Parce que si par malheur elles se froissent avec les lieux de stage, ces derniers n'accepteront plus de stagiaires
venant de cette école.
Et si les stagiaires ne sont pas acceptés, l'école se retrouve en difficultés et bénéficie d'une mauvaise réputation car elle forme des étudiants moins autonomes que les autres écoles.
Et la réputation, dans ce milieu, c'est primordial.
Là où cette histoire d'erreur médicale m'interpelle, c'est qu'il s'agit d'un stagiaire en fin de troisième année, donc certainement en stage pré-professionnel. Autrement dit pour les novices: le
dernier stage avant le diplôme d'état! Il est également précisé que ce stagiaire était très bien noté.
Une faute d'étourderie? Une erreur de lecture de la prescription? A-t-il vérifié la prescription avant d'administrer le traitement?
Quoiqu'il en soit, son avenir professionnel semble être remis en cause. Tout le monde à sorti son parapluie. Les médecins sont couverts, les infirmiers aussi. Il se retrouve donc seul, face à tout
le monde.
Soyez vigilants, les étudiants! Une erreur est vite arrivée et vous n'êtes pas toujours en mesure d'en mesurer les conséquences.
Si je devais vous donner deux conseils, je vous dirais:
1) Faites toujours contre-signer vos actes par un professionnel qui engagera ainsi sa responsabilité!! Au début, il fera la grimace mais il comprendra très vite que s'il ne veut pas contre-signer
n'importe quoi, il va lui falloir garder un oeil sur vous!! Vous travaillerez ainsi en sécurité.
2) Prenez une assurance professionnelle. Renseignez-vous. Certaines écoles vous couvrent et si vous cassez un scope à 10 000 euro, c'est pris en charge par l'assurance de votre école. De même
certaines assurances couvrent aussi les frais juridiques.
Pour ma part, je n'étais pas couvert par mon école alors j'avais contracté une assurance juridique et professionnelle chez la MACSF. Je ne m'en suis jamais servit. Je la payais 14 euro à l'année et
elle prenait en charge mes frais juridiques d'avocats ou mes frais de casse de matériel si un accident m'arrivait. Je me sentais protégé sans pour autant me ruiner.
Ne dit-on pas dans notre métier: Mieux vaut prévenir, que guérir?
Ps: Je souhaite la bienvenue à Danie et TaLouloutte qui nous ont rejoins. Il y en a pour tous les goûts ici, n'hésitez pas à feuilleter.
Ps2: Depuis quelques jours je reçois des félicitations et des mails d'encouragement via l'onglet "Contacter l'auteur" en haut de votre écran. Je
suis agréablement surpris et cela me touche beaucoup. Je réponds à chaque mail. Les derniers en date, sont ceux de Lili, Vincent et Alexandre, ils se reconnaitront. Merci pour ça et surtout merci à
tous ceux et celles qui laissent des commentaires régulièrement à mes articles, ce qui m'encourage à continuer sur cette route et faire en sorte d'améliorer ce blog dans le but de continuer à
passer de bons moments avec vous. J'aime les échanges que nous avons, bref, vous l'aurez compris: Je suis accroc!