"Les fausses luttes spectaculaires des formes rivales du pouvoir séparé sont en même temps réelles en ce qu'elles traduisent le développement inégal et conflictuel du système." "La valeur d'échange est le condottiere de la valeur d'usage." "... Ils ressemblent beaucoup aux esclaves parce qu'ils sont parqués à l'étroit, dans de mauvaises bâtisses malsaines et lugubres..." Je pourrai avoir des projets dominicaux, pompés dans le catalogue démocrate du chacun chez soi. Le temps est pourrit, restons à la maison, posons cette étagère, repeignons le buffet de la cuisine, si nous achetions des rideaux ? Je pourrai comme à mon habitude, regarder par la fenêtre de l'ordinateur comment le monde s'offre le spectacle pyrotechnique de sa désintégration mentale et sociale, de la dislocation atomique de ses cellules... Tu prendras le temps de ranger ta chambre mon chéri !? Mais tu m'avais dit qu'on irait acheter... Je pourrai me plonger dans la lecture de Karl Kraus (Cette grande époque, éditions Rivages) et m'offrir ainsi à moi même, l'unique survivant de ma désintégration solitaire, le spectacle rassurant de ma volonté de survivre au diktat de la consumassion massive. Je pourrai faire les poussières, la lessive, la vaisselle, ranger et classer cette avalanche de lettres toutes finissant par des sommes qui me paraissent astronomiques et dont il parait que je les dois à la communauté de mes semblables. Je pourrai faire en sorte que ce blog soit autre chose qu'une ornière de plus en plus profonde où je singe ce que je croyais être, un poète qui sait que bien que le ridicule ne tue pas mais qu'il abîme irrémédiablement. Je pourrai faire un gâteau et m'inventer une fête et des amis. Ces même amis qui me téléphonent dans les moments où eux même sentent que cet ailleurs dont ils rêvaient en produisant l'inutile insatiable, n'est en fait qu'un piège où il faut bien se laisser enfermer. Rejoins nous, je suis dans le Sud ! Je te paie le billet de train ! Ils s'ennuient du prochain ailleurs dont ils savent pourtant qu'il est tout à fait à la mesure de leur ennuis. Taillé pour eux, à la mesure de l'imaginaire collectivisé. Telle maison d'écrivain, de peintre, vides. Tel festival des arts de la rue, vide. Tel paysage, époustouflant cul de sac, vide. Tel pays exotique, tel désert, telle montagne inaccessible-ment vide. Je pourrai leur répondre qu'ils feraient mieux de rentrer. Il y a tant de brèches ici à colmater, tant d'oppositions à formuler. Tant d'humanité à retrouver sous les décombres de ce qu'ils ont oubliés en partant. Je pourrai ... Mais non, je racine dans mon mal, je me fleuris d'un venin d'apôtre relaps et j'écoute Guy Debord, sa voix monocorde et tendre malgré l'incision que chacun de ses mots fait dans la croûte glaireuse de nos pensées automatiques. La caresse scalpelle au dessus du front des enfants cauchemardeux.
Ça n'est pas comme ça qu'on réussit dans la vie monsieur Guy Debord ! Ah parce qu'en plus, il fallait réussir ? Quelle plaie ! Entre autres : 22 camps de rétention pour "sans papiers" en France ! Jusqu'à quand pensez vous que vous serez en mesure de présenter des papiers d'identité en règles aux contrôles policiers. A Drancy, la France n'enfermait pas les délinquants de droit commun.