Mon nouveau roman : Petite Lady. Extrait en avant première ...
Publié le 03 août 2008 par Plume
« Et bien vous avez raison ! Mes intentions ne sont amicales qu’envers vous. Ecoutez, je veux vous sauver. Vous n’ignorez pas le sort
qui vous attend tous ?
- Vous comptez nous vendre, n’est ce pas ? Murmura Tess
sans le quitter des yeux.
- Oui, quand nous aurons atteint les Caraïbes. Mais je peux vous
sauver. Vous uniquement.
- Vous plaisantez ?
- Absolument pas ! »
Percy Le Borgne s’agita.
« Vous comprenez qu’un capitaine pirate est soumis aux lois de la piraterie et à ses hommes. Il les commande et ils lui obéissent tous,
tant qu’il ne leur fait pas d’entourloupes. Je me suis opposé à eux lorsque nous vous avons embarqués sur mon navire. Ils voulaient s’amuser un peu … Je suppose que vous savez ce que cela
signifie ?
- Oui.
- Je leur ai dit que nous obtiendrons un bon prix en vous
vendant à quelques sultans avides de chairs blanches. Mais je peux vous sauver … Et je peux le faire à condition…
- A condition ?
- A condition que vous soyez à moi,
consentante. »
Tess frémit de dégoût. Percy lui jetait des regards perçants. Les mains de l’adolescente se crispèrent violement sur le dossier de la chaise.
Cependant, elle sourit et leva vers lui un visage singulièrement amène :
« Vous voulez dire que vous pouvez me sauver, moi, mais pas ma sœur ni mes amis ?
- Oui. Je pense avoir été clair.
- On ne peut plus
clair ! »
Le sourire de Tess s’élargit :
« Et vous croyez que je vais accepter cela ?
- Vous n’avez que cette solution pour rester libre et en
vie ! Je ne suis pas aussi cruel que vous semblez le penser. Je ne vous offre pas une vie de rêve. Je vous offre la vie. Car vous imaginez sans peine ce que l’avenir vous
réserve...
- Qu’est ce qui vous fait croire que je pourrais
être tentée par votre proposition ?
- Vous êtes jeune et vous aimez la vie. Ce serait
stupide de la sacrifier à des gens qui auront payé une fortune pour vous posséder. Je vous estime suffisamment intelligente pour le comprendre.
- Vous ne croyez pas que vous êtes également entrain de
m’acheter ? Interrogea Tess sans bouger, le regardant approcher avec calme et sérénité, un sourire étrange au coin des lèvres.
- Cela dépend comment on voit les choses. »
Murmura-t-il en s’arrêtant tout près d’elle.
Ils ne se quittaient pas des yeux. Sous le charme, Percy passa un doigt sur sa joue :
« Savez-vous que vous êtes très belle ? »
Tess s’écarta lestement, esquissa un pas de danse, sous son œil ébloui, puis finit pas se laisser tomber sur le lit. Elle cligna légèrement des
paupières dans sa direction. Subjugué, il la rejoignit.
« Mais qui ou quoi me garantie la vie sauve ? Demanda-t-elle, penchant légèrement la tête sur le côté.
- Moi, je vous la garantie. Répondit Percy, complètement ensorcelé
par la couleur flamboyante de sa prunelle. Vous pouvez avoir confiance en moi. Je suis peut-être un pirate mais je respecte une parole donnée.
- Et vos hommes ?
- Oh ! Eux ! S’esclaffa-t-il. J’en fais mon
affaire. Je leur donne du rhum et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ils seront tellement ivres que je pourrais leur faire croire tout ce que je veux !
- Vraiment ? Interrogea Tess finement. Vous
pourrez même faire accepter ma présence sur votre navire ?
- Absolument ! Je les connais ! Une entorse
comme celle-là ils l’accepteront, surtout si vous mettez la main à la patte. Mais pas si je leur demandais la vie sauve des trois autres ! Même saouls ils se rendront compte de l’argent
qu’ils perdraient ! »
Percy glissa un bras autour de ses épaules. Volontairement provocante, Tess leva vers lui son joli visage, ses lèvres parfaitement dessinées,
bombant légèrement sa poitrine naissante. Elle sentit son frisson. Ses grands yeux bleu azur se mirent à briller intensément. Au moment où il allait l’embrasser, elle s’échappa et un rire gai
retentit dans le silence de la cabine. Elle exécuta une gracieuse pirouette et s’appuya langoureusement contre le dossier du fauteuil.
« Que je sache, je n’ai pas encore dit que j’étais d’accord ! S’exclama-t-elle avec un large sourire.
- Ah ! Vraiment ? »
Subjugué, Percy passa sa main dans son dos, posa son arme sur la couverture et se leva. Tess s’efforça de masquer son impatience, le cœur
battant de plus en plus vite. Il s’approcha d’elle et l’enlaça sans rien dire. Elle se laissa faire, plongeant son regard de braise dans le sien …
« Je lis sur votre joli visage que vous acceptez ! Murmura-t-il d’une voix troublée.
- Ah ! Oui ? Mon visage est-il donc si
éloquent ?
- Plus encore que vous ne l’imaginez. Je savais que vous
accepteriez. Je savais que vous teniez à votre vie plus qu’à n’importe quoi d’autre !
- Et quand avez-vous compris
cela ? »
Tess s’échappa à nouveau, vive comme l’éclair. Elle valsa autour de la petite pièce, se retrouva rapidement entre le lit et lui, sans cesser de
sourire de ce sourire si fascinant.
« Quand nous discutions dans la cale ! Dit-il, aveuglé. J’ai compris à travers vos propos que vous feriez n’importe quoi pour sauver
votre vie …
- C’est exact ! Jeta Tess soudain, en pointant vers lui
le canon du pistolet. Mais ce que vous n’avez pas compris, c’est que si je tiens à ma vie, je tiens encore plus à celle de ma sœur et de mes amis. Je regrette pour vous que votre opinion sur moi
vous ait fait oublier ce détail ! »
Percy Le Borgne se figea. Sombre et décidée, Tess avait le doigt sur la gâchette. Seulement alors il réalisa que la belle adolescente brune
s’était jouée de lui. Une grimace de colère déforma ses traits. Menaçant, il fit un pas vers elle.
« Ne bougez pas ! Ordonna Tess sans sourciller, nullement impressionnée. Je serai navrée de faire un trou dans votre belle chemise. Et
ne vous imaginez surtout pas que je plaisante. Je sais très bien tirer. Aux moindres mouvements suspects, je vous fais sauter la cervelle. Vous aviez raison sur un point. Pour me sauver et sauver
les miens, je suis capable de n’importe quoi … Je n’hésiterai donc pas une seconde à tirer.