A la fin du manuel Ozouf - Leterrier (lire les épisodes
précédents), on trouve une "liste de questions posées aux candidats aux récents examens du certificat d'études
primaires". Ce sont, en quelque sorte, des micro-annales. En voici la première page.
(Cliquez sur l'image pour agrandir. Pour des raisons que j'ignore, Over-blog me laisse le choix entre deux formats : l'un, immense, ne rentre pas, l'autre, trop petit, est peu lisible).
A titre de comparaison, voici le sujet d'histoire du brevet de cette année.
(Tu cliques idem).
On voit la différence des deux évaluations. Il y a quarante ans, on requérait des élèves des connaissances abondantes, assez précises et immédiatement mobilisables (et je rappelle qu'il s'agissait d'élèves moyens et faibles, les meilleurs étant depuis belle lurette dispensés de passer le certif'). Le candidat pouvait être interrogé sur n'importe quelle période de l'histoire, de l'Egypte antique à 1945. On ne demandait en revanche à cette génération aucune autre compétence que de la mémoire et de la clarté dans la restitution des acquis. L'école se bornait à fournir repères et contenus -le risque étant évidemment que ces derniers ne fassent l'objet que d'une mémorisation imbécile.
Aujourd'hui, les jeunes gens de quinze ans qui passent le brevet ne sont tenus de posséder aucun savoir particulier. Les réponses aux questions qu'on leur pose se trouvent dans les documents de l'énoncé. La consigne du paragraphe argumenté invite bien les élèves à utiliser leurs "connaissances personnelles", mais celles-ci, d'après les instructions qui nous ont été données, ne comptent que pour deux points maximum. Un texte recyclant les informations laborieusement arrachées aux documents peut très bien atteindre un score de 8/10 : il suffit que son auteur évite la paraphrase totale et fasse preuve d'un minimum d'ordre dans l'exposé. Autorisés à se présenter à l'examen en ignorant tout du programme (qui part de 1914, et non plus de - 3000 comme naguère), nos collégiens doivent par contre montrer à leurs correcteurs qu'ils ont des compétences : dans un texte, un tableau, une image, ils savent sélectionner l'information utile, celle qui répond à la demande de l'examinateur. Puis ils doivent être capables de rassembler ces bribes dans une synthèse lisible. C'est un peu mécanique. Nous travaillons, en fait, à formater des logiciels de gestion des données ; des logiciels plutôt bas de gamme, dirais-je.