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Rachel / Sur les rives de Tibériade

Publié le 24 novembre 2021 par Angèle Paoli

                                                                                                                                                                        <<Poésie d'un jour

Rachel Bluwstein

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Ainsi mieux vaut-il que soit oublié son amer souvenir,
Et la liberté m’appellera de nouveau.
Je ne désire que l’étincelle du brasier du passé,
Et ma main ne se tend pas pour mendier.

Ainsi mieux vaut-il que mon âme soit de l’univers,
Sur elle nul homme, personne ne règnera :
Et je fortifie, sanctifie comme jadis mon alliance
Avec le firmament et les champs.

                                                                                     

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Tes mains sont tendres comme giron de terre-patrie,
Comme le sien doux est leur toucher, source d’oubli et de repos.
Être étreinte par elles et connaître :
Ici je n’ai plus peur !

Oui femme, seulement femme je suis – rameau
Qui grimpe, s’élève, monte jusqu’à la cime,
Sans appui - triste et pâle
Vers le pays je m’incline.

                                                                              

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Mes forces déclinent de plus en plus-
De grâce sois bon pour moi, bon pour moi !
Sois le pont étroit par-delà le gouffre du chagrin, chagrin de
mes jours.
De grâce sois bon pour moi, bon pour moi ! Sois un souffle,
Un secours pour le cœur, l’ombre d’un arbre dans le désert désolé.
Sois bon pour moi ! La nuit est si longue, l’aube si lointaine.
Sois un peu de lumière, la joie soudaine,
Sois le pain quotidien !

Rachel, Sur les rives de Tibériade, traduit de l’hébreu et présenté par Bernard Grasset, Paris – Orbey, Arfuyen, 2021.

Arfueyn RACHEL

Rachel Blaustein, connue sous le simple prénom biblique de Rachel, est née en septembre 1890 en Russie. Jacob, son frère aîné, est philosophe, Bethsabée, l’une de ses sœurs, est musicienne. Quant à Rachel, elle rêve de devenir peintre. En 1909, partie en voyage en Palestine, elle décide de rester y vivre. En quête de mémoire, elle apprend l’hébreu et regarde avec fascination la beauté des paysages. En 1913, elle part étudier l’agronomie à Toulouse. La guerre la contraint de regagner la Russie où elle contracte la tuberculose. En 1919 Rachel retrouve avec joie la Palestine. Mais en raison du caractère contagieux de sa maladie, elle doit quitter le kibboutz de Degania où elle travaillait. Avec courage, elle s’efforce de subsister alors par ses propres moyens. Installée à Tel-Aviv dans une petite chambre face à la mer, elle voit dans la poésie, après avoir rêvé d’être peintre et paysanne, une issue possible face à l’épreuve de la maladie. Rachel est morte en avril 1931. Près du lac de Tibériade auquel elle était attachée, elle repose sous le ciel azuré.

En quelques années, elle était devenue, par son chant simple et profond, une grande pionnière de la poésie hébraïque contemporaine.

Outre les poèmes épars de Rachel, Sur les rives de Tibériade contient ses articles et les lettres écrites de France.

Bernard Grasset


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