Souffle tes désirs jusqu'à ce qu'ils
jaillissent par vagues au bout du silence
éveille tes os au tressaillement des
muscles chevauche les parois des
monts pour bondir élastique tendre
les arcs - les flèches ciblent le feu des
reins des paumes la langue s'emmêle
au velours des salives dans le détroit
de la bouche - sauve les dégâts les
pertes n'épargne pas la peur d'être
ensevelie perméable à un possible retour
baigne-toi au plus profond des eaux
tremble sidère enjambe rue fusionne protège calfeutre
Puise les larmes des pensées - elles
sécrètent l'amertume d'une eau
blanche - entends le refrain de misères
-il te hante comme parfois l'espoir
de disparaître - imagine qu'il n'y a
rien d'inatteignable même ta nudité
ignore les vétilles qui s'incrustent se
morcellent en s'enfonçant dans ta
peau déjà atteinte des blessures d'hier
traverse le corridor ancien - passage
long patin de cire il mène au mirage
de grands espaces
extrais fracasse tranquillise remue déconcerte enlumine fixe mime
Traverse les frontières sans permission
risque le jeu du passager de tous pays
persiste à offrir ta langue méconnue
frôle l'arrêt de mort oriente le
chemin tire l'air de ton voyage les sacs
de nuisance tombés prends le fruit
oublié dans ta poche savoure-le
-son jus coule dans ta gorge - porte
avec toi le chagrin des racines meurtries
foule la terre étrangère donne-lui de ta
chair mêle-la à tes veines révèle-lui
constate redoute corromps sonde réveille cause répartis renais
Diane Régimbald, Au plus clair de la lumière, Éditions du Noroît, 2021.
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