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111 et les Livres rouges

Publié le 02 janvier 2022 par Les Alluvions.com

Jeudi 23 décembre dernier, je publiais le 108ème article de cette année 2021. Cinq jours plus tard, en discutant avec ma compagne, je lui dis que ce serait sympathique de parvenir à 111 (elle sourit, elle sait mon goût un peu maniaque pour les triplets numériques, de 111 à 999, en passant surtout par le 777). Mais c'est un peu matière à plaisanterie, il ne reste que quatre jours avant le passage à 2022. Elle a apporté le premier DVD de la trilogie du Seigneur des Anneaux, de Tolkien, et nous allons le visionner ensemble (encore une oeuvre que j'ai inexplicablement à peu près ignorée jusque-là). Nous voilà transportés dans la Comté, au pays des Hobbits. Un grand événement s'y prépare, le 111ème anniversaire de Bilbo. C'est le genre de signe qui me met au défi : il faut que je les écrive ces trois derniers articles. La matière ne manque pas, il faut juste trouver le temps. Et c'est ainsi qu'en cette matinée du 31 décembre, je m'apprête à boucler l'affaire.

111 et les Livres rouges


Il se trouve que je viens juste de commencer la lecture du Livre rouge (Liber Novus) de Carl Gustav Jung*, offert à Noël par Pauline (merci infiniment à elle). Un livre qui ne fut pas publié du vivant de Jung, mais livre séminal, à l'origine manuscrit et illustré par l'auteur lui-même, qui a nourri toute sa production théorique ultérieure. Son " premier jet fut écrit en moins de deux cents jours, à partir de novembre 1913, puis médité pendant toute la Grande Guerre", nous dit la quatrième de couverture. Je n'ai pas encore abordé, à l'heure qu'il est, le texte proprement dit. Je viens seulement de terminer la longue introduction du chercheur qui a établi l'édition, Sonu Shamdasani.

111 et les Livres rouges

En terminant le visionnage de La communauté de l'Anneau, ce premier tome de la trilogie de Tolkien, je me suis naturellement dit qu'il y avait bien des parallèles à établir entre cette geste incroyable et la théorie jungienne, ne serait-ce qu'en raison de l'importance donnée dans les deux oeuvres à la symbolique et à la mythologie. Je ne doutais pas un instant que beaucoup s'en étaient certainement emparés, et qu'il ne devait pas manquer d'interprétations jungiennes des aventures d'Aragorn et de Frodon. Cela ne m'intéressait pas outre mesure. J'eus l'idée de lancer une recherche à partir justement du Livre rouge, qui me servirait en quelque sorte de filtre.

Et il se trouve que Wikipedia recense, dans une page d'homonymie, six oeuvres portant le titre de Livre rouge. Le plus célèbre est bien sûr le Petit Livre rouge de Mao (dont j'ai trouvé à la fameuse Brocante des Marins un exemplaire). Et puis nous avons donc le Livre rouge de Jung et le Livre rouge de la Marche de l'Ouest, de Tolkien :

"Le Livre rouge de la Marche de l'Ouest ( Red Book of Westmarch ) est un livre imaginaire créé par , et censé avoir été rédigé principalement par BilboJ. R. R. Tolkien et Frodo Bessac durant le Troisième Âge de la Terre du Milieu, à la suite de leurs aventures respectives. Également connu sous le nom de Livre rouge des Periannath ( Red Book of the Periannath ), La Chute du Seigneur des Anneaux ( The Downfall of the Lord of the Rings ), ou encore sous le nom de sa principale copie le Livre du Thain ( Thain's Book ), il doit son nom à sa couverture rouge et au fait qu'il est censé avoir été redécouvert dans la Marche-de-l'Ouest de la Comté.

Composé de quatre volumes principaux que Tolkien aurait découverts, traduits, et édités sous la forme des romans et Le Seigneur des anneaux, ainsi que de ses légendes connues sous le nom de Silmarillion, le Livre rouge doit son inspiration principale au Livre rouge de Hergest, un manuscrit médiéval rédigé en gallois vers la fin du ou au début du siècle.

Et puis j'ai trouvé aussi, autour de ce Livre rouge, la contribution de Becca Tarnas, avec cette conférence donnée en mars 2014, "The Red Book and The Red Book: Jung, Tolkien, and the Convergence of Images".

A dire vrai, je n'ai pas encore eu le temps de la visionner, mais j'ai lu un texte de cette jeune femme dont je ne parviens plus à retrouver la source exacte. On peut consulter son site, qui est riche en références.

Je n'irai pas plus loin pour l'instant dans cette direction, mais on devine qu'elle est immensément prometteuse. Puisse-t-elle nous donner un peu de lumière après cette année noire, où la pandémie n'a cessé de sévir, où les totalitarismes ont renforcé leur emprise sur le monde, où la crise climatique continue sa marche en avant sans réelle réaction des gouvernements.

" Toute l'oeuvre de Tolkien, écrit l'historien William Blanc, est marquée par la volonté d'exorciser l'expérience traumatisante de la guerre des tranchées, non par la foi dans le progrès, mais par le désir de réenchanter le monde. Pour cela, il s'inspire nettement du concept cyclique du "Dieu qui meurt" auquel il croyait. Retrouver ce que la modernité a perdu passe pour l'auteur de fantasy par la création d'une nouvelle mythologie. Il esquisse ce projet dès le début du premier conflit mondial, en expliquant que ses amis du TCBS [ Tea Club and Barrovian Society] et lui, avant d'être en partie fauchés par la guerre, avaient "reçu une étincelle [...] qui était destinée à faire jaillir une nouvelle lumière, ou, ce qui revient au même, à faire jaillir à nouveau une ancienne lumière en ce monde." ( Le Roi Arthur, Un mythe contemporain, Libertalia, 2016, p. 315)

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* Jung est encore présent dans le dernier article, publié aussi ce jour, de l'ami Rémi Schulz, dans son Quaternité.


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