Magazine Journal intime

Train et d’autres amours VI

Publié le 05 août 2008 par Madelgado

1ère partie, 2e partie, 3e partie, 4e partie et 5e partie

Quand je l’ai vu s’éloigner, je me suis senti complètement détruit. Cependant, toujours avec le but de comprendre ce qui s’était passé, j’ai pensé qu’il y avait encore de l’amour dans tout ça. Ce fut donc que j’ai pensé à Grande Sertão : Veredas (roman de l’auteur brésilien João Guimarães Rosa). La vie est une marche, ce sont des chemins (A vida é um estradar, são veredas). À ce moment-là, en y pensant, j’ai su que j’avais besoin de lui donner ce bouquin, à n’importe quel prix.

Je suis sorti comme un fou à la recherche du livre. J’ai cherché dans toutes les grandes librairies de Paris, mais je ne l’y ai pas trouvé. La traduction existait, mais elle était épuisée, disait-il un de fonctionnaires. Je cheminais sans espoir par le Quartier Latin quand je suis passé devant une librairie lusophone. Je suis entré, j’ai posé la question sans trop d’enthousiasme et j’ai reçu une réponse qui m’a déconcerté.

Oui, j’en ai un. Le dernier.

Combien ?

Huit euros.

Parfait. Cette fois-là je n’ai pas hésité. J’ai acheté le bouquin et je suis rentré chez moi vite fait. J’avais déjà tout une lettre écrite pour elle en tête.

De 15 pages ! Et en français !

Le lendemain, je lui ai passé un coup de fil.

Bonjour, ça va ?

Bonjour. Ça va, et toi ?

Ben… je voudrais te voir.

Moi aussi.

Je t’ai acheté un cadeau.

Ah bon ?

Ouais. Je suis passé toute la journée hier à la recherche, jusqu’à le trouver.

Lol, et pourquoi tu ne viens pas chez moi me le rendre ?

A quelle heure ?

Écoute, je suis très occupée aujourd’hui. Je prépare tout pour partir à Londres, mais vers 17h ça me ferait plaisir de te recevoir. On pourrait prendre un café ou tasse de thé ou n’importe quoi.

D’acc. À 17h pile j’y serai. Gros bisous.

Pour toi aussi.

À 17h j’y étais déjà. Cela ne pourrait pas être différemment. Depuis le moment de l’appel jusqu’à l’heure de frapper sur sa porte, je ne faisais que penser à elle, à son parfum, à sa bouche, à sa peau. J’étais sûr qu’elle était la femme de ma vie.

Avant que la porte soit ouverte, je suais froid déjà, avec les paumes umides, très nerveux en attendant sa réaction.

Je suis entré. La porte d’entrée conduisait directement à la cuisine. La maison était complètement à l’envers, notamment à cause de déménagements.

Tu veux t’assoir ?

Hum… franchement je ne sais pas.

Pourquoi t’es nerveux ?

J’pas.

J’ai menti, c’est clair. Je savais parfaitement pourquoi j’avais les nerfs à la gorge.

Tu veux du thé ?

Oui, merci.

Je ne pouvais plus attendre. J’avais besoin de lui rendre le cadeau que je lui avais acheté.

Alors, je voulais te rendre le cadeau. Je sais qu’il se peut que tu ne le lises jamais, ou qu’il se perde au milieu des allées, retours et déménagaments de ta vie, mais je voudrais te le donner quand même. C’est un auteur dont j’aime trop. Pour moi, l’un des meilleurs livres jamais écrits. Et je pense qu’il s’agit un peu de notre histoire…

Merci beaucoup. Dès que je peux, je vais le lire. Je te le promets.

Et…

Elle a ouvert le livre et a trouvé la lettre qui y était dedans.

Tu m’as écrit une lettre ?

Oui…

Et elle dit quoi ?

Faut que tu la lises pour savoir.

Elle s’est mise à la lire.

Non. Pas maintenant. Lis-la quand tu seras sur le train ou n’importe où, quand tu auras le temps. En plus, je voudrais pas que tu la lises devant moi.

Pourquoi ? Elle dit quoi ?

Si jamais tu la lis, tu vas découvrir.

Je la lirai aujourd’hui le soir.

Bon, je crois que je pars déjà. J’ai vu que t’as plein de choses à faire et je veux pas te déranger.

Ay, si j’avais pas besoin de partir demain matin, ça m’aurait fait plaisir que tu restes.

Je comprends. C’est pas grave.

Vraiment désolée.

Excuse-moi. (j’ai dit ça en pensant que je ne suis pas allé avec elle à Amstelveen la première fois).

Moi, je m’en vais donc.

Nous nous sommes pris l’un dans les bras de l’autre et avons commencé de nous séparer. Les deux ne le voulions pas. Mais il était su que dans un moment ou autre il aurait fallu que je m’en aille. Elle allait partir définitivement.

J’ai pris du courage et suis parti.


suite…


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