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Septembre 1938 – Accords de Munich

Publié le 29 décembre 2021 par Perceval

Jean Luchaire, qui fréquente toujours les bureaux ministériels, lors des ministères Chautemps, sous des visites cordiales, s'ouvre à l'un ou l'autre dont Lancelot sur ses critiques du Front Populaire et en particulier envers la politique sociale démagogique communiste. Il veut soutenir les politiques d'apaisement, dit-il de Chautemps, Bonnet et Paul-Boncour.

Septembre 1938 – Accords de Munich

Le directeur de Notre Temps, sent la guerre se rapprocher, mais - dit-il - on peut l'éviter si on s'arrange avec l'Allemagne et si la France prend de l'assurance ( forte de son Empire) : la France doit reprendre le travail !

Daladier et Georges Bonnet au quai d'Orsay, lui redonnent confiance... Leur voyage à Londres et la volonté britannique de ne pas garantir l'indépendance de la république tchèque conforte Luchaire.

Nos services de renseignement, s'accordent avec Bonnet, pour demander à Luchaire de rester en contact avec Abetz ( qui a épousé la secrétaire de Luchaire en 1932) , afin de connaître l'état d'esprit de Ribbentrop et d'Hitler...

« Dans les huit jours qui précédèrent la conférence du même nom [Munich], Abetz vint à Paris et reprit avec moi les contacts interrompus depuis si longtemps. A ses yeux, comme aux miens, il fallait éviter le conflit menaçant ; je fis de mon mieux pour ma part auprès de mes amis politiques, notamment auprès de Georges Bonnet, Ministre des Affaires étrangères, Eugène Frot, Gaston Bergery, Anatole de Monzie et Pierre-Etienne Flandin. Ces efforts ne furent pas vains, comme on put le constater la semaine suivante ( Interrogatoire Luchaire, Nice, 02/07/1945, p.16.). »

Septembre 1938 – Accords de Munich
Jean Luchaire

Luchaire pense que huit français sur dix, refusent la guerre, par ''mauvaise conscience'' envers l'Allemagne, victime de Versailles ; nous ne pouvons plus tenir cette politique internationale tendue depuis vingt ans.

Les opinions politiques britanniques se satisfaisaient que la France empêtrée dans un socialisme ( finalement moins dangereux qu'elles craignaient...) ne pouvait plus espérer dominer l'Europe ( même du haut de ses colonies..) ; mais elle reste belliciste, aussi pensent-ils, pourquoi ne pas laisser les Français, ou encore mieux les Russes, livrer bataille en Europe...

Les français pensent que la Grande-Bretagne - à l'abri derrière la Manche - nous laisse le risque de la sécurité en Europe; cependant elle reste notre principal allié, et il n'est pas judicieux de s'en détacher. Quant à l'Urss, si elle n'est pas avec nous, elle sera contre nous, mais Daladier craint d'alarmer l’Allemagne, face à ce qu'elle appellerait une tentative d'encerclement...

Chamberlain rejette l'idée de ''grande alliance de Churchill '' et la proposition soviétique d'une conférence internationale. Chamberlain semble disposer à négocier avec Hitler, mais refuse une alliance avec Staline.

Après l'annexion de l'Autriche, Hilter s'est tournée du côté de la Tchécoslovaquie avec le rattachement des sudètes au Reich. Or la France a signé en octobre 1925 à Locarno un pacte d'assistance avec la Tchécoslovaquie et la Pologne contre une éventuelle agression allemande. L’Angleterre décide de négocier, mais Hitler élève ses exigences ( encore plus, et plus vite … !)

Le 24, la France décide une mobilisation partielle.

Sur la ligne Maginot, les troupes françaises sont en état d'alerte.

André Weil, comme diplômé de l'École normale, est versé dans le cadre des officiers de réserve. En septembre 1938, il voit se préciser des risques de guerre... Il n'est pas prêt à mourir pour un conflit absurde, selon lui. Il écrit « ...je me sens aussi loin des pacifistes inconditionnels que des patriotes intransigeants, s'il en reste, ou bien des gauchistes fanatiques ».

Il part en pays neutre, la Suisse, puis envisage d'émigrer aux États-Unis. Il invoque un prétexte quelconque ; il y restera deux jours...

La Guerre est là ! La France doit répondre à ses engagements

Mussolini propose une conférence...

** 29 - 30 septembre 1938: accords de Munich. ( sans la Tchécoslovaquie, sans l'Urss …)

Septembre 1938 – Accords de Munich
Daladier acclamé - 30sept 1938 - Retour de Munich

Les quatre puissances décident de la cession immédiate des Sudètes à l'Allemagne. La Tchécoslovaquie n'a pas participé aux négociations. Hitler proclame la fin de ses revendications européennes...

Daladier et Chamberlain sont, chacun, accueillis triomphalement. La Paix est saluée : Léon Blum, dans Le Populaire du 1er octobre : « Il n'y a pas un homme et pas une femme en France pour refuser à Chamberlain et à Daladier leur juste tribut de gratitude. La guerre est écartée. Le fléau s'éloigne. On peut reprendre son travail et retrouver son sommeil. On peut jouir de la beauté d'un soleil d'automne. Comment ne comprendrais-je pas ce sentiment de délivrance puisque je l'éprouve ? »

La chambre des députés ratifie l'accord : ont voté contre les 73 députés communistes, un socialiste Jean Bouhey, et un député de droite Henri de Kérilis.

Emmanuel Berl affiche sa satisfaction que l'on ait évité la guerre de justesse. Quelques-uns de des amis de la NRF, le condamnent. Au nom de l'ant-fascisme, la polémique s'écrit entre ''Les Pavés de Paris'' ( de Berl) et, Julien Benda et Schlumberger de la NRF.

Septembre 1938 – Accords de Munich
Gide et Benda, congrès des écrivains, 1935

Berl veut vaincre Hitler par la paix, et non par la guerre,

Berl ajoute que sa revue (les ''Pavés de Paris'') a été fondée pour démasquer et pour déjouer le complot ourdi contre la paix par les agents directs, ou indirects, ou avoués, ou secrets du Komintern.

Daladier entretient une confusion volontaire entre ''réfugié'' ( tchèques, allemands, autrichiens ou espagnols) et agents communistes. Loi du 12 novembre 1938 pour « le contrôle absolu à l'accès sur notre territoire » prévoit un internement administratif des « indésirables étrangers »/

Berl soutient cette politique, que les réfugiés soient juifs ou non.

Au moment de Munich, après une hésitation due à ses convictions pacifistes qui le rangent d'abord du côté munichois, Mounier ne tarde pas à rejoindre le camp des anti-munichois. Fabrègues, en revanche, reste hostile à tout conflit menaçant la civilisation occidentale et se montre délibérément favorable à Munich.

Emmanuel Mounier réagit et parle de « la félonie Daladier-Chamberlain ».

Fabrègues qui avait préparé sa valise en cas de mobilisation est rassuré, au contraire : «  s’il n’y a pas de trop gros incidents guerriers en Tchéco-Slovaquie et si le parti juif de la guerre qui se démène en France ne parvient pas à nous affoler, si. (comme il est actuellement certain) l’Angleterre est décidée à maintenir la paix et la France décidée à modeler son attitude sur celle de l’Angleterre, il ne doit pas y avoir de guerre européenne. » Et cela, même s'il considère avec Maulnier que l'empire français, l’empire britannique, et un jour ou l'autre la puissance industrielle des Etats-Unis, font que nous avons « dix fois plus d’atouts que l’adversaire encore aujourd’hui ». Mais la guerre moderne serait trop destructrice, et mettrait en péril la civilisation..


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