Magazine Journal intime

La mer, qu'on voit danser… (part 2)

Publié le 05 août 2008 par Anaïs Valente

Ostende.  Son port, ses bateaux, son casino, sa mer, ses mouettes, ses touristes et son Mac Do.  La meeeeeeeeeeer, nous voilààààààààà !

Rien que de savoir que j’y suis, je me sens bien.  Trop contente de la revoir, la mer.  Passque l’an dernier, je l’ai pas vue.  Et si ça tombe l’année d’avant non plus.  Je crois que la dernière fois que j’ai vu la mer c’est en mai 2006, soit avant la création de ce blog.  Je sais, c’est pas raisonnable.

Nous longeons d’abord le port, où le Mercator semble avoir disparu.  Bizarre autant qu’étrange.  Tout ex-enfant belge qui se respecte connaît d’abord Ostende via son Mercator et son horloge en fleurs, non ?  Enfin, chais pas, mais moi c’est ce à quoi me fait penser Ostende.  Alors si y’a plus de Mercator… ben c’est bête. Soit.

Nous continuons notre route vers la plage via le marché aux poissons et aux plats de crustacés et de faux morceaux de crabe qui ne viennent pas du crabe.  C’est ça le progrès ma bonne dame, des morceaux de surimi à forme de crabe, à couleur de crabe, mais sans la moindre molécule de crabe, comme le Canada Dry.

Derrière une boutique de poissons, des dizaines de mouettes et de goélands (jamais su faire la différence) se disputent des morceaux de poissons énormes, qu’il aurait fallu couper au préalable.  Trop peu de morceaux pour trop de volatiles.  Et impossible pour eux de s’envoler avec le poisson.  Alors ça crie et ça râle ferme.  Je me croirais au bureau lors des grosses crises et des disputes mémorables.  Nous observons un long moment les bestiaux qui crient, mortes de rire.  J’adore les mouettes.  Et les goélands.  Enfin les unes ou les autres.  C’est beau.  C’est rond (ah ben oui, pour un oiseau, c’est plutôt rond non ?).  C’est majestueux.  Et ça fait penser à la mer.  Et puis j’ai lu et écouté et vu Jonathan Livingston le goéland.  Alors j’aime.

Nous cherchons un endroit où manger, passque l’hypoglycémie est proche.  Apercevant un Mac Do, je propose de nous y sustenter en vitesse avant de regagner, enfin, la plage.  Adjugé.  Deux portions de frites, un hamburger poivré, un Fanta et six nuggets de poulet plus tard, sus au sable pour moi et au cuistax pour ma filleule.  Le cuistax était en effet pour elle le but ultime de cette virée à la mer.  J’ai proposé d’en prendre un pour deux.  Elle a proposé d’en prendre deux pour deux.  J’ai proposé d’en prendre un pour une, et d’aller, en l’attendant, glander sur le sable.  Adjugé. 

Je m’installe donc sur mon essuie, au pied de la banane, notre repère.  Et je me gave de la vue sur mer.  Et sur population.  Un couple d’amoureux très enrobés, que je surnomme pastèques.  Trois amis mâles, grands et fins, que je surnomme asperges.  Phase fruits/légumes, je sais.  Une famille nombreuse profite du moment présent.  Euh, je les surnomme… salade de fruits.  Quelques parasols, quelques pare-vent, beaucoup de demi-tentes genre igloo, protègent les carpettes humaines affalées sur le sable.  Une fillette entièrement nue joue.  Elle rit.  Transporte du sable dans sa petite pelle.  Le dépose ailleurs.  Et rit encore.  Je ris de la voir s’amuser, petite chose potelée qu’elle est encore.  Elle profite de la vie, sans songer à rien d’autre.  Un cerf-volant ondule dans le ciel, telle une grosse méduse.  Le soleil se fait timide mais le vent est léger.  J’ai bon.  Le moment est parfait.  Je me retourne et vois ma filleule qui passe et me fait un signe.  Parfait, je vous dis.

Je me lance ensuite dans la contemplation de la mer.  Infinie.  C’est extraordinaire, non, cette infinité ?  Je songe à l’époque où l’on ignorait que la terre était ronde, ou toutes les hypothèses étaient émises pour imaginer ce qu’il pouvait bien y avoir, là-bas, au bout de l’océan, où la terre était vue comme plate, comme une galette se terminant d’un coup d’un seul.

Une galette…  Tiens, j’ai faim.  Et un petit biscuit, un.  Je ne lis pas.  Je ne dors pas.  Je veux profiter de chaque instant.  La regarder.  M’en imprégner. 

La fillette nue repasse, une grosse grappe de raisins verts dans sa petite main.  Elle se met ensuite à chasser le coquillage.

Après une demi-heure à scruter le va-et-vient des vagues, je m’affale enfin, et je lis.  Moment divin.  Livre divin.  Température divine.  Calme divin.

Seul bémol : outre cette séance d’observation, j’imagine le pire durant la virée cuistax de la petiote : accident avec morceaux de corps dispersés sur la digue, enlèvement par un pédophile ostendais amateur de fillettes de 11 ans, abandon de l’engin à pédales suivi de son vol et d’une énoooorme amende pour moi, tache de gras sur nouveau jean.  Mais elle revient entière, non kidnappée, non tachée, et munie de son cuistax, que nous ramenons à bon port.

Nous regagnons ensuite notre emplacement sur la plage, pour une séance d’observation de pieds.  Les miens, grands, maigres, terminés d’orteils longs et poilus.  Les siens, ridés.  Elle a les pieds ridés, c’est elle qui le dit.  Son nouveau surnom, made by Anaïs : pieds de Shar Pei.   Séance photo de nos pieds, de nos têtes, de nous.  Une photo de moi est réussie.  Alléluia.  Sans doute car on ne me voit qu’à moitié, mais je l’aime bien cette photo de moi.  Les photos d’elle sont toutes parfaites.  Nous rions, nous jouons avec l’appareil photo, nous mangeons. 

Tiens, il pleut.  Quelques gouttes à peine.  Signal du départ.  Ça tombe bien, il est temps pour nous de regagner la gare, ce que nous faisons par la mer, pieds dans l’eau, coupés par des centaines de bouts de coquillages.  Argh, keske chuis douillette.  L’eau est agréable, presque tiède, du moins sur les pieds, car m’y glisser toute entière, pas pour tout l’or du monde. 

Petite pause pour essuyer nos jambes trempées et nos pieds ensablés.  Deux amies, au loin, se sont protégées par une bâche vert pomme.  Il pleut un tantinet plus maintenant.  Il est vraiment temps de rentrer.  Sur le chemin du retour, les mouettes sont toujours là, attendant les prochains morceaux de poisson.  Puis l’absence de Mercator.  Et enfin la gare, où nous attend déjà le train.

Suite du récit… jeudi, même heure.

(Deux photos issues de nos petits délires)

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