Matin de rien du tout…

Publié le 20 janvier 2022 par Ivanoff @ivanoff

Connaissez-vous ces matins paresseux où l’aiguille pointe midi avec un « tic tac » plein de reproches ? Ces heures lentes qui s’égrènent et qu’on regarde passer sans envisager quelque activité. Quelle aubaine que ces matinées balbutiantes qui peinent à s’occuper et se prélassent en regardant la journée s’installer. Seule la musique retient mon attention et me mène à son pas, si je vaque ici ou là, ce ne sont que brassées de vent qui soulèvent et reposent aussitôt un peu plus loin toute velléité d’efficacité !

Je traine voluptueusement ma flemme en laissant mon regard embrasser mon cocon douillet, chaque objet reprend ses singularités, réveille ma mémoire, me souvient de son histoire ouvrant un carnet de rêves qui m’emportent là où pour quelques instants ni le temps ni les distances n’ont plus d’existence. Puis un autre bibelot à son tour happe mon coeur et m’entraine encore ailleurs, les effluves d’un café fumant me ramènent à une réalité gourmande, première gorgée, première douceur de tous mes jolis matins engourdis ou carburant amarescent des aubes laborieuses…

La maison alanguie pendue aux basques de mon humeur, s’étire en grinçant de tous ses gonds, craquette en gondolant portes et boiseries, couine : « à l’huile ! » pour ses serrures meurtries d’arthrose… Elle me conte fleurettes avec son bouquet de tulipes posé sur la table basse, primesautières comme elles se présentèrent au premier soir où elles me furent offertes, épanouies sous un rayon diaphane échappé des nuages, elle se doute pourtant qu’elle n’obtiendra rien de ce matin languissant, mais enjôleuse, elle présente sa liste des « choses à faire » sans conviction, sait-on jamais ?…

De guerre lasse, elle me laisse à mes songes et retourne dans les siens, patiente et bienveillante, elle laisse la poussière s’affaler sur tout rebord à sa portée, et l’araignée tricoter sa toile, un point à l’endroit, un autre à l’envers, elle sera guirlande de janvier puisque toutes les autres s’en sont allées reposer jusqu’à ce qu’un autre Noël pointe le bout de son nez…