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Marc Blanchet / Tristes encore

Publié le 27 janvier 2022 par Angèle Paoli

VIEILLIR

Photo: Le Monde

Quelqu’un vient vers vous.
Vous en faites un visage
Et vous avez raison.
Vous admettez ensuite
Qu’il ait un corps
Et devenez ami de son nom.
Suivent de nombreux jours ensemble.
Vieillir devient deux visages.
Enfin ce sont des funérailles.
Elle arriva à la dernière heure
Et bien sûr eut raison.

*

J’étais nu – mille ans passent.
J’étais nu.
Des incendies et la lande morte.
J’étais nu.
De grandes eaux arrivèrent.
Tout était promis – chacun de vous
Sait qu’il faut des genèses, non ?
Seulement
Seulement aucun ne fut là à me vêtir.
J’étais chaussé de sable.
Le mieux toujours est de tomber à terre
Tracer quelque chose.
Ce fut le commencement.

*

Une éclaircie au soir.
Le trajet d’un rapace
Au-dessus de l’onde.
Tous ces signes que l’on ne voit pas
À l’image des vies qui passèrent.
Aucune n’est la nôtre.
Et pourtant dans ce qui s’efface
On jurerait que c’est soi.

MARC BLANCHET

Marc Blanchet, Tristes encore, Le Manteau et la Lyre, Obsidiane, 2022, pp. 17, 27, 41

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M A R C   B L A N C H E T 

MARC BLANCHET

                        Source

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