Les buffles du Serengeti
Un dessin de 2016, 25 X 40 cm, portemines 0,3 mm B, HB, H, 4H, et portemine 0,2 mm B pour le pointillisme ajouté en 2020.
La superbe photo de Nick Brandt, qui a m'inspiré ce dessin, est parue dans "Across The Ravaged Land", troisième volume de sa trilogie photographique dévoilant un monde naturel en voie de disparition, à travers les animaux de l'Afrique de l'Est.
Quand il prend une photo d’animal, Nick Brandt veille à ce qu’il soit au mieux de sa forme, de son être profond. Il s’approche de plus en plus près, jusqu’à respirer son odeur, partager son intimité. Il se refuse à utiliser des longues focales : "On ne fait pas le portrait d’un être humain au téléobjectif en imaginant rendre un peu de son âme. Alors, j’attends, des heures, des jours, des semaines. J’y puise une exceptionnelle quiétude."
Loin du monde, la nostalgie d’un monde qui disparaît ne le quitte pas. Il voudrait fixer à jamais cette "beauté déchirante qui s’évanouit peu à peu tragiquement sous nos yeux". Il veut avoir l’impression que l’animal se présente de lui-même, qu’il pose, comme un acteur méditant sur son passé au soir de sa carrière.
Nick veut montrer les animaux en train d’être, tout simplement, avant qu’ils ne soient plus. Pourtant, aucun de ses clichés - des moments parfaits d’une plénitude hors du temps - ne transpire les dangers qu’il dénonce : "En 1995, j’ai fait pour la première fois le trajet de Nairobi à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, en passant par le sud du Kenya, dans des zones non protégées. J’ai vu des girafes, des zèbres, des gazelles, des impalas, des gnous. Treize ans plus tard, j’ai refait le même parcours. Et pendant quatre heures de route, je n’ai pas vu une seule bête sauvage. Non que les animaux aient migré ailleurs. Ils ont été éradiqués, transformés en viande."
Nick Brandt rêve d’un monde réconcilié : "A mes yeux, toutes les créatures de cette planète ont le droit de vivre à égalité – humains, éléphants du Serengeti ou vaches de l’élevage industriel. C’est la raison pour laquelle je prends ces photos. J’espère que vous verrez ces animaux, ces non-humains, comme je les vois, c’est-à-dire pas très différents de nous." Pas de détail documentaire, très peu de violence ou d’action dans les photos de cet artiste. Ses sujets apparaissent apaisés. Brandt dit qu’il leur tire le portrait comme il le ferait avec des êtres humains. Pour capturer leur force de vie, leur esprit.