Magazine Journal intime

1) L’arrivée chez Mahtte, éleveur de rennes…

Publié le 06 août 2008 par Anne-Sophie

J’ai passé 24h avec des éleveurs de rennes. Et oui 24h c’est très peu ! Et pourtant cela m’a paru une éternité…

Laissez-moi vous raconter ce qui a été le “clou” du voyage et ce qui s’est passé, ben… je ne m’y attendais pas du tout !

Avant cela, je voulais vous signaler avec fierté (!) qu’un article sur les Sàmis, rédigé par moi-même, et paru dans la revue “Le Nouveau Consommateur” de cet été ! J’ai été particulièrement “cash” dans cet article, écrivant les réelles motivations du projet. Je fais aussi un petit appel à témoin sur Archi-Vert !

Donc si vous avez suivi le périple, je suis maintenant près du Cap Nord où je dois frapper à la porte de Mahtte (prononcez Marti) Niillas Gaup, jeune éleveur de rennes, dont le numéro m’a été donné par Juhan, un jeune Sàmi qui m’a pris en stop à Kautokeino. Je suis à la fois ravi et complètement flippé parceque c’est une rencontre importante, je le sens…

1) L’arrivée chez Mahtte, éleveur de rennes…

Je sors donc mes bagages de la voiture, dis au revoir à celle qui m’a prise en stop et me dirige vers la porte. Je frappe. Une femme vient m’ouvrir, une quarantaine d’année. “Bonjour je viens voir Mahtte…“. La femme est reparti dans la maison sans un mot. Que faire ? Je rentre, il fait chaud. Je tends la tête et découvre un poele à bois, des vêtements qui pendent au-dessus, un salon, silence. La femme est assise sur une chaise. Un homme est allongé sur le canapé. Je le regarde “Mahtte ?“. “Non, je suis son père“. Pas un mot de plus. Ils me sourient tous les deux. Je suis planté là, encore dégoulinant de pluie de la veille. Je sais pas ce que je dois faire, je m’assois, je m’assois pas? Je pose mon appareil photo, j’en lève mes vêtements et je m’assois. Le père de Mahtte se redresse, s’assoit comme s’il était dans son Lavvù, sans toucher le sol.

1) L’arrivée chez Mahtte, éleveur de rennes…

Je suis Matyas, j’avais rendez-vous avex Mahtte, est-ce qu’il est là ?“. “Non, il est pas là“. Silence. “Il doit être avec des filles !” Et les deux se mettent à éclater de rire. Je me sens mieux, je me réchauffe de l’intérieur. En réalité, je me sens même très bien. J’aurais dû penser à partir puisque Mahtte n’était pas là, mais non, nous étions là et nous nous regardions, drôle. Je me présente, nous commençons à parler. “Mahtte nous a dit que vous vouliez voir les rennes ? Ils sont parti plus loin aujourd’hui“. Et le père répond à mes questions après que je me sois présenté.

Il me sort des cartes et me dessine les différentes étapes de la migration, m’explique comme ça se passe, quel est leur territoire d’été…Dans son ton de voix, je ressens une extrême douceur et gentillesse enrobée d’une confiance en soi et d’une simplicité d’être. Dans sa voix résonne “je suis là, présent“. Incroyable les fréquences de cette voix. Je le regarde, nous nous regardons, il a presque la tête d’un Inuit. Ses yeux sont bridés. Ils sont d’une puissance!… Plus je le regarde, plus ils me fascinent. La phrase qui me vient en le regardant c’est “Rooted in the ground“. Oui cet homme est “enraciné dans le sol“. Foudroyant.

La mère amène des morceaux de viandes dans un bol. “C’est du renne séché“.

J’adore. Nous parlons longuement quand descend de l’escalier un jeune homme, costaud comme pas possible. “Voila le frère de Mahtte, Juhan“. Nous nous saluons. “Allez Juhan, vient pratiquer ton anglais !”. Tout le monde rigole. Il s’assoit avec nous et mange aussi du renne séché en guise de petit dej. Un autre jeune homme rentre aussi, un ami du frère, tout blond. Ils me posent tous des questions comme si je venais d’une autre planète. Les questions tournent autour de ce que je fais, de ce que je suis, si j’ai une famille, des enfants, si j’ai des photos de mon chez moi… L’ambiance est joyeuse, surtout lorsque je dis avoir vu un “Moose”, un élan, que je décris sans bois, et que tout le monde me regarde dubitatif en ayant compris “Mouse” ! Une souris avec des bois, mais il est fou !


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