Lorsque
notre esprit nage dans les flots des excès de boisson, non seulement il devient
la proie d'images passionnées, formées pendant le sommeil par les démons, mais
encore, il se fabrique lui-même des visions pleines de charmes, il se complaît
avec ardeur dans ses propres fictions comme s'il en était amoureux. En effet,
du fait que les organes de l'union physique s'échauffent sous l'effet de la
chaleur du vin, il s'ensuit nécessairement que l'esprit se représente l'ombre
aimable de sa passion. Il convient donc d'éviter, par un usage modéré de la
boisson, le dommage causé par ses excès. Car, lorsque l'esprit reste étranger
au plaisir d'où viennent les images séductrices du péché, il reste à l'abri des
représentations imaginaires et surtout il ne tombe pas dans la lascivité.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.