Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 5,1-11.
En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.»
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)
prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église
Homélie sur la cananéenne, 10-11 (La prière, Cahiers de La pierre qui vire, Desclée de Brouwer, 1954, p. 176-177)« Désormais ce sont des hommes que tu prendras »
Je n’ai pas persuadé aujourd’hui mon auditeur, mais peut-être le ferai-je demain, peut-être dans trois ou quatre jours ou dans quelques temps. Le pêcheur qui a jeté inutilement ses filets pendant un jour entier, prend quelquefois sur le soir, au moment de partir, le poisson qu’il n’avait pu prendre pendant le jour. Le laboureur ne laisse pas de cultiver ses terres, quoiqu’il n’ait pas eu de bonne récolte pendant plusieurs années ; et, à la fin, une seule année répare souvent et abondamment toutes les pertes antérieures. Dieu ne nous demande pas de réussir, mais de travailler ; or, notre travail ne sera pas moins récompensé parce qu’on ne nous aura pas écoutés. Il y a plus : le diable cesse-t-il de tenter chacun des fidèles, parce qu’il prévoit que plusieurs seront sauvés ? Voyez avec quels soins, quelle infernale persévérance, quelle détestable sollicitude il poursuit l’âme jusqu’à ce qu’on ait rendu le dernier soupir : jusque-là il ne désespère pas, et vous croyez, que votre évêque ne fera pas pour sauver votre âme ce le diable fait pour la rendre ? Le Christ savait bien que Judas ne se convertirait pas et pourtant jusqu’à la fin il voulut tenter sa conversion, lui reprochant sa faute dans le termes les plus touchants : « Ami, pourquoi es-tu venu ? » (Mt 26,50) Or, si le Christ, le modèle des pasteurs a travaillé jusqu’à la fin à la conversion d’un homme désespéré, que ne devons-nous pas faire pour ceux à l’égard desquels il nous est donné d’espérer ?