Une feuille rousse vole au vent et se pose sur le sentier de terre battue. Elle n’y restera pas longtemps, d’autres risées vont la faire voyager. Elle accepte sans rechigner ces itinéraires dont seul le souffle du vent a la décision. Mieux vaut ces voyages improvisés que stagner et pourrir d’ennui sous la pluie ou s’assécher sous la chaleur des étés, bouger fait voir du pays. L’esprit n’y rumine plus ses contrariétés, bien trop occupé à découvrir de nouveaux paysages et croiser d’autres verdures en vadrouille. Ainsi la feuille d’automne à qui l’on prédisait une bien morne solitude loin de son arbre dépouillé, loin de s’en laisser conter et démoraliser, a choisi de se laisser trimbaler au petit bonheur la chance. Elle a bien compris qu’elle n’avait pas le pouvoir de freiner les saisons, qu’il fallait raisonnablement accepter d’en être l’otage toute sa vie. Mais elle a trouvé sa liberté dans le caprice des courants d’air, le moindre zéphyr l’invite à danser, ainsi elle oublie au moins pou un temps, son exil et sa tristesse. La feuille ainsi garde quelques jolies couleurs pour affronter les reste de ses jours comptés, certes, mais virevoltants à souhait.
Le cours d’une vie est imprévisible, quelques soient les inclinaisons qu’elle puisse épouser, la sagesse sait reconnaitre celles sur lesquelles une prise est possible pour en modifier la tournure, pour le reste le plus grand des conforts est de se laisser guider, la force réside parfois dans l’acceptation toute simple, qui est la clef d’autres portes à pousser, d’autres itinéraires à explorer… C’est un des atouts de qui a le bonheur de vieillir, si voyager forme la jeunesse à grande enjambées, c’est aussi l’art de nourrir l’âge où cheminer se fera à tout petits pas… Mais persistera.
« Chaque fois que tu sentiras le vent, c’est moi qui vient t’embrasser ». De David Servan-Schreiber. Dans « On peut se dire au revoir plusieurs fois ».