Il pleuvait à Hanoï ce soir-là
& tu rentrais chez toi
sous les arbres penchés de la ville
aux feuilles luxuriantes gorgées de songe
traversant la valse indolente
des pousse-pousse
le vacarme insolent des scooters
zigzaguant entre les passants.
Il pleuvait à Hanoï ce soir-là
& derrière la vitre d'un café colonial
quelques vieilles dames chantaient
élégantes
dansant lentement sur elles-mêmes
sous l'écran d'un karaoké.
& tu rentrais chez toi
longeant les trottoirs aux pavés luisants
dans les halos jaunis des réverbères
tu rentrais chez toi
ni plus, ni moins qu'ailleurs.
Clément Bondu, " Chant V, Orient " in Nous qui avions perdu le monde, Éditions La Crypte,2021, p.81