Septembre 1939 – La Guerre

Publié le 01 février 2022 par Perceval

Nos services, continuent leur travail sur la machine ''Enigma'' utilisée par la Wehrmacht pour coder leurs messages. Cette mission est conduite par Gustave Bertrand un officier du 2e bureau, et se trouve bien engagée avec les révélations, d'un de nos espions allemands, Hans Thilo Schmidt, qui nous avait fourni les notices d'utilisation...

Enigma

Le 24 juillet, à Piry ( Pologne), l'anglais Denniston et Bertrand récupèrent des modèles construits par les polonais, avec l'aide de la documentation allemande. Au château de Bois-Vignolles, au sud-est de Paris, une petite équipe de cryptomathématiciens se met au travail...

Lancelot s'intéresse de près à ce travail, et en rend compte au ministère. Bertrand a l'autorisation d'associer les anglais, puis les polonais. Le colonel Louis Rivet ( le patron) encadre les échanges. Les 9 et 10 janvier une réunion très secrète avait pu réunir les meilleurs spécialiste du ''code'' et du décryptement.

Alors que nous essayons de reproduire plusieurs machines, Enigma reste inviolable...

Luchaire est déçu du Reich, de l'annexion tchécoslovaque ; mais ne veut pas remettre en cause le rapprochement franco-allemand : ce serait folie que de s’entre-tuer, dit-il. Abetz, fin juin 1939, est expulsé. Luchaire est encore en manque d'argent, et souffre d'une lésion tuberculeuse au poumon droit. Il part au sanatorium d'Assy en Haute-Savoie. Notre Temps a interrompu sa publication en juillet 1939.

Depuis avril 1939, André Weil et sa femme sont en Finlande. A Helsinki, ils louent une maison proche du mathématicien finlandais Rolf Nevanlinna et de son épouse Il entrevoit la possibilité de visiter Kolmogorov en URSS, si c'est possible ; de plus, en cas de guerre avec l'Allemagne, il resterait à l'écart, sa vocation étant de faire des mathématiques, pas la guerre ! ...

Au cours du mois de juillet 1939, Bonnet et nos négociateurs se décident à presser Londres d'accepter les conditions soviétiques pour un accord entre la France, le Royaume-Uni et l’URSS.

Et, le 23 août : l’URSS signe avec l’Allemagne un pacte de non-agression auquel est ajouté un protocole secret portant sur un partage de la Pologne entre l'Allemagne nazie et l’URSS et sur l’annexion des pays baltes et de la Bessarabie par l’URSS. Hitler souhaite jouer la sidération, et prévoit une attaque rapide en Pologne, pour une fois de plus, s'imposer sans réaction de notre part.

Dans l'entourage du Führer, on craint la guerre. Les conservateurs prévoient la nécessité de négocier, et peut-être même l’effondrement du régime hitlérien.

Le 24 août : la mobilisation partielle ( deux échelons de réservistes) est décrétée en France. Bonnet est le seul à ne plus penser la guerre inévitable.

Le 27 août : les polonais ne veulent pas céder, l'Angleterre serait prête à flancher. La France tient. C'est la guerre ou céder. Des troupes anglaises débarquent dans le nord de la France.

Le 30 août : L'évacuation des écoliers de Paris avec leurs instituteurs, a commencé. Les parisiens sont inquiets, mais la majorité pense que les choses finiront par s'arranger, ''tout le monde bluffe''.

Le 31 août au soir, Daladier provoque une réunion, où il tient la fermeté face à Bonnet, et lit un courrier de l'ambassadeur Coulondre « L'épreuve de force tourne à notre avantage, il faut tenir... »

** 1er septembre 1939, 4h45, le cuirassé allemand vise le poste militaire polonais à Westerplatte et tire. L'Allemagne nazie envahit la Pologne. La Mobilisation générale française est décrétée.

Le 3 septembre :l’Allemagne rejette les ultimatums britanniques (11 h) et français (17 h). Le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Un voisin fait observer que c'est aujourd'hui l'ouverture de la chasse.

Mobilisé , Lancelot, comme cadre spécialiste est ''affecté spécial '' dans le même emploi. Son ministre demande qu'il reste en civil, afin de ne pas être ''contaminé'' par les militaires ; alors que les civils du SR sont à présent théoriquement sous les ordres des officiers. L'Etat-major prend sous sa responsabilité l'ensemble de la lutte intérieure et extérieure contre l'espionnage ennemi.

Cependant Lancelot, reste attaché directement au ministre de la Guerre et de la Défense nationale, c'est à dire Daladier, ou de son sous-secrétaire d'état, Hippolyte Ducos. Ducos, à l'accent rocailleux, est un helléniste agrégé ; radical il incarne une tendance conservatrice.

Le film '' L'Espoir'', que Malraux souhaitait voir sortir en salle pour septembre, sur la pression de l'ambassadeur de France à Madrid, Philippe Pétain, est interdit de distribution,

 Le 17 septembre : les troupes soviétiques envahissent l’est de la Pologne conformément aux clauses secrètes du Pacte germano-soviétique.

Luchaire a reçu la nouvelle de la déclaration de guerre dans son sanatorium d'Assy en Haute-Savoie.

En octobre, il est à Paris, et s'installe avec sa famille au 53 avenue des Ternes. L'une de ses filles, Corinne est devenue célèbre, depuis la sortie du film ''Prison sans barreaux'' sorti en 1938.

Eveline Weil rentre en France le 20 octobre 1939.

André Weil est resté en Finlande ; il travaille pour Bourbaki sur l'intégration. Le 30 novembre 1939, au cours d'une promenade, André tourne autour d'un bâtiment réservé à la défense anti-aérienne... Repéré, il est interrogé. On trouve sur lui, des documents russes, et d'autres avec d'étranges signes ( notes Bourbaki) qui sont assimilés à des documents codés au profit de l'URSS. Il est suspecté d'espionnage ; il est arrêté, incarcéré.... Au même moment commence l'invasion de  la Finlande par l'Union soviétique

Prévenus par Simone, le mathématicien et doyen de l'université d'Helsinki Rolf Nevanlinna ( par ailleurs membre du ''mouvement patriotique '' nationaliste et anti-communiste...), tente de son influence pour le disculper. Reçu à l'ambassade de France, André doit expliquer son séjour et reconnaître qu'il est en situation irrégulière quant à sa mobilisation... L’ambassade exfiltre André Weil du pays et le ''dépose'' en Suède, où il doit passer en Norvège puis en Angleterre, où Lancelot le récupère, il est chargé de le ramener en France. André Weil n'échappe pas à son incarcération, pour insoumission, d'abord au Havre puis à la prison de Bonne-Nouvelle à Rouen.