Jean de Fabrègues accompagne Thierry Maulnier et son groupe ''Combat'', au cours de conférences, le premier parle de la Civilisation française, et le second expose ses « raisons de combattre pour le vrai nationalisme contre l’argent, le vrai socialisme contre la démocratie »
Notre spécificité française serait peut-être notre attachement à des valeurs nationales spirituellement chrétiennes. Elle est aujourd'hui menacée par les dictatures de l’hitlérisme et du stalinisme. A Esprit, Combat et Civilisation, on partage le même souci de régénérer la vie politique et les institutions...
Mais, finalement, ces réunions chez Lipp ou aux Deux-Magots, ne produisent pas grand chose... Au Café Méphisto ( bd Saint-Germain), ce sont des militants de Combat, avec Brasillach, qui se retrouvent régulièrement.
Même après Munich, on voit le mal, surtout dans la politique intérieure.
Lancelot craint, chez ces jeunes gens, que la haine de la démocratie, soit plus forte que la haine de l'ennemi nazi... L'un des signes, étant de la part de Jean Luchaire, Bertrand de Jouvenel, et Thierry Maulnier - dernièrement lors des conférences ''Rive gauche'' ( librairie de Henry Jamet ) - leur recherche de proximité avec Otto Abetz.
Drieu avait adhéré, pas longtemps, au ''frontisme'' de Bergery. Puis, Drieu s'est affirmé comme fasciste : il aspire à faire naître '' l'homme nouveau''.
Vers 1936, au PPF, Doriot prétendait au rassemblement national, se tenait à distance de l'antisémitisme et du nazisme, et fustigeait les bellicistes soutenus par l'URSS. Seulement, Doriot a perdu ses soutiens populaires, et ses postes de maire et de député... En septembre 1938, il a approuvé les accords de Munich, affiché son antisémitisme : Bertrand de Jouvenel a démissionné du PPF. Plus tard, Drieu aussi, déçu de Doriot, et d'Hitler...
A présent, Drieu retrouve ses activités littéraires et sa maîtresse Christiane Renault ( l'épouse de l'industriel ), dans des chambres de grands hôtels, où il trouve silence et calme.
Lancelot se demande finalement, si Munich n'est pas le retour à la réalité. La guerre étant une éventualité crédible...
Maulnier préfère semble t-il oublier l'actualité et écrire avec son amante Dominique Aury, une Introduction à la poésie française, qui au détriment du romantisme fait la part belle au XVI, XVIIe oubliés et au XXe.
Séance du 4 février 1939: Deux thèses ( Cavaillès et Lautman ) de la plus haute portée ont été récemment soutenues devant la Faculté des Lettres de l'Université de Paris sur la philosophie des Mathématiques considérées au point de développement qu'elles ont actuellement atteint.
Jean Cavaillès et Lautman, vont tous les deux s'engager résolument dans la Résistance, risquant puis payant de leur vie un choix existentiel... Quelle est donc cette philosophie qui les a soutenus ?
S'étaient-t-ils déjà engagés dans un chemin qui les conduisaient vers cette décision ; ou est-ce la situation qui s'est imposée, ne leur laissant pas de choix... ?
Pour Cavaillès, l'engagement semble s'imposer sans commentaire, par ''nécessité'' ( Spinoza) ; pourtant il est inséparable de sa philosophie ( en chantier).
S'interroger sur la raison des ''choses'', et réagir avec raison... Les mathématiques sont un modèle ; et parler philosophie, c'est alors parler des mathématiques, ce qui n'est pas aisée pour les philosophes non matheux. La question touche la logique : cette philosophie doit être soumise à la logique des mathématiques.
Oui, mais... Les deux disciplines ne sont pas sous-tendues par le même intérêt de la part des chercheurs. L’intérêt mathématique n’est pas l’intérêt philosophique.
Théorie des Jeux - Dilemme du prisonnierLe mathématicien développe ses connaissances par la raisonnement, pas par l'expérience : il s'agit d'une croissance par l'intérieur ( endogène). La philosophie souhaite produire des connaissances avec le même degré de certitude.
Kant écrit : « On peut donc apprendre la philosophie sans savoir philosopher. (…) toute philosophie est connaissance rationnelle par simples concepts tandis que les mathématiques sont une connaissance rationnelle par construction des concepts. » ( Critique de la raison pure ...)
(...)
« La connaissance philosophie considère donc le particulier seulement dans le général et la connaissance mathématique, le général dans le particulier et même dans le singulier, mais cependant a priori et au moyen de la raison ... »
N'y a t-il pas un lien à faire entre histoire des mathématiques, et philosophie des mathématiques ?
Cavaillès pense que les mathématiques s'opposent aux formalismes et au logicisme. Les mathématiques ne peuvent se réduire à la logique. A quelle loi obéit le progrès des mathématiques ?
Cavaillès semble préférer la philosophie, à la mathématique, en ce qu'elle est raisonnement logique orienté par ce qui lui donne du sens.
Et si « la géométrie n'a jamais sauvé personne », l'engagement répond à la nécessité de la conviction, avec pour seul fondement la non-contradiction ( et non pas le mystère religieux).