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6 Décembre 1938 : Traité d'amitié franco-allemand

Publié le 14 janvier 2022 par Perceval

Au ministère, Lancelot est témoin d'une politique de réarmement depuis l'été 1936, avec un programme dit des "14 milliards", et qui dépasse de 40 % les demandes de l'état-major. Il est complété par des constructions navales et le lancement d'avions de combat qui portent l'effort à 40 milliards de francs. Une troisième tranche de dépenses militaires est décidée en décembre 1936. L'ensemble du projet, étalé sur quatre ans en principe, doit doubler le potentiel de défense française.

Ici, chacun pense qu'Hitler impose une épreuve de force ; et que notre préparation est purement défensive et doit avoir une fonction dissuasive.

6 Décembre 1938 : Traité d'amitié franco-allemand
Réarmement allemand

Par plusieurs ouvrages, des conférences et des contacts permanents avec les autorités politiques , le colonel de Gaulle (1890-1970) tente de promouvoir une armée professionnelle ( Léon Blum est hostile à l'armée de métier) et motorisée. Il insiste en vain, sur la nécessité de constituer de grandes unités autonomes blindées plutôt que de disperser les chars au sein d'unités tactiques. Il obtient le soutien de Paul Reynaud.

Le Renseignement britannique ( IS), comprend que nos deux pays sont liés et souhaite une coopération plus forte sur le décryptement des communications, et plus particulièrement concernant une machine Enigma, fabriquée en Allemagne, qui se présente sous la forme d'une machine à écrire, sauf que la lettre frappée est remplacée par une autre toujours différente, le mécanisme est constitué de plusieurs rotors.

Les Polonais ont réussi à en avoir le modèle, mais ne peuvent ''casser'' la clef et demandent l'aide des français... Depuis huit ans, ils travaillent ensemble, en vain et décident de s'associer avec les anglais.

6 Décembre 1938 : Traité d'amitié franco-allemand
Gaston Bergery

Bergery avait créé le ''frontisme'' en 1932 ( Front commun contre le fascisme”), et avait séduit un temps, des gens comme Robert Aron, Claude Mauriac ou Edgar Morin, séduits par sa réponse à une actualité brûlante ; mais après Munich, cette possibilité apparaît exclue pour beaucoup...

Lors de l'Anschluss ; il interrogeait: violence illégale, mais qu'elle autre solution l'Europe propose t-elle ? Pour ce qui était de la Tchécoslovaquie, Bergery assurait alors, qu'il était nécessaire de faire obstacle à la prétention nazie ! Puis, il a défendu l'amputation territoriale de la Tchécoslovaquie en la tenant pour justifiée par le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Munich, paraît comme une humiliation, mais une réponse préférable à la guerre.

Bergery se défend : la France ne peut faire de menace qu'elle ne peut mettre à exécution ; par contre elle peut proposer une négociation d'ensemble. Il soutient Bonnet.

Une rumeur court dans les milieux ''informés'' concernant une agression allemande contre l'Ukraine ; ce qui ne va pas pour lui déplaire.

Après l'occupation de la Tchécoslovaquie, s'il accompagne les menaces de guerre, il n'en soutient pas moins qu'il est d'autant plus nécessaire de proposer un plan de paix à Hitler ; quitte à le menacer d'une alliance avec l'URSS.

Bergery n'est pas à court d'idées pour proposer un régime qui se démarquerait du communisme et d'un nationalisme agressif ; mais Lancelot – dans ses fréquentations mondaines – ne voient pas en lui l'homme providentiel qu'il rêverait pouvoir incarner... Il n'a pas la foi brutale, n'a pas le comportement du chef charismatique ; Lancelot apprécie son esprit souple, son goût du paradoxe et le plaisir de la discussion que les frontistes partagent...

Comment rassembler après Munich ? Bergery ne fait pas confiance aux vieux partis, et finalement semble se rapprocher du fascisme... Drieu le rejoint pour d'autres motifs, bien plus personnels, attachés à la décadence qui l'obsède, et à la force qui lui semble se dégager des fascismes.

6 Décembre 1938 : Traité d'amitié franco-allemand
La_Croix jeudi 8 décembre 1938

Le mardi 6 décembre 1938, a lieu en présence de M. de Ribbentrop et M. Bonnet la signature du Traité d'amitié franco-allemand.... Lancelot se trouve au Quai d'Orsay et vers 17h00, il est dans le salon de l'Horloge en compagnie de M. et Mme Detœuf; pour profiter d'une coupe de champagne après cette cérémonie... M de Ribbentrop - extrêmement droit - lit une déclaration en français, presque sans accent. Le ministre allemand est ensuite entouré d'une cour française impressionnante, nos ministres semblent bien seuls... Les époux Luchaire présentent leur fille Corinne, à qui L'Universum Film AG va offrir début 1939, un contrat au cachet impressionnant et des perspectives de vedettariat...

Depuis quelques temps, Eugène Feihl attaché de presse à l’ambassade s'est chargé de cadeaux faits à des personnalités françaises : distribution de stylos, étuis à cigarettes en or … Il est chargé aussi de faire savoir que l’ambassadeur allemand a reçu instruction de son gouvernement que M. de Ribbentrop ne pourrait pas rencontrer certaines personnes...

Aussi, au dîner du quai d'Orsay, où sont invités des représentants de la haute société parisienne, et les officiels du Comité France-Allemagne, sont exclus les ministres et politiques juifs...

En effet, les membres juifs du gouvernement, les ministres Jean Zay et Georges Mandel, ne furent pas invités. On dit que Mme Campinchi, Herriot, Jeannenay refusèrent d’y assister en signe de protestation.


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