<< Poésie d'un jour
" mon petit pull sans manches "
Au café du coin
louche
on descendrait ensemble
Matin dans les demains
On parlerait des langues
On apporterait des bouteilles
des paquets de biscuits
aux arrivés du kiosque
Sous les marronniers
on serrerait les mains on porterait
des cœurs pleins
On croiserait le regard de cette femme
ciel ouvert
et sa traversée jusqu’à nous
On aurait honte
On aurait honte
Et puis la honte nous porterait plus loin
On se gratterait le nez
On boirait une bière avec les arrivés
À l’ombre
On remonterait la couverture sur la joue
du kid aux cheveux gras de sable
On regarderait nos mains
et les veines dans nos bras
On verrait que nos corps sont écrits
sont
des cartes
se prolongent
On couvrirait à peine
nos espoirs
Pluie brûlante rongeant branches
fragiles
Dessins furtifs en contrejour
on remonterait de la ville
le soir
sans aller dans ta chambre
Chacun on aurait
nos chansons à écrire
des pas de danse
poèmes à faire à dire
pour ces gens
des rires à ramasser en gerbes
Je laisserais là
autour de ton cou
pour la prochaine
pour le Quand se revoir
à la mémoire des cœurs exsangues
hardis
mon petit pull sans manches
Frédérique Cosnier, « Tachycarde » in Ubique, La Clé à mollettes, Voix dans l’orme, 2021, pp. 46,47, 48,49,50