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Les pages…

Publié le 25 février 2022 par Ivanoff @ivanoff

L’automne se faufile discrètement entre deux nuages qui, mine de rien ont légèrement voilé la lumière, les rayons du soleil ont déposé leurs paillettes sur les feuilles roussies, l’herbe une dernière fois use ce qui lui reste d’énergie pour narguer la tondeuse déjà remisée.

Un petit vent léger agite les branchages épuisés, il tourne la page de l’ été pour mieux écrire celle d’une arrière saison qui hésite encore à s’installer sous les soubresauts d’une météo lunatique. Pourquoi faudrait il ne plus parler des beaux jours sous prétexte qu’ils ne sont plus, ou plus de la même façon ? Pourquoi l’été ferait il de l’ombre à l’automne ?

Toutes les saisons sont belles, je ne comprends pas cette injonction qui voudrait qu’on n’évoque plus le passé pour mieux passer à autre chose. L’un n’empêche pas l’autre ! Si je vous parle encore d’eux, c’est parce qu’Ils ont dessiné une partie de ce que je suis aujourd’hui, je ne peux effacer un pan de ma vie pour vous faire plaisir, et si vous estimez que les évoquer encore après plusieurs années m’empêche, comme vous dites, « d’avancer », c’est parce que vous n’avez rien compris à l’importance des évènements qui contribuent à nous modeler !

Je suis fatiguée d’avoir à me justifier de ma façon de vivre mes deuils !

Le souvenir, au même titre que le renouveau, construit le Présent, quoique vous en pensiez, il n’est pas nécessaire d’avoir vécu des chagrins pour s’en convaincre, un peu d’imagination devrait suffire. Je parle d’Eux parce que si mes jours ne sont plus les mêmes qu’Avant, ils ont quand même de très jolies couleurs que j’aime évoquer tout autant. Écoutez bien tout ce qui se faufile entre les mots, si vous y percevez de la nostalgie vous n’aurez pas tort, mais avec un peu d’attention et de bienveillance, vous y trouverez bien d’autres choses… Regretter qu’une saison s’achève n’empêche en rien d’accueillir la suivante avec curiosité et optimisme. Tourner la page ne signifie ni gommer, ni effacer, ni oublier ! Quel sens aurait donc la lecture sans la mémoire du début de l’histoire ? C’est bien tous les feuillets d’une vie qui lui donnent son « épaisseur » , quand on respecte un livre, on tourne ses pages délicatement en évitant de les froisser ou de les déchirer, pourquoi faudrait-il que je me brusque pour vous paraitre aller bien ?

J’ai aimé chaque seconde de ma vie et je n’en voudrais aucune autre, même sans chagrins, car ce sont eux aussi qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, mes bonheurs ont fait remparts en me forgeant de quoi faire face et poursuivre ma route sans devoir en ignorer certains de ses paysages barbelés, longés au fil des années. Du chemin j’en ai fait, mon sac à dos n’a jamais été trop lourd à porter, ni ne m’a freiné… Bien au contraire, il est rempli de conseils avisés, d’expériences profitables, de sourires et d’amitiés réconfortantes, d’espoirs et de discernements.

C’est ainsi que je réussis à rester en équilibre sur le fil de ma vie, si je regarde droit devant moi rien ne m’interdit d’user aussi d’un rétroviseur, gage, vous en conviendrez, de sécurité… Le moment présent n’existe que parce qu’il fut Passé et deviendra Avenir…


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