Gérard Engelbach / L'Incendie

Publié le 27 février 2022 par Angèle Paoli

<<Poésie d'un jour

NOIRS ÉCHAFAUDS dressés dans la lumière
-Je roule avec les morts, je m'insurge avec eux-
Villes, têtues sous les tambours de pierre,
Les piques, les fumées.

SURGIE dans un matin
-Les tombes sèches renversées, le gai langage
En mouvement parmi les cimes-
Bourrue et tendre comme un chêne,
Ourlée comme une vigne,
La vérité des armes.

LE FLEUVE AGRESTE des chansons dans les étages,
Des meules dans les chambres,
Des craquements de bête sous l'armoire.

L'étang sous les baies rouges,
Qu'il affleure, dormeur sombre,
Sous les plinthes !


Dans l'air docile une maison gravite.

J'ai ressaisi le fleuve,
À la bouche écumante j'ai livré mon sort.

Lavé, drossé, grêlé par les embruns,
Je gronde sous l'approche.

Apre vaisseau je m'enfuirai
Parmi les bêtes.

LES ARBRES de nouveau, les rives débondées
Clament, s'ébrouent.
Accompagne, accompagne,
Guerroyeur, ô poète,
Ce monde en marche vers la terre !

Gérard Engelbach, L'INCENDIE, Mercure de France, 1971, pp.9,10,11,12,13

_____________________________________________________________________________________________________________________________________

→ (sur → (sur G É R A R D E N G E L B A C H

■ Voir aussi ▼
Wikipedia) une notice bio-bibliographique sur Gérard Engelbach
Recours au Poème) Gérard Engelbach, poète trop effacé