Il arrive que les enseignants aient, entre eux et dans l’intimité de la salle des profs, d’autres sujets de conversation que les élèves. Entre la machine à café et les photocopieurs, il y a certes encore largement « ça serait quand même bien que la mère de Lucienne laisse sa fille se débrouiller seule » ou « t’as vu les progrès de Martine ? » ou « quelqu’un sait pourquoi Yvan est absent depuis huit jours ? ». Mais il y a surtout désormais « il est devenu incontrôlable, et c’est ce qui fait peur », « je ne sais pas comment parler de la menace nucléaire aux gamins », « je croyais vraiment qu’il s’arrêterait au Donbass », « a priori, ses bidasses, ce ne sont pas des flèches, c’est pas rassurant », etc. Bref, Poutine occupe nos conversations, monopolise nos récrés, et génère une angoisse sourde face à laquelle le covid semble une bien petite chose. Dans dix jours, on vire pourtant les masques. Cette perspective ne parvient même pas à nous réjouir.
Pour sourire quand même, nous pouvons toujours ré-écouter La java des bombes atomiques de Boris Vian :