Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.
En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean Cassien (v. 360-435)
fondateur de monastère à Marseille
De la science spirituelle, chap. IX ; SC 54 (Conférences VIII-XVII ; trad. E. Pichery, éd. du Cerf, 1958 ; p. 194-195)« prompt à écouter, lent à parler » (Jc 1,19)
Soyez en tout « prompt à écouter, lent à parler » (Jc 1,19), de peur que la remarque de Salomon ne se vérifie à votre sujet : « Si tu vois un homme prompt en paroles, sache qu’il y a plus d’espérance dans l’insensé qu’en lui. » (Pr 29,20 LXX) N’ayez point la présomption d’enseigner rien à personne, que vous ne l’ayez d’abord pratiqué vous-même. C’est l’ordre que Notre Seigneur nous apprend à suivre par son exemple : « Il faisait, puis il enseignait » (cf. Ac 1,1), est-il dit de lui. Prenez garde, en vous précipitant à enseigner avant d’avoir pratiqué, d’être mis au nombre de ceux dont le Seigneur déclare à ses disciples, dans l’Évangile : « Ils lient des fardeaux pesants et impossibles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt. » (Mt 23,4) « Celui qui viole l’un des moindres commandements et se mêle d’enseigner les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux. » (Mt 5,19) Mais alors, que sera-t-il fait de celui qui ose enseigner les préceptes nombreux et plus graves qu’il néglige ? Ce n’est plus assez de dire qu’il est le dernier dans le royaume des cieux ; il gagne la première place au supplice de la géhenne. Gardez-vous donc de vous laisser entraîner à donner des leçons aux autres par l’exemple de quelques-uns. Ils ont acquis de l’habileté à discourir, une parole aisée qui semble couler de source ; et parce qu’ils savent disserter élégamment et avec abondance sur tout sujet qu’il leur plaît, il passent pour posséder la science spirituelle aux yeux de ceux qui n’ont pas appris à en discerner le véritable caractère. Mais c’est tout autre chose, d’avoir quelque facilité de parole et de l’éclat dans le discours, ou d’entrer jusqu’au cœur et à la moelle des paroles célestes, et d’en contempler du regard très pur du cœur les mystères profonds et cachés. Ceci, la science humaine ne l’obtiendra pas, ni la culture du siècle, mais la seule pureté de l’âme, par l’illumination du Saint-Esprit.