Les ateliers autour de la TSF ont du succès. Tout ce qui concerne la radiodiffusion est sensible : une réglementation spéciale, en zone non-occupée, concerne les émetteurs qui sont sous contrôle du gouvernement de Pétain ; et en zone occupée, tout poste émetteur doit être remis aux allemands, sous peine d'être accusé d'espionnage ou de trahison...
Avec la radio nationale de Vichy ; il y a Radio-Paris qui diffuse à nouveau, mais sous contrôle allemand. Et bien sûr, chacun connaît à présent, Radio-Londres qui émet à partir des studios de la BBC ; mais son écoute se doit d'être clandestine...
Les contacts avec l'appui de René Cosse, permettent à Lancelot, de récupérer et d'acheter des petits matériels électroniques pour les ateliers de radio, comme le cuivre, les bobinages, les vieilles lampes, condensateurs...
Il s'agit d'une initiation à la TSF, avec comme objectif, d'être à l'écoute de l'information ce qui en cette période, s'avère d'un intérêt essentiel à tous.
« Tourner le commutateur, allumer les lampes, faire ce geste qui après quelques secondes va me mettre en communication avec l’univers (…) C’est chaque fois la même émotion, le même frémissement, la même inquiétude, et la même surprise quand, venue de je ne sais où dans l’univers portée par l’air musical et vibrant, éclate tout à coup dans la chambre où je suis seul une voix inconnue et fraternelle ». Jean Guéhenno, en 1938
Je recopie les notes de Lancelot :
Fabriquer un récepteur nous permettra d'extraire le message sonore d’une onde porteuse ( on dit : en modulation d'amplitude AM ) émise par l’émetteur et propagée dans l’air jusqu’à nous.
- Il faut de la pierre de galène, un sulfure de plomb , qui existe à l'état naturel ; c'est un corps gris métallique, un cristal qui a une capacité semi-conductrice.
On enchâsse la pierre dans une coupole de laiton reliée à un fil, et on relie un autre fil à une petit pointe métallique qui viendra « explorer » la surface de la galène par l’intermédiaire d’un petit ressort qui facilitera le réglage.
- Nous avons besoin d'une bobine, et d'un condensateur variable ( CV) monté en parallèle ; pour s'adapter à la longueur d'onde que l'on veut recevoir. La bobine sera réalisée autour d'un petit tube en carton avec du fil fin en cuivre ; et le condensateur pourrait être composé d'une feuille de carton, taillée en secteur d'un quart de cercle, sur lequel est collé, sur les deux faces, une feuille d'étain revêtue d'une feuille de cellophane, le tout relié à la borne "terre", sachant qu'il doit pivoter dans l'entaille, elle même revêtue de deux feuilles d'étain collées sur deux secteurs de carton, et reliées à la borne "écouteur".
- Et, de quel courant avant-nous besoin, dites-vous ? - Aucun, aucune autre source d'énergie que celle reçue avec la très faible tension haute fréquence reçue par l’antenne.
- Il nous faut encore : une excellente antenne, des écouteurs sensibles aux faibles courants de l'antenne, et une bonne prise de terre pour évacuer le courant généré.
L’antenne sera constituée d’un fil de cuivre de 10 à 20 mètres tendu à l’extérieur ( camouflée par le fil à linge …!) , le plus haut possible et isolé à la fois des masses environnantes (murs, arbres, etc.) et électriquement par des isolateurs aux extrémités.
- A quoi sert la pierre de galène ? - Comme semi-conducteur, elle va permettre de démoduler le signal, et d'extraire le signal audio de l'onde porteuse...
Il paraît que l'on peut remplacer la galène par une patate coupée en deux, chaque 1/2 patate séparée de l'autre moitié par un film en cellophane ou une feuille de mica.
Revue - Toute la radio - fevr 1940Le circuit composé d'une bobine et d'un condensateur est appelé circuit LC :
Le circuit LC combine les propriétés des deux composants permettant le phénomène de résonance électrique.
Au moment où le courant entre dans le circuit, le condensateur est donc rempli d’énergie, alors que la bobine en est vide. On peut donc supposer un transfert d’énergie entre les deux réservoirs :
Lorsque la bobine est vide, elle “aspire” l’énergie électrique. Et lorsque le condensateur est vide, la bobine déstocke donc son énergie et recharge le condensateur. On appelle ce phénomène “résonance électrique”, qui se produit à une “fréquence de résonance donnée” :
Excité par l'intermédiaire des ondes radio, le circuit LC entre en résonance. La résonance se traduit par de fortes oscillations du courant et l'apparition d'une tension. Cette tension est utilisée par le poste à galène pour faire fonctionner les écouteurs.
- Le son est déjà une onde ; et pourquoi est-il nécessaire de la moduler ( au départ de l'émetteur) ? - Parce qu'il faut différencier chaque signal correspondant à une radio, et il faut la propulser sur une longue distance... Il faut donc passer en haute fréquence, ceci par modulation d'amplitude ( AM).
Notre récepteur, doit permettre au signal de revenir de “l’état modulé” à un “état audible” ; c'est le rôle d'une diode, ici la galène.
- Qu'est-ce qui permet de choisir la radio, que l'on veut écouter ? - C'est le condensateur ; en faisant varier la surface commune entre deux armatures ( on fait varier sa capacité), on sélectionne la tension maximale qui pourra passer, c'est à dire l'amplitude de l'onde et ainsi choisir la radio. Si le circuit LC ne sélectionne pas assez, on entendra deux émissions en même temps...