Une page se tourne

Publié le 21 mars 2022 par Sophiebib

 Après 20 années passées à m'occuper d'une bibliothèque de réseau d'une grande ville*, après 20 années à tenter de proposer aux usagers ce qui se rapprochait le plus de leurs pratiques culturelles, après tout ce temps à innover, inventer, défricher, manager, gérer, .. 

Et bien, je quitte mon poste pour.... 

Aller faire la même chose ailleurs ! Enfin, la même chose oui dans le sens ou je vais continuer à étudier, analyser les pratiques culturelles pour faire en sorte que la bibliothèque reste un lieu de d'information, de culture, de loisirs, ... Un lieu ou l'on a envie d'aller ! Un lieu qui fait partie du quotidien, un lieu qui compte... 

C'est pas gagné, ça ne l'a jamais été et ça le sera encore moins demain pour beaucoup de bibliothèques laissées exsangues par ce virus, pour lesquelles il s'agit, en plus, de conquérir de nouveaux publics, de faire revenir aussi celleux qui ne viennent plus depuis 2019 ! 

Bref, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre, le dernier (peut être ;-) d'une carrière que je trouve déjà bien remplie, tant j'ai appris et évolué. Si je regarde 30 ans en arrière, je mesure le chemin parcouru, je suis déjà un dinosaure, moi qui ai connu les bibliothèques sans l'ombre d'un ordinateur (mais qui ne saurait plus m'en passer ;-) 

On a l'habitude de dire dans ces cas-là "j'ai fait le tour",  non je n'ai pas fait le tour, cette bibliothèque et ce réseau réservant toujours son lot de surprises. Bien sur, je ne quitte pas mon poste sans regrets, j'y ai aimé tellement : mes collègues, le public, les projets que j'ai portés, mais j'y ai tellement détesté aussi : mes collègues, le public, ... (:-)  Hé oui, 20 ans d'une vie avec un métier ou l'investissement est quotidien, parfois (souvent, de plus en plus) compliqué, reflet d'une société où la nuance a disparu, où le vivre ensemble est.... Bref.

Ce nouveau poste c'est l'occasion d'un retour aux sources, la ville ou je suis née, la ville pointée du doigt comme une "no go zone" par les urbains métropolitains qui lorsqu'ils doivent traverser le fleuve vont chez les pauvres ! (je l'écris car je l'ai lu et entendu me faisant bondir à chaque fois)

De nouveaux défis à relever en perspective mais une certitude : je suis heureuse ! 

Mais, parce qu'il y a un mais :

LE VELO !  je n'aurais plus que 4 pauvres kms à faire au lieu des 44, loin de m'en réjouir c'est même ce qui m'a fait hésiter à prendre ce poste ! On m'a dit tu te rends compte de la chance que tu as ? Tu vas gagner deux heures par jour ! Et le pire on m'a soupçonné de prendre ce poste pour me rapprocher de chez moi ! Mais je ne vais rien gagner, je m'en fiche de travailler à côté, au contraire, ces deux heures elles étaient à moi, rien qu'à moi ! La forêt, la nuit, la pluie, le brouillard, les aubes, les lumières, les chevreuils, les sangliers, les chèvres, les poules, le lama, la Seine, Ma passerelle, ... Elles vont bien me manquer 

Peut être faudrait-il que j'envisage de déménager pour m'éloigner ? 


* Je m'imagine encore que personne ne sait où je travaille :-)