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Bégonias et babas au rhum (fin)

Publié le 08 août 2008 par Mbbs

Le 31 juillet, elle ne vint pas, il l’avait attendue tout l’après-midi mais elle ne s’était pas montrée. Il avait bien essayé de lorgner par le jardin, cherchant à détecter sa silhouette à travers les fenêtres de la maison, mais rien. Bien sûr, elle n’était pas obligée de venir, elle pouvait avoir autre chose à faire ou elle avait peut-être dû retourner chez elle mais elle le lui aurait dit…Il trouvait bizarre qu’elle le quitte sans explications. Il réalisait qu’il s’était attaché à ce petit rayon de soleil et qu’elle lui manquait.

Alors qu’il revenait de ses courses, il croisa Madame Martin. Il mourrait d’envie de lui poser la question mais une sorte de pudeur l’en empêchait. Ce fut elle qui s’arrêta à sa hauteur.
- Monsieur Marcel, je ne vous ai jamais remerciée pour le magnifique bégonia, il est de toute beauté.
- Oh ! ce n’est rien, la petite avait l’air d’être tellement ravie.
A ces mots, Madame Martin pâlit.
- La petite dites-vous, quelle petite ?
- Mais…Maude, votre petite-fille…car c’est bien votre petite-fille.
« Mon Dieu ! » s’exclama la dame, puis après un moment de silence « Monsieur Marcel, puis-je vous parler ? ».
Sentant que quelque chose de grave se préparait, Monsieur Marcel, mal à l’aide acquiesça. Elle proposa d’aller chez elle et le reçut dans un salon où photos et souvenirs prenaient toute la place. Alors qu’elle s’était absentée pour chercher des rafraichissements, il étudia les photos et en trouva plusieurs de Maude. Il en choisit une, celle où l’enfant posait au milieu d’un champ de fleurs.
- Vous avez raison, c’est la plus jolie, la plus tendre, celle qui met en valeur ce si beau sourire qu’elle avait.
Marcel se retourna.
- Avait ?
- Ma petite-fille est morte il y a de cela 10 ans exactement aujourd’hui, je revenais du cimetière quand je vous ai rencontré.
Marcel tombe littéralement dans le fauteuil, effondré et pâle, sous le coup de ce qu’il vient d’entendre. Dans un murmure il demande.
- Mais alors, j’aurais rencontré…
Il n’ose poursuivre.
- Son fantôme ? Oui, mais vous n’êtes pas le seul à avoir le privilège de sa visite.
- Pardon, que me dites-vous là ?
- Maude vient me visiter de temps en temps, quand je suis trop triste et repart quand je vais mieux. Elle a dû faire la même chose pour vous …mais vous êtes bien le premier à avoir eu ce privilège.
A ces mots, Marcel manque de s’étouffer. Madame Martin pose une main sur son épaule et poursuit.
- Nous avons des anges avec nous, des petits êtres qui nous protègent mais il faut le croire et nous ne sommes pas dans un monde où ce genre de croyance passe. Moi j’y crois et j’en ai eu souvent la preuve. Vous n’êtes pas obligé de faire comme moi mais je pense que si Maude vous a pris sous sa protection, c’est que vous en aviez besoin. Ne vous a-t-elle pas apporté du bonheur, quelque chose que vous n’aviez pas avant, vous a-t-elle empêché de commettre une bêtise ?

Des larmes coulent sur les joues de Marcel, il pense à lui, à sa vie et à ce qu’il allait en faire…Ils restent tous deux silencieux et finalement, Marcel pose sa main sur celle de Mme Martin, lève les yeux et son regard plonge dans le sien. Ils se sourient.


Remarque: Lidia, cette fin m'a été inspirée par un de tes derniers textes: L'ange. Merci.
http://effondrement.canalblog.com/


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