Le 31 juillet, elle ne vint pas, il l’avait attendue tout l’après-midi mais elle ne s’était pas montrée. Il avait bien essayé de lorgner par le jardin, cherchant à détecter sa silhouette à travers les fenêtres de la maison, mais rien. Bien sûr, elle n’était pas obligée de venir, elle pouvait avoir autre chose à faire ou elle avait peut-être dû retourner chez elle mais elle le lui aurait dit…Il trouvait bizarre qu’elle le quitte sans explications. Il réalisait qu’il s’était attaché à ce petit rayon de soleil et qu’elle lui manquait.
Alors qu’il revenait de ses
courses, il croisa Madame Martin. Il mourrait d’envie de lui poser la question
mais une sorte de pudeur l’en empêchait. Ce fut elle qui s’arrêta à sa hauteur.
- Monsieur Marcel, je ne vous ai
jamais remerciée pour le magnifique bégonia, il est de toute beauté.
- Oh ! ce n’est rien, la
petite avait l’air d’être tellement ravie.
A ces mots, Madame Martin pâlit.
- La petite dites-vous, quelle
petite ?
- Mais…Maude, votre
petite-fille…car c’est bien votre petite-fille.
« Mon Dieu ! » s’exclama
la dame, puis après un moment de silence « Monsieur Marcel, puis-je vous
parler ? ».
Sentant que quelque chose de
grave se préparait, Monsieur Marcel, mal à l’aide acquiesça. Elle proposa
d’aller chez elle et le reçut dans un salon où photos et souvenirs prenaient
toute la place. Alors qu’elle s’était absentée pour chercher des
rafraichissements, il étudia les photos et en trouva plusieurs de Maude. Il en
choisit une, celle où l’enfant posait au milieu d’un champ de fleurs.
- Vous avez raison, c’est la plus
jolie, la plus tendre, celle qui met en valeur ce si beau sourire qu’elle
avait.
Marcel se retourna.
- Avait ?
- Ma petite-fille est morte il y
a de cela 10 ans exactement aujourd’hui, je revenais du cimetière quand je vous
ai rencontré.
Marcel tombe littéralement dans
le fauteuil, effondré et pâle, sous le coup de ce qu’il vient d’entendre. Dans
un murmure il demande.
- Mais alors, j’aurais rencontré…
Il n’ose poursuivre.
- Son fantôme ? Oui, mais
vous n’êtes pas le seul à avoir le privilège de sa visite.
- Pardon, que me dites-vous là ?
- Maude vient me visiter de temps
en temps, quand je suis trop triste et repart quand je vais mieux. Elle a dû
faire la même chose pour vous …mais vous êtes bien le premier à avoir eu ce
privilège.
A ces mots, Marcel manque de s’étouffer.
Madame Martin pose une main sur son épaule et poursuit.
- Nous avons des anges avec nous,
des petits êtres qui nous protègent mais il faut le croire et nous ne sommes
pas dans un monde où ce genre de croyance passe. Moi j’y crois et j’en ai eu
souvent la preuve. Vous n’êtes pas obligé de faire comme moi mais je pense que
si Maude vous a pris sous sa protection, c’est que vous en aviez besoin. Ne
vous a-t-elle pas apporté du bonheur, quelque chose que vous n’aviez pas avant,
vous a-t-elle empêché de commettre une bêtise ?
Des larmes coulent sur les joues de Marcel, il pense à lui, à sa vie et à ce qu’il allait en faire…Ils restent tous deux silencieux et finalement, Marcel pose sa main sur celle de Mme Martin, lève les yeux et son regard plonge dans le sien. Ils se sourient.
Remarque: Lidia, cette fin m'a été inspirée par un de tes derniers textes: L'ange. Merci.
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