J'ai encore raté les soldes. Pourtant ça n'est pas faute d'avoir dédié dans les semaines précédentes tout mon temps de servitude disponible à cibler dans les magazines ce qui allait, quand je l'aurai arraché des doigts crochus des mégères à chiffons, faire pâlir de jalousie toutes mes amies de la tasspeï connekschöen. On est comme ça nous dans la mode, on s'adoooore au cutter autour d'une tasse de thé. On ne fait ni caca ni pipi, on est des icônes, on se reluque le look, on se sent bon sous les aisselles, on sort incogniti cachées mais pas assez par nos lunettes de soleil. C'est agaçant ce qu'on sucsite le désir de ces pauvres qui rêvent de porter nos paquets. C'est afligeant que sur les champs quand vient le temps des collections on soit contraintes par la foule de fouler le pavé sous les flashes des papa pas rasés. On fait envie, c'est ça les risques du métier. On fait envie, ça fait mouiller les caissières de supermarché, les chômeuses de la piste aux étoiles, la chair rose dont s'alimentent les réseaux pédophiles. Mais attention on est pas engagées, seule le look est politique. Par exemple j'adore pour ce qui me concerne porter ce petit top à l'éfigie du Che avec un slim made in Darfour. Mes copines disent que je suis folle d'afficher ainsi mes opinions. Mes opinions ? Elles sont toutes à l'identique de ma carte de crédit, bleue comme le ciel de floride , blonde comme le vent dans mes cheveux dénoués. Je ne vois pas ce qui peut choquer.
J'ai encore rater les soldes, dans mon dressing tout à l'air triste comme le jour