Concerto…

Publié le 02 avril 2022 par Ivanoff @ivanoff

Écoute ça Maman… Tu entends ça Papa ?… C’est un concerto que donne le vent dans les feuillages, le printemps rend plus douce sa musique, la sève nouvelle redonne chevelure aux arbres qui hier encore frissonnaient sous l’incertitude de Février, voilà que les branches chaloupent plus souplement sans les craquements crispés de leurs arthroses hivernales. Les corneilles « embrindillent » leurs nids accrochés au plus haut des marronniers. Écoutez les, qui pour une tige ou un petit rameau, se querellent à tire d’ailes leurs trouvailles champêtres !

Tu sais Maman, la matinée encore fraîche me souvient qu’il est encore bien trop tôt pour fleurir le jardin, quelques tulipes déjà narguent les flocons persistants, les pivoines à peine percent la terre sèche qu’elles doivent se contenter d’un soleil que les nuages ne veulent pas partager… Papa, comme j’aimais te voir déambuler dans la maison ou dans mon jardin, à remarquer tout changement que j’avais pu y apporter !

Regarde ça Maman, toi qui les aimais tant ses primevères dévergondés qui se mesurent toutes en couleurs aux frissons d’Avril… Les vois-tu ces « Perce-neige » minuscules qui se hissent vaillamment au-dessus de l’herbe encore endormie ? Et ces délicates violettes éparpillées entre les poussières et les reflets dorés de l’automne passé ? Comme ils te donnaient le sourire ces croquignolets bouquets ronds que t’offrait Papa et que tu abreuvais dans un petit vase conçu pour elles, précieusement je l’ai gardé, je pense à vous chaque fois que je le garnis de ces fleurettes à mon tour…

Qu’en dites-vous, mes bien-aimés, de ces années qui, inexorablement nous éloignent d’un Temps que nous ne soupçonnions pas si fugace… Restent nos souvenirs qui eux aussi s’afficheront bientôt en demi-teinte, mon enfance rayonne, faisait-il vraiment aussi beau avant, ou est-ce l’Amour qui la baignait qui en ruissellera pour toujours ?… Ce « monde » révolu me semble plus joyeux qu’aujourd’hui… Est-ce fioriture que la nostalgie ajoute pour en parfaire l’évocation ?

Dis Maman, c’était quand même mieux « avant » ?… Avant de grandir, de devoir faire face à tout ce dont Papa et toi me protégiez, sans vous… Me pardonnerez-vous de vous avoir cru éternels sans toujours savoir vous dire hier combien je vous aimais, une déclaration d’amour ne devrait jamais être remise au lendemain dont on ne sait de quoi il sera fait… C’est maintenant dans le grand silence de votre absence qu’inlassablement je vous le dis, comme si j’étais sûre que vous puissiez m’entendre, puisque le doute qui nous habitera jusqu’à notre dernière heure autorise ce fol espoir.

A Maman (Avril 2018) et Papa (Août 2007).