Éluard, Je ne suis pas seul
L a fille te tourne le dos. Visage en profil perdu,
orienté vers une surface d'un jaune, orangé : une
toile, une fenêtre ouvrant sur un jardin peut-être ?
Tu lui emboites le regard, posé sur ses cinq tiges
malingres couronnées d'une tache blanche. Des
perce-¬neige, l'épure d'une floraison ?
Statue que vient humaniser le mouvement du
cou, la tête penchée vers la droite, la chevelure
noire et drue, coupée court.
Non un robot mais une adolescente sportive. Le
corps musclé, modelé, aux fesses viriles, offre les
reliefs d'une sculpture, des pans d'ombres et de
lumières contrastés.
La nudité verte se dresse sur le bleu du sol et des
murs. Les à-plats vigoureux communiquent une
densité, une éloquence silencieuse, à cette peinture
à l'acrylique.
Elle donne à rêver, comme Paul Éluard.
Colette Nys-Mazure in Fenêtres sur jardin, 27 poètes, Anthologie initiée et dirigée par Lydia Padellec, La Lune bleue- Trouées poétiques