<<Poésie d'un jour
Photo : G.AdC
À cet arbre-là je m’arrête
ne pas tenter plus
déjà pas mal
félicitations
oh ! passé l’arbre
ça continue derrière
il y a toujours quelque chose
une apparition.
Le paysage ne finit jamais
on croit derrière l’objet vide
mais on avance dans l’image constituée
une apparition.
Magique
j’ai longtemps cru magique
le paysage interminable et continu.
Enfant je voulais attraper son vide
aller plus vite que l’apparition
aujourd’hui encore je veux le surprendre.
Après cet arbre je dis c’est fini je m’arrête
l’air de rien
puis hop ! le regard jeté en arrière
et l’image immédiate
la seconde d’avant inexistante
le vide c’est sûr c’était vide
désespérant
vain.
Le regard
ce grand ordonnateur du plein et de l’image et du volume
un surgissement.
Je préfère l’ombre le lavis la flaque.
Ne plus traquer le vide mais construire la vision par les ombres
jouer au puzzle avec ces flaques et tremper dans le flou.
Trop intimidant le net
la lumière au couteau
le surgissement de la montagne…
Estelle Dumortier, Où l’air ne chute pas, La rumeur libre Éditions, 2022, pp.27, 28.