Guy Lafleur est mort ce matin.
Tous ceux et celles qui l’ont connu racontent des anecdotes, apportent leur témoignage. Et pas que les gens du hockey. Ceux de l’Outaouais, ceux de la Petite-Nation, ceux de Thurso.
Et même moi, ce matin, en apprenant la nouvelle, ma première pensée fut :
« Si je demeure dans la Petite-Nation depuis cinquante ans, c’est à cause de Guy Lafleur. »
Septembre 1970, j'ai vingt ans, je suis au lac Simon (j’y viens l’été depuis 1956), je me prépare à entrer à ville Saint-Laurent où j’habiterai avec mon frère, puisque nos parents ont décidé de s’installer définitivement dans la baie de l’Ours. Armés d’un baccalauréat en pédagogie, nous décidons tous deux de poursuivre nos études à la nouvelle Université du Québec.
Mon père revient de Saint-André-Avellin où il a commencé à enseigner et nous donne des nouvelles de ses nouveaux collègues. Il se désole du départ de l’un deux, un professeur de français.
École à Saint-André-Avellin
Toute la nuit, je réfléchis à mon avenir et le matin, je décide de tenter ma chance. J’accompagne mon père à l’école, je rencontre le directeur Fernand Lauzon. Devant mon brevet A, il semble rassuré, il m’enjoint de me présenter à Buckingham où sont les bureaux de la commission scolaire régionale Papineau (ancien nom de Centre de services scolaire au Cœur-des-Vallées).Je signe mon contrat l’après-midi même.
Je rencontre celui que je remplace, je dirais plutôt celui dont je prends la suite: Normand Chouinard. Devant mon inexpérience, il a la gentillesse de m’offrir tous ses documents, sa «préparation de classe» pour plusieurs mois.
Tout juste le temps d’apprendre qu’il part et devient l’agent de... Guy Lafleur.
En tout cas, c’est le mot que mon souvenir a retenu. Mais j’ai beau chercher, Normand Chouinard ne semble pas avoir été son agent, mais son professeur privé. Celui qui lui a dit : « un jour, tu ne t’appartiendras plus, tu appartiendras au public. »
Qu’importe, c’est ainsi qu’à cause de Guy Lafleur, je demeure dans la Petite-Nation, depuis 1970.