Samedi 14 mai
16h : En attendant de recevoir mes invités pour arroser mon anniversaire (qui tombe en fait trois jours plus tard, mais j’aurais eu du mal à trouver des gens disponibles un mardi soir, c’est déjà assez difficile le samedi), je relis Le tour de Gaule d’Astérix, que j’avais emprunté à la bibliothèque universitaire pour les besoins d’une conférence. L’avantage, c’est qu’à la BU, ils ont les albums dans l’édition « Grande collection » : le grand format rend justice à la virtuosité du trait d’Albert Uderzo, et comme les planches ont aussi été re-colorisées, on peut enfin voir nettement certains détails qui ont pu échapper à la première lecture. Ainsi, je n’avais encore jamais remarqué, jusqu’à présent, l’arrière d’un char orné d’une plaque d’immatriculation en chiffres romains et d’un autocollant « G » imitant les « F » de nos automobiles actuelles… Tout le génie du duo Goscinny-Uderzo est résumé dans ce genre de clin d’œil ! Avouons qu’il aurait été dommage d’en priver la postérité, par Toutatis !
21h : Mes invités sont déjà partis : ayant quelques cartons et emballages à jeter, je descends directement au local à poubelles et je constate que la porte principale est ENCORE ouverte… Je la ferme, mais le temps de me débarrasser de mes déchets, les morveux qui jouent au ballon dans la cour la rouvrent ! Courroucé, je leur dis « Restez dehors ou rentrez, mais laissez cette porte fermée ! » Pour toute réponse, j’ai droit à un « Hein ? » qui me rappelle le guignol de Benjamin Castaldi… Découragé, je préfère ne pas insister. Et on se demande pourquoi je n’ai pas plus de relations avec mes voisins !
10h : La pluie salue mon réveil. Suis-je vraiment le seul à apprécier ce rafraîchissement bienvenu en cette période de chaleur, surtout avec la sécheresse qui menace ? Je n’ose le croire… En tout cas, le voisin d’en face n’aura plus d’excuse pour gaspiller la flotte en arrosant son jardin ! Purée, à force de critiquer mes voisins, je vais finir par prendre pour Achille Talon, à ceci près que je n’ai pas qu’un seul Lefuneste pour me consterner au quotidien mais toute une flopée…
Lundi 16 mai
20h : Relevant mes messages, j’apprends qu’une de mes anciennes profs adhère depuis peu à Amnesty International ; je ne peux que la féliciter, au même titre que tous les autres gens qui militent pour des causes impopulaires… Impopulaire, la cause des droits de l’homme ? Et bien oui : plus personne n’ose dénoncer les dictatures de peur de perdre des contrats commerciaux, les politiciens d’extrême-droite cartonnent un peu partout, les citoyens préfèrent l’illusion de sécurité à la liberté et réclament toujours plus de caméras de surveillance et de présence policière, on verse des larmes de crocodile sur l’Ukraine mais la dignité humaine est également bafouée en Syrie et en Afghanistan dans l’indifférence générale de nos pays nantis… Et je ne m’attarde pas sur la coupe du monde au Qatar, par pure charité ! Comme disait Marc Agi, biographe de René Cassin, quand je l’ai rencontré : l’humain n’est plus à la mode…
Mardi 17 mai
10h : J’ai 34 ans aujourd’hui. Malheureusement, la journée commence assez mal : je ne retrouve plus mon carnet de croquis, celui que j’avais entamé en dessinant les chanteurs du PL Le Gouill, et l’une des branches de mes lunettes se détache… Bien sûr, ce n’est pas dramatique, mais on a connu mieux pour débuter une journée où on serait censé être à la fête…
12h30 : Résigné à me passer de mon carnet et à porter des lunettes rafistolées au chatterton, je prends le bus, sans masque, pour la première fois depuis deux ans ! Est-ce ma contrariété matinale qui m’empêche d’apprécier comme elle le mérite cette libération, toujours est-il que je me sens le cœur tranquille et sec, comme à chaque fois que les choses fonctionnent normalement.
13h : J’arrive au Biorek. En attendant l’arrivée de mon camarade que j’ai invité à déjeuner, je discute avec le jeune patron du restaurant et nous en arrivons à parler du maire de Guilers : Alexandre ne manque pas de me faire part de l’indignation que lui inspire le fait que Pierre Ogor ait été réélu deux fois alors qu’il a inauguré son premier mandat en prenant le volant en état d’ivresse et en provoquant un accident qui a condamné un jeune homme à vivre en fauteuil roulant ! Quand j’ajoute qu’il a aussi coulé toutes ses affaires en tant qu’entrepreneur et qu’il a viré son fils du domicile familial sous prétexte qu’il était homosexuel, mon interlocuteur est à la limite de l’incrédulité, même s’il reconnaît que ça colle bien avec son personnage de roitelet arrogant et despotique… Et pourtant, c’est vrai : même en Finistère, au XXIe siècle il y a encore des communes où les gens pardonnent tout aux ivrognes, aux chauffards et aux mauvais gestionnaires tout en s’accommodant de l’homophobie la plus primaire… Je conclus en résumant ainsi : « C’est la France profonde, le Groland en vrai, en somme ! » Sauf que le Groland, à la télé, c’est drôle, tandis que dans la vraie vie… Vous m’avez compris ! Et on se demande pourquoi j’ai quitté Guilers…
13h10 : Mon commensal est arrivé. Tout en mangeant, nous parlons de choses et d’autres, dont son emploi du temps de l’après-midi : il est prévu qu’il se rende dans une boutique de téléphonie et fasse semblant d’être un client pour évaluer la qualité de l’accueil… En gros, on lui demande de faire le boulot du DRH en échange de quelques bons d’achat. Voilà comment les marchands de soupe profitent doublement de la précarité : ils font espionner leurs employés jetables par d’autres prolétaires qu’ils récompensent avec des miettes. C’est comme les questionnaires de satisfaction client mais en pire… J’approuverai le procédé le jour où les patrons accepteront eux aussi de se faire évaluer à leur insu, mais ce n’est pas pour demain !
14h30 : Risquant un coup d’œil au rayon presse du Leclerc, j’y cherche en vain un journal traitant de la nomination d’Elisabeth Borne – en mon for intérieur, je ne peux m’empêcher de la renommer « Emmanuelle Borne » tant je suis convaincu qu’elle ne sera qu’un courroie de transmission de Macron ! Mais évidemment, c’est encore trop tôt. En revanche, je tombe sur la une de Valeurs actuelles représentant Mélenchon avec, pour titre, « La menace islamo-gauchiste » ! Cette couvrante évoque aussi, dans un coin, la « désunion nationale » entre Le Pen et Zemmour… C’est drôle : quand la rédaction de ce torchon est mécontente, ça suffit à me remonter le moral !
16h : Enfin nanti du butin que je souhaitais collecter, je pose mes fesses et mes bagages au Béaj Kafé où j’ai rendez-vous dans deux heures et demie ; je mets cette attente à profit pour lire les Réflexions sur la guillotine d’Albert Camus car j’avais besoin de retrouver la fameuse citation :
« Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamné à mort : « Il va payer sa dette à la société », mais : « On va lui couper le cou. »
Le problème, c’est que cette formule (qui résume aussi bien l’engagement de l’auteur contre la peine capitale que sa méfiance envers les expressions euphémiques qui détournent le langage de la fonction révélatrice qui devrait être la sienne), ne figure PAS dans les Réflexions sur la guillotine ! Du coup, en lieu et place de cette citation trop célèbre, j’en utiliserai une autre, moins connue mais qui exprime exactement la même idée (quoique de manière à peine moins percutante) :
« Nous lisons ainsi, à l’heure du petit déjeuner, dans un coin du journal, que le condamné « a payé sa dette à la société », ou qu’il a « expié » ou que « à cinq heures, justice était faite ». (…) Nous étouffons sous des paroles feutrées un supplice dont on ne saurait affirmer la légitimité avant de l’avoir examinée dans sa réalité. »
Encore une idée reçue qui fiche le camp, mais ça n’enlève rien au plaisir que j’éprouve à chaque fois que lis Camus dont chaque écrit est un chef-d’œuvre de clairvoyance et de luminosité. Je ne peux que vous recommander de le lire et de le relire, y compris les Réflexions sur la guillotine qui restent en grande partie actuelles, tant il est vrai que la nostalgie de la peine de mort n’a pas totalement déserté la France, et puis vous y apprendrez plus de choses qu’en suivant Michel Onfray sur Twitter !
Mercredi 18 mai
14h : Je sors voir l’opticien ; j’espère qu’il n’y aura pas frais pour la petite réparation que je dois lui demander car j’ai rendez-vous chez l’ophtalmo dans deux semaines et ça m’ennuierait de payer pour des lunettes que je vais bientôt remplacer ! En attendant, je constate que les affiches pour les élections législatives commencent à apparaître ; dans ma circonscription, Marc Coatanéa est le « candidat officiel d’Emmanuel Macron » selon les termes de l’affiche sur laquelle il figure aux côtés du président de la République : cette photo me fait le même effet qu’un portrait du prince Albert de Monaco en compagnie de sa femme Charlène ! J’exagère à peine : entre l’ex-socialiste et son seigneur et maître, il y a presque le même contraste qu’entre le suppositoire en chef du Rocher et sa sirène ! De toute façon, j’espère qu’il va perdre car je ne lui pardonne pas d’avoir trahi le PS local et je ne tiens pas à offrir une majorité trop confortable à Macron – d’ailleurs j’aimerais autant ne pas lui offrir de majorité du tout !
» Dites donc, monsieur, vous pourriez regarder devant vous !
– Oh, ça va ! Si t’es pas content, t’as qu’à retourner dans ton pays !
– Dans mon pays, comme vous dites, monsieur, c’est la guerre, en ce moment !
– Et alors ? C’est toujours plus ou moins la guerre dans vos pays de sauvages ! Dire qu’on vous a laissé l’Algérie !
– L’Algérie ? Mais monsieur, je ne suis pas algérien, je suis ukrainien !
– Quoi ? Même en Ukraine, il y a des Arabes ? Ben ça m’étonne plus que Poutine veuille y faire le ménage ! »
15h : Si l’opticien est gratuit, de même que Côté Brest, je ne peux pas en dire autant des tapeurs… Alors que j’attends le tram, je crois reconnaître celui qui m’avait lancé ses malédictions la semaine dernière : soit il est peu physionomiste, soit il est hypocrite, toujours est-il qu’il semble ne pas me reconnaître et reprend son discours mielleux pour me demander des sous. Comme le tram n’arrive que dans cinq minutes, je n’ai pas d’excuse pour me tirer en courant, et comme je ne tiens pas à ce que ce tapeur me tape au sens propre, je m’en tire en lui glissant une pièce de vingt centimes dans sa grosse pogne contenant des pièces cuivrées : il ne peut rien me reprocher, je lui ai donné plus que les autres ! Mais je me demande si je ne devrais pas sortir avec un panneau précisant que je n’ai ni monnaie ni cigarette sur moi…
18h : Au cours du soir, nous avons un modèle vivant, une femme qui prend la pose affalée sur un pouf pendant trois quart d’heure – notre professeur n’est pas du genre à torturer les modèles en leur imposant des positions inconfortables quand ils doivent poser longtemps. Entre autres consignes, nous ne devons pas dessiner le pouf et il faut donner l’impression que le modèle flotte ; sur mon dessin, ce n’est pas flagrant : aussi ajouté-je un nuage contre lequel elle se cogne ! De quoi servir de base à un tableau où un ange percute un nuage… Les voies de la création sont parfois tortueuses pour ne pas dire… Franchement tartignoles !
10h : J’apprends que selon un sondage, les partisans de Macron seraient majoritaires en nombre de sièges mais devancés par la gauche au premier tour… Macron risque donc d’avoir du mal à obtenir une majorité absolue et tout espoir de voir la gauche rependre le pouvoir n’est pas perdu ! Si les Français se mobilisent et font montre de lucidité, Emmanuelle – pardon, pouf pouf – Elisabeth Borne ne restera pas première ministre longtemps… De toute façon, n’oublions pas d’appeler voter : il parait qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais si on laisse LREM vaincre sans péril, il n’y aura pas de triomphe pour la France et il n’y aura pas non plus de gloire pour Macron – qui n’en a d’ailleurs jamais eu.
13h30 : Bien décidé à profiter de l’absence de mes parents pour récupérer chez eux quelques livres que je compte essayer de revendre (ou, à défaut, donner à une bonne œuvre), j’attends la correspondance pour Guilers. Le soleil cogne et je ne trouve aucune ombre dans cette rue dégagée : ça me tape tellement sur les nerfs que je saute dans le premier véhicule qui me paraît familier ; inutile de faire durer le suspense, vous vous en doutez, je suis remonté machinalement dans le bus pour Lambé… Ma tête quand je m’en aperçois ! Agacé, je ne parviens pas à réprimer un hurlement de colère qui coupe net la conversation de quatre jeunes filles qui discutaient entre elles des épreuves du bec – je leur ai rendu service malgré elles car je sais d’expérience qu’il ne faut jamais faire ça si on tient à garder le moral en période d’examens. Bref, je descends à la première station, certes en me traitant de grand sot mais surtout en maugréant que ça n’arriverait pas s’il ne s’écoulait pas une demi-heure (au mieux) entre chaque bus desservant une commune périphérique…
19h30 : J’entreprends de mettre en vente quelques livres sur Rakuten, mais une chape de plomb me tombe dessus : ils ont changé le système de mise en vente ! Désormais, il faut impérativement rentrer une photo et une description du produit, même si un autre vendeur le propose déjà… Ils ont sacrifié leur système simple, efficace et fonctionnel au profit d’un dispositif lent, complexe et fastidieux ! Un non-sens absolu qui complique la vie des utilisateurs sans améliorer notablement la qualité du service : voilà qui illustre parfaitement ma théorie personnelle sur les changements de routine incessants qu’on nous impose, qui ne font que favoriser la fuite en avant pour mieux nous dispenser de travailler sérieusement à tout changement de fond… Plus ça change en surface, moins ça change en vrai !
Vendredi 20 mai
10h : Jour de marché. Non loin du stand de la fromagère, une femme, pieds nus et une bouteille à la main, apostrophe vivement les passants… La commerçante m’assure qu’elle n’est pas dangereuse : il n’empêche qu’il ne m’en faut pas davantage pour trembler de tout mon être ! Ce genre de rencontre est, hélas, de plus en plus monnaie courante : c’est là qu’on voit où mène l’abandon des familles et des services sociaux…
10h15 : Sur le marché, Reza Salami distribue des tracts pour les législatives : je le salue, il me reconnaît, me demande de mes nouvelles et m’offre même un totebag. J’avoue que je ne sais pas encore si je vais voter pour lui ou pour Pierre-Yves Cadalen dont je me sens plus proche sur le plan des idées ; mais voter LFI serait presque une trahison venant de moi : après tout, les gens du PS local ont été mes amis… Ont été, dis-je ? Ils le sont encore et le seront à jamais : l’amitié est pour moi au-dessus des questions partisanes… En tout cas, quand je croise, peu après, les macronistes qui font eux aussi du tractage, je les envoie paître, et là, ça ne me pose pas de problème moral !
11h30 : Me voici au centre commercial Le phare de l’Europe, plus précisément à Cultura, pour dépenser le bon d’achat de 30 euros que mon oncle m’a offert pour mon anniversaire : je me procure un carnet de croquis pour remplacer celui que j’ai perdu, quelques cartouches d’encre pour mon marqueur à pointe de pinceau et, surtout, La porte de l’univers, le dernier album du grand Goossens : il est préfacé par Edouard Baer ! Alors voilà : ça fait 45 ans que le génial Goossens fait plier de rire tous les gens de goût, et c’est seulement maintenant que les bateleurs médiatiques daignent s’intéresser à lui ! D’un autre côté, ça ne m’étonne pas que ce soit Edouard Baer qui s’y colle : je peux attester qu’il est d’une ouverture d’esprit et d’une curiosité intellectuelle qui ne caractérisent pas tous ses collègues. Je me souviendrai longtemps du jour où il était venu animer son émission en direct de Brest : j’avais brandi la caricature de lui que je venais de faire sur le vif, il m’a alors fait un signe m’enjoignant à m’approcher, et il m’a consacré trois minutes d’antenne… Mon premier passage sur une antenne nationale. Je jure que ce n’était absolument pas prévu ! Je ne pense pas qu’on puisse faire ça avec n’importe quel animateur d’une radio parisienne ! Bref : on dit que les grands esprits se rencontrent et Edouard Baer et Daniel Goossens le confirment !
18h : Conférence de Gilbert Elleouet, au cimetière de Lambézellec, sur Brest pendant la première guerre mondiale – le site s’y prête car c’est là qu’ont été enterrés les soldats américains morts de la grippe espagnole : comme c’est à deux pas de chez moi et que c’est une occasion de revoir mon copain pianiste Gildas Vijay Rousseau qui assure des intermèdes musicaux, je n’ai pas d’excuse pour ne pas venir, mais j’avoue que je n’apprends pas grand’ chose, mis à part quelques anecdotes qui pourront alimenter des colonnes dans Côté Brest quand je serai en mal d’inspiration. Ce n’est pas la faute de l’orateur ni des organisateurs, c’est juste qu’à force de creuser le sujet, je finis par presque tout savoir ; de toute façon, cet événement n’est pas destiné aux spécialistes dont je fais (quasiment) partie mais bien au grand public, comme en témoigne une question émanant de l’assistance : quand monsieur Elleouet a le malheur de désigner les marins envoyés retarder les Allemands à Dixmude par le surnom de « demoiselles à pompons rouges » dont on les affublait à l’époque, un auditeur trahit son ignorance en étant à deux doigts de demander si on engageait des jeunes filles en 1914 ! Pour ne rien arranger, les conditions ne sont pas idéales pour projeter un diaporama et on voit très mal les images censées illustrer le propos de l’orateur : une vieille dame assise derrière moi s’en plaint tellement que je finis par lui dire qu’entendre parler dans mon dos me met mal à l’aise ! Peu de temps après, elle s’en va, apparemment furieuse… Je ne saurai jamais si je l’ai vexée ou si elle en avait marre de s’abîmer les yeux ; dans tous les cas, quelle élégance !
21h : Il se fait déjà tard, mais j’entreprends tout de même à mettre mes livres en vente, désormais préparé mentalement à l’épreuve qu’on veut m’imposer : le site finit par me demander mon avis sur le nouveau système de mise en vente ! Ils voulaient mon avis ? Ils l’ont eu ! D’habitude, je ne réponds jamais à ce genre d’enquête, mais je suis tellement mécontent que je ne peux m’en empêcher, même si je me doute que ça ne servira à rien…
Samedi 21 mai
11h : Tout en mettant à jour mon blog et le présent journal, je décide d’écouter un peu de musique : et en fouillant parmi les CD que j’avais laissés devant ma chaîne hi-fi au lieu de les ranger dans leur étagère, qu’est-ce que je trouve entre deux disques ? Le carnet ce croquis que je croyais avoir perdu et dont j’ai déjà acheté un successeur ! Bon, le carnet neuf ne sera pas perdu, il sera utilisé tôt ou tard, mais tout de même, je puis affirmer que le seul recoin en désordre de mon appartement m’aura coûté cher !
13h30 : Visite surprise d’une de mes meilleures amies, de passage dans mon quartier : elle me parle, entre autres, d’une collègue de bureau qui va partir en fourgon jusqu’à Medyka, à la frontière de la Pologne et de l’Ukraine, pour y apporter des produits de première nécessité à destination de la nation martyre… Tous ces efforts en faveur d’un pays lâchement agressé sont on ne peut plus louables, mais j’aimerais quand même voir plus souvent mes compatriotes faire montre de la même générosité : il y a bien d’autres peuples qui souffrent et il est regrettable qu’on ait besoin d’avoir des images de leurs villes pilonnées pour daigner leur porter assistance… Quoi qu’il en soit, mon amie, qui doit participer en tant que chanteuse à un concert de solidarité au profit de la Croix-rouge, m’interprète l’une des chansons qu’elle envisage d’interpréter : je ne dirai pas de quoi il s’agit, pour laisser la surprise à celles et ceux qui auront la bonne idée de venir l’écouter, mais son interprétation au débotté m’arrache des larmes… C’est chouette, quand même, d’être ami avec des gens de talent ! Je n’échangerai pas un baril de mon amie chanteuse contre deux quintaux des cas sociaux qui me tiennent lieu de voisins ! Ni cent grammes de mon copain pianiste contre trois tonnelets des gamins qui piaillent sous ma fenêtre que j’ai le malheur de laisser ouverte…