Elle s’appelait Sarah
de Tatiana de Rosnay
Résumé du livreParis, mai 2002. Julia Jarmond, journaliste pour un magazine américain, est chargée de couvrir
la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv. Au cours de ses recherches, elle est confrontée au silence et à la honte qui entourent le sujet. Au fil des témoignages, elle découvre, avec horreur,
le calvaire des familles juives raflées, et en particulier celui de Sarah. Contre l'avis des siens, Julia décide d'enquêter sur le destin de la fillette et de son frère. Soixante ans après, cela
lui coûtera ce qu'elle a de plus cher. Paris, le 16 juillet 1942 : la rafle du Vel' d'Hiv'. La police française fait irruption dans un appartement du Marias. Le petit Michel, paniqué, se cache
dans un placard, et sa grande soeur Sarah, dix ans, l'enferme et emporte la clé en lui promettant de revenir. Mais elle est arrêté et emmenée avec ses parents.
Morceau choisi
'La petite fille ...' dit-il enfin en relevant la tête. Il parlait si bas quej'entendais à peine. 'Que savez-vous sur la petite
fille ?'
'C' est-à-dire ?' demandai-je, pétrifiée.
Quelque chose dans ses yeux et dans sa voix me glaçait d'effroi.
'La petite fille', répéta-t-il, d'une voix étrange et étouffée, 'Elle est revenue. Quelques semaines après notre emménagement. Elle est revenue rue de Saintonge.J'avais douze ans. Je
n'oublierai jamais. Je n'oublierai jamais Sarah Starzynski.'
Je le regardai se décomposer avec horreur. Des larmes se mirent à couler sur ses joues.J'étais incapable de parler. Je ne pouvais qu'attendre et l'écouter. Le beau-père arrogant avait
disparu.
J' avais quelqu'un d'autre devant moi. Quelqu'un qui portait un secret depuis bien des années. Depuis soixante ans.
- page : 203 - éditeur : Héloïse d’Ormesson -
date d'édition : 2007 -
Les critiques [evene] par Fanny
Dutriez‘Elle s'appelait Sarah’ fait partie de ces romans utiles, qui se font un devoir de perpétuer la mémoire.
D'ailleurs Tatiana de Rosnay l'a même inscrit sur la couverture 'Pour ne pas l'oublier’ tout simplement. Car la petite Sarah est une de ces enfants, qui en juillet 1942, ont été déportés lors
de la rafle du Vélodrome d'Hiver. Il ne fait rapidement aucun doute pour le lecteur que cette petite fille fictive n'est que le reflet de tous les enfants enfermés ce jour-là. Avec une justesse
poignante, Tatiana de Rosnay décrit les conditions d’enfermement, les sentiments confus d’une enfant que la vie confronte trop jeune à la violence des adultes. Il est difficile de ne pas se
passionner pour la quête de Sarah tant l’écriture de l’auteur suinte une farouche volonté de vivre.
Parallèlement au calvaire de cette enfant, on découvre la vie de Julia Jarmond, journaliste américaine à Paris qui, pour les besoins
d'un article, doit se renseigner sur ce funeste 16 juillet 1942. Elle découvre alors l’amnésie qui frappe la plupart des Français qu’elle rencontre. Cette héroïne moderne doit dans
un même temps surmonter les embûches de sa propre vie personnelle et semble se nourrir du courage de Sarah pour y parvenir.
Bien plus qu’un simple roman, ‘Elle s’appelait Sarah’ remet les pendules à l’heure et semble tirer une sonnette d’alarme : non, il ne faut ni minimiser, ni oublier un tel acte.
Avec ce livre, Tatiana de Rosnay émeut, enseigne et surtout rend un hommage poignant à ces familles décimées du jour au lendemain. Un livre à faire lire aux plus jeunes pour qu'ils puissent à
leur tour savoir ce qui s'est passé et surtout, ne pas oublier.
J'ai pleuré. Peu de livres ont eu ce pouvoir. J'aurais pu m'appeler Sarah ...
Oui. Que personne n'oublie jamais !
Et sur la Terre cultivons la paix
Pour tous ces enfants innocents,
Ceux du passé, ceux du présent,
Qui n'ont rien demandé à personne
Ceux qui naîtront à l'avenir
Qui n'auront pas demandé à venir
Et qui subiront la folie des hommes.