Matin mollasson…

C’est un matin sans conséquence, un matin de rien, de ces heures sans grâce qui s’égrènent parce qu’il le faut bien, c’est un matin paresseux, sans envergure ni quelque ambition susceptible de lui donner des couleurs.

Ce matin là ne quitte pas son pyjama, il flemmarde et remet à demain ce qu’il pourrait faire aujourd’hui, il ouvre à peine ses volets sur un ciel chargé et bientôt prêt à pleurer sur cette drôle de journée… La nature à peine réveillée semble elle aussi faire la grasse matinée, à quoi bon puisque le soleil lui-même ne s’est pas encore levé… Les feuilles frémissent sans conviction, les fleurs se recroquevillent en peine de lumière, les oiseaux se taisent désespérément pour ne pas troubler le silence tout de fraîcheur vêtu.

Rien ne bouge, rien ne se passe, c’est décidément un matin presque chagrin, qui n’a envie de rien, récalcitrant en l’envi, boudant le moindre sourire, coupable d’une mauvaise volonté étonnante quand on sait combien il pourrait pourtant être prometteur !

Ce matin devrait bien, cependant, cacher en son sein un ou deux bons côtés ? En cherchant bien, il est propice à l’écoute d’un morceau de Chopin, une nocturne pour ne pas d’emblée le contrarier, en insistant un peu, on pourrait envisager quelque partition plus enlevée, comme le Premier Concerto pour violon de Max Bruch

puis la « Marche de la poupée de chiffon » de Claude Debussy ferait l’affaire avec ses petits pas sautillants

et terminer par Tchaikovsky avec sa Russian Dance Trepak

qui en ferait une matinée pleine d’entrain ! Il ne faut parfois pas grand chose pour transformer ce genre de matin pas folichon en un ravissement de chacun de ses instants ! Le constat est fait, au fil des notes et de bon gré, ce fichu matin devient enfin plus fréquentable, quand je vous dis qu’il faut parfois bousculer gentiment ce qui semble définitivement campé , on n’est jamais à l’abri d’améliorer son quotidien…