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Hôpital : Urgences – Chantages et péripéties…

Publié le 10 juin 2022 par Georgezeter
Hôpital : Urgences – Chantages et péripéties…

Admis le 30 mai aux urgences d'un l'hôpital parisien, tout ça à cause de ma satanée hernie discale qui me torture depuis deux mois. Dès l'entrée, il a fallu rapidement me faire un nom, et si vous suivez mes conseils vous aurez toutes vos chances d'être vraiment écouté, soigner et non pas drogué jusqu'aux yeux : Il faut que le corps médical se souvienne de vous, vous remarque et en bien, vous devez sortir du lot ! Ma technique ? Un mélange de plaisanteries qui détendent, de savoirs sur mon état et de demandes qui tiennent la route. Un conseil, ne rien avaler avant de savoir ce que l'on vous envoi dans le gosier. Ici, c'est morphine en pilules et Tramadol par poignées : ça permet aux malades de supporter sa douleur, de roupiller et de la boucler. NE SURTOUT PAS ROUPILLER, car, entre les soignants qui ont comme consigne de vous renvoyer at home fissa et ainsi libérer du terrain et vous, qui voulez obtenir un lit dans le service de rhumato, le combat est ouvert... Je l'ai mené 27 heures durant cette bataille sans fermer l'œil ! Mon but ? D'abord que je passe un scanner, puis une IRM, puis me faire hospitaliser... Pour la première manche je n'ai pas attendu longtemps, mais concernant l'IRM, ce fut un suspense digne d'Hitchcock. - " Oui, vous le passerez cet après-midi " - " Oui vous le passerez cette nuit " - " Oui-oui demain matin ", pour finalement me faire savoir qu'il y avait tellement de monde en attente et que ce que j'avais n'était pas prioritaire, et avec une bonne ordonnance d'antidouleurs et autres antiinflammatoires, il fallait penser à faire mon bagage et libérer le brancard. SAUF, qu'ils ne connaissaient pas l'oiseau. Calmement bien dans les yeux je leur dis tranquillement et fermement " docteur, il faudra me porter dehors, et là je resterai couché sur le trottoir " L'est resté coi le carabin n'en croyant pas son stéthoscope. " Ah bon vous le prenez comme ça, du chantage ?, je vais appeler la sécurité " - " Faites, faites docteur ! " Et c'est ainsi, suite à cet échange que j'ai pu voir une certaine agitation au fond de la salle des urgences, puis un aéropage de cinq neurologues venir m'examiner, et tenter de me convaincre de partir. Je vous le dis, dans la vie ce qui paye c'est faire montre d'une détermination d'acier ! Je vous passe tous les conciliabules et autres billevesées pour que la voie vers l'IRM s'ouvre. Une attende d'une heure et MIRACLE, le service de rhumatologie m'accueille, dans une chambre particulière, claire et propre.

Quatre jours passent, RIEN ! Sauf qu'on me bourre de morphine en gélules et que mon esprit pédale dans la purée. Je suis constipé pas possible et commence à être beaucoup moins souriant. Alors, ça repart pour le round 2.

Le cinquième matin je refuse toutes les drogues et demande à parler avec le chirurgien afin de savoir si je dois être réopéré ou non ? J'ai un mal de chien et refuse tout médicament et traitement. Une fois de plus la manière forte va payer. Le soir, j'ai l'onctueuse visite de l'artiste qui me dit qu'il ne m'opérera pas, qu'il faut me montrer raisonnable et blablas. C'est un long weekend et je le sens agacé de le mettre en retard pour aller s'entasser sur l'autoroute vers la Normandie et son voilier.

Ne baissant pas la garde je demande des infiltrations dans le rachi lombaire afin de soulager mes douleurs. C'est encore non, car ayant reçu déjà ce traitement quinze jours avant. Sans me démonter je dis au docteur, " alors qu'allez-vous faire, car il est hors de question que je sorte d'ici avec seulement une ordonnance sparadraps sur une jambe de bois " s'en suit un dialogue assez long où le praticien sent de plus en plus ma détermination, et où bien sûr je sais lui rappeler sur le ton de la blague comment je suis arrivé dans son service. Ayant potassé sur internet je suggère de tenter une injection dans le hiatus lombaire ; Et le lendemain, bingo ! J'ai gain de cause. Vous dire que c'est plaisant qu'une longue aiguille s'enfonce proche du coccyx, serait vous mentir, mais bon... A la guerre comme à la guerre.

Deux jours plus tard, bancal et muni d'une ordonnance légère, je m'installe dans le TGV pour aller en Bretagne me reposer : kenavo !

Si je n'avais pas été si déterminé et user de procédés maître chanteur, en faisant planer des menaces, bien sûr sans énervement, calmement et posément, je serais aujourd'hui toujours au fond de mon lit à souffrir et à me bourrer de drogues. Qu'en penser ?

Que nous avons affaire à une médecine distributrice de médocs, que le stylo des médecins est tenu par Big Pharma, et du fait de la désorganisation des services médicaux, les personnels et à tous niveaux, écopent avec une cuiller à thé une barque où les flots entre à gros bouillons. Depuis bien longtemps les services d'urgences sont dans une spirale d'une mission impossible. J'ai vu durant un jour et demi, combien ces pauvres, ambulanciers, brancardiers, femmes de ménage, aides-soignants, infirmiers, radiologues, médecins, spécialistes se démenaient comme dans le film " On achève bien les chevaux " : Une sarabande d'une valse sans fin jusqu'à l'épuisement final, ou pardon, burn out ! Chaque jour on ne sait comment toute cette population droguée, déprimée, souffrante est drainée vers ces urgences bouée à la mer. J'y ai vu aussi un manque total d'humanité, où des agents disputent des vieilles femmes un peu folles, surtout une, à coté de mon brancard. Cette dame passait d'une conversation structurée, à des gémissements et des pleurs, alors, trois costauds de la psychiatrie sont venus et lui ont administré du Xanax...J'ai pourtant dit au médecin de ne pas faire ça, car cette pauvre dame était maltraitée dans sa maison de retraite et en se faisant envoyer aux urgences c'était pour elle une " sortie "...Je lui ai dit qu'elle pleurait car elle était simplement triste et malheureuse ; que nenni, le seule réflexion fut : " Arrêtez d'ennuyer tout le monde. " A 83 ans cette pauvre dame dérangeait donc le service...Je lui ai tenu la main pour qu'elle s'endorme. Autour, il y avait des hommes qui erraient sans savoir où ils étaient, parlant seul, le regard perdu, des mamies gémissantes et un ou deux bébés hurleurs. J'ai eu le sentiment pendant 27 heures d'être dans le livre de Nikolaï Gogol : " Le journal d'un fou ".

Il faut accepter que rien ne soit parfait, alors, Mille mercis à vous corps médical de m'avoir entendu, écouté et soigné. J'avance presque sans béquille, sans cane, j'ai la vie devant moi car je marche. MERCI, je peux retrouver ma femme et ma vie !


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