1941 – Vichy – Jeune-France

Publié le 21 juillet 2022 par Perceval

Lancelot retrouve à Vichy un climat accentué de rumeurs et d'intrigues, avec un sentiment de découragement des uns et des autres. L'un évoque un front qui se détourne de l'Angleterre pour se tourner vers l'URSS : et donc, la guerre promet d'être longue... L'autre, dénonce ici un jeu vain, digne d'une cour de l'ancien régime, alors que tout se décide à Paris, par les occupants.

Depuis le 11 août 1941, et le discours ''autoritaire'' de Pétain: " ... je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais ", avec Pucheu au ministère de l'intérieur, on assiste à un durcissement politique: à la suspension des partis dont le PPF, l'élimination des francs-maçons de la Fonction publique, la mise en jugement des responsables présumés de la défaite et l'institution du serment de fidélité envers le Chef de l'État.

Déjà Lancelot regrettait que, l'état français se soit à tel point compromis, avec le statut des juifs ; d'autant qu'il n'est pas clair de discerner ce qui est libre et ce qui est imposé. " On me dira : il a été contraint de le promulguer. Soit. C'est donc qu'il n'est pas souverain. " ajoute Gabriel Marcel.

Lancelot retrouve Gustave Bertrand pour établir son rapport destiné à Vichy avec des demi-vérités. Bertrand est contrarié, il vient d'apprendre que Vichy lui ordonne de couper ses liens avec les britanniques.

Lancelot devait être reçu par la général Huntziger, mais il est absent, le ministre serait à Alger. Lancelot ne souhaitant pas s'attarder à Vichy, le secrétaire d'État à la jeunesse, Jérôme Carcopino, qui le connaît lui propose de partir pour Lyon, ...

Le secrétariat d'État à l'Éducation nationale et à la Jeunesse de Jérôme Carcopino dépend du ministère de la Guerre. Carcopino, agrégé d'histoire, est un universitaire, romaniste, pétri de culture classique et favorable à une pédagogie élitiste sur le modèle de l'école des Roches.

Dans la continuité de ce qui peut se faire à Uriage, où on garde en mémoire la réussite de ses ateliers radio, Lancelot est invité à se rendre à Lyon pour participer à '' Jeune France'' et accompagner Jean de Fabrègues. Il rencontre Pierre Schaeffer, le secrétaire général de l'association et se réjouit de travailler avec Emmanuel Mounier.

Pour le dépôt de son rapport, Carcopino lui conseille d'éviter le secrétaire général du chef de l'état, et lui obtient une entrevue avec le Vice-Amiral Jean Fernet : anti-allemand, il est très lié avec Maxime Weygand. Lors de cette entrevue, Lancelot comprend qu'il a tout intérêt à faire oublier cette parenthèse britannique, et retourne vers le chantier ''capital'' de la jeunesse...

Vichy a créé le Secrétariat général à la Jeunesse ( SGJ) avec l'idée de constituer une jeunesse ''relais'', relais entre le gouvernement et l'opinion. Les ''Compagnons de France '' sont fondés en août 40, ils reçoivent 50% des subventions du SGJ et sont organisés dans un style scout, en '' provinces, pays, commanderies, bailliages et cités''. Sous la figure du Maréchal, l'idéologie oscille entre '' personnalisme communautaire, rejet du capitalisme, humanisme laïc et pratiques autoritaires''. La SGJ encourage également la création culturelle de '' Jeune France''

Lyon est la principale ville de la zone libre, mais n'a pas été choisie par le nouveau régime pour s'y réfugier, ne lui étant pas favorable. En juillet 1941, Georges Villiers vient d'être désigné maire de la ville par François Darlan, le chef du gouvernement de Vichy.

L'état-major national des '' Compagnons '' se trouve à Lyon, rue Garibaldi, avec à sa tête le commandant de Tournemire. Le chef de la province lyonnaise est alors Pierre de Chevigny. Ils endossent un peu le rôle de chefs de la jeunesse française ; et la conviction de Pierre de Chevigny est d'échapper à une tentative d'unification des mouvements de jeunesse en Europe, sous influence allemande.

Dans tous les centres Compagnon, on abrite de jeunes évadés du nord, des juifs. On abrite du matériel militaire et on aide à franchir la ligne de démarcation...

André NOEL, chef de commanderie, est arrêté par les allemands, et fusillé le 28 novembre 1941.

Par ailleurs, tous les compagnons ne répondent pas aux attentes de leurs chefs ; le recrutement insuffisant, la moralité et l'attitude scandaleuses de certains jeunes vont décrédibiliser le mouvement.

L'association '' Jeune-France'' reprend une idée ancienne et s'inscrit dans la continuité de l'émission " Radio-Jeunesse " diffusée en zone libre ...Elle assure, dans le domaine artistique, une mission comparable à celle que jouent les Compagnons de France en matière pré-professionnelle ou les Chantiers de Jeunesse en matière de loisirs. Elle veut être un lieu de recherche artistique et un soutien à des créateurs.

''Jeune France'' connaît un certain succès, naviguant entre les manifestations officielles et des initiatives populaires, musicales et théâtrales.